Pour
la semaine du 23 au 30 AVRIL, nous avions tout prévu, tout programmé,
vous nous connaissez: rationnels comme nous sommes! Les cartons s'empilent
allègrement avec, selon les destinations, garage rue Michel Colombe,
garage boulevard Pasteur, Camarel, Nantes...plus le tas informe et toujours
renouvelé devant la maison, destiné à la décharge.
Gérard propose régulièrement d'y aller pour le faire
baisser. (je le soupçonne d'avoir trouver là une échappatoire...promenade
d'agrément en quelque sorte) pour échapper à l'ambiance:
"je mets ça où?, je jette?, je donne?, quelle caisse?, on
garde? ...". "Oh et puis jette...je ne sais plus!".
Arrivés donc au JEUDI 23 AVRIL
La maison est bien "rognée" de son aménagement.
Nous avons rendez-vous le vendredi 24 à 9h30 pour sortir le bateau
de l'eau (carénage de printemps avant le départ). Celui-ci
était d'abord prévu le week-end du 16 avril avec enfants
et copains, mais le temps exécrable nous a fait reculer d'une semaine.
Hors donc, le VENDREDI 24 AVRIL au matin, Gérard
apprend que le chantier nous a oubliés! pas de grue! pas de carénage!
désarroi...changement de cap. Nous rentrons à Saint-Brieuc
et décidons de "terminer" la maison pour le dimanche soir. Ce qui
sera fait (cf l'ambiance plus haut avec le ménage en plus.... tout
ce que j'aime...) ....
LUNDI
27 AVRIL après-midi,
Entre deux averses, on fait un toilettage du jardin avec
Laurent Brouard. (Le marronnier se fait tondre bien ras!!!). Nous sommes
devenus les "SDF" du Bd Pasteur. Pour les papiers administratifs, nous
nous cognons aujourd'hui aux bureaux fermés! Où avions nous
la tête?
Mais le MARDI 28 AVRIL, ça marche! Sécurité
sociale, banques, PTT, changement d'adresse, agence immobilière...ça
turbine.
Le
chantier a gruté le bateau tout seul et l'a nettoyé. (On
a gagné ça). Rendez-vous est pris avec le chantier mercredi
matin. Dernier convoi pour Camarel ce soir. On y dîne avec Papy et
Françoise. Nous rentrons ensuite à Paimpol pour dormir: SURPRISE!!
il est accrocé à la grue à deux mètres au-dessus
du sol...sans échelle. Retour à Camarel pour dormir.
Le matin du MERCREDI 29 AVRIL
Pluie...déprime. On gratte quelques cloques sur
la coque, on est mouillé...le bonheur des retraités quoi.
Vers 14 H ca se dégage; 0n attaque la peinture:
On appose d'abord un rouge fraise écrasée...Plus on avance,
plus ça devient framboise, puis fuchsia, puis rose, mauve. Très
moderne quoi! Il manque quelques touches de vert et de jaune pour faire
un Nicolas de Staël.
Gérard
s'éclate l'oeil droit avec une goutte de peinture très nocive.
(les lunettes protectrices, neuves, sont restées dans l'emballage.
Pour ne pas les abîmer, n'est ce pas?). Du coup, choucroute de poisson
au Repaire de Kerroch pour nous consoler. Moi, ça va, je me console
bien.
JEUDI 30 AVRIL
Le chantier doit nous descendre d'un mètre. Nous
passons la deuxième couche l'après-midi. A 18h30 tout est
terminé. Les rouges, sang, rose, fuchsia, aubergine, framboise et
fraise sont censés donner, en séchant, un ravissant rouge
marron. En principe, il faut attendre trois jours avant la mise à
l'eau. Nos nantais devaient embarquer ce soir pour une belle sortie...qui
est tombée à l'eau. Le vent souffle assez fort nord nord-est.
Ce serait une bonne météo de départ pour le sud, si
elle voulait bien s'installer durablement jusqu'à l'ascension. Cette
nuit, nous ne sommes pas très rassurés dans notre bateau
posé sur des tréteaux à deux mètres de hauteur,
et non amarré. Mais ça tient.
Matin gris ,VENDREDI 1er MAI
Je suis en retraite depuis ce matin. Pour les jaloux,
je précise qu'en avril j'étais en vacances!
Avec tout ça, je ne sais plus trop comment je
vis la situation. Nous avons été tellement occupés
depuis début avril que le départ de la maison s'est passé
en douceur, finalement. Je ne dis pas ne pas avoir eu un pincement au cúur
en refermant la porte derrière moi, mais ç'a été
moins pire que je ne le pensais, soulagée d'en avoir terminé.!
L'éloignement et le détachement par rapport
aux choses se font lentement, disons deux ans depuis que nous avons décidés
de partir. Le début est un peu angoissant, mais je crois que c'est
l'ampleur de la tâche qui angoisse le plus: l'aspect monstrueusement
compliqué du tri à faire dans tous les objets ou meubles
qui nous entourent...et qu'on ne voit souvent plus d'ailleurs! Quand on
sait qu'il faut trier, on les voit d'un úil neuf, ils reprennent
de la valeur, les souvenirs et émotions remontent à la surface
et c'est là qu'il ne faut pas se laisser submerger et oser jeter.
Une fois qu'on l'a fait, on a une impression de salubrité quelque
part, parce que, franchement, le vieux moulin à légumes qui
sert une fois l'an, qu'en avions nous besoin pour encombrer la cave?
Peut-être
vais-je devenir plus rationnelle et jeteuse maintenant , Mais entendons
nous bien, j'ai quand même gardé chez Marie quelques caisses
de "Nounours" dénommés ainsi, mais contenant toutes sortes
de petits objets cultes ou souvenirs que nous redécouvrirons plus
tard, comme dans un grenier de grands-parents, Il en faut, n'est-ce pas?
Tout est casé, répertorié, numéroté...
question objets, le boulot est fait., MAIS les 3 M³de trucs entassés
à Camarel et sensés entrer dans le bateau!!! Tissus - vêtements
- vaisselle (encore) livres... Il y a un sérieux tri à faire....diviser
l'ensemble du tas par deux sans doute. Comment déterminer le nombre
de tee-shirts, pantalons, à prendre? on ne peut comparer aux 15
jours de vacances...comment vivra t'on là-bas? Agnès Delbart
me dit "tu prends tout et tu distribueras au Cap Vert ou au Brésil"
mais où les caser en attendant , déchirant, non? Que de soucis,
ma pauv'dame! Je sens que vous allez pleurer, alors, j'arrête.
Dernier
problème à assumer; l'avitaillement. J'empile les listes
suggestives tirées de bouquins de voyageurs ou de conversations
avec les Delbart... J'ai déjà les seaux qui ferment bien
( merci le CROUS! ), mais en quantité, on va y aller au feeling!
Pour terminer ce journal -1 je reviens en arrière,
au mercredi 22 avril: expédition Fièvre Jaune à Brest.
Nous passerons sur la piqûre ( 1 de plus, on est de vraies passoires
) pas plus douloureuse que les autres, nous passerons aussi sur les modalités
d'accueil, toutes militaires, (bien que ce soit la Marine) On
paie d'abord à l'accueil...,on fait la queue ensuite. C'est effarant
le nombre de civils à se faire vacciner contre la Fièvre
Jaune...qui, en principe, ne sévit que dans le Nord de l'Amérique
du Sud (Venezuela, Guyane), enfin bon... passons aussi sur les prédictions
de François "4 jours malade à crever grâce à
ce vaccin...."
Non, je vous le dis chers amis. si un jour il vous prend
l'envie de partir sous les tropiques...faîtes comme nous: décidez-vous
les yeux fermés. Préparer tout pour larguer les amarres et
ENSUITE allez à Brest....là on tombe sur des brochures qui
vous annoncent les pires bestioles volantes, rampantes, piquantes et suçantes
à vous glacer le sang. C'est simple, ON N'A PLUS ENVIE DE PARTIR.......Si
on avait encore une maison et pas un aussi beau bateau, j'hésiterais,
c'est dire! *
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