LA GAZETTE DE L'A.R.B
Anyvonne Restaurant Bar
 
Le départ -Le journal de bord
N°-1 - Mai 1998
Pour la semaine du 23 au 30 AVRIL, nous avions tout prévu, tout programmé, vous nous connaissez: rationnels comme nous sommes! Les cartons s'empilent allègrement avec, selon les destinations, garage rue Michel Colombe, garage boulevard Pasteur, Camarel, Nantes...plus le tas informe et toujours renouvelé devant la maison, destiné à la décharge. Gérard propose régulièrement d'y aller pour le faire baisser. (je le soupçonne d'avoir trouver là une échappatoire...promenade d'agrément en quelque sorte) pour échapper à l'ambiance: "je mets ça où?, je jette?, je donne?, quelle caisse?, on garde? ...". "Oh et puis jette...je ne sais plus!".

Arrivés donc au JEUDI 23 AVRIL
La maison est bien "rognée" de son aménagement. Nous avons rendez-vous le vendredi 24 à 9h30 pour sortir le bateau de l'eau (carénage de printemps avant le départ). Celui-ci était d'abord prévu le week-end du 16 avril avec enfants et copains, mais le temps exécrable nous a fait reculer d'une semaine.

Hors donc, le VENDREDI 24 AVRIL au matin, Gérard apprend que le chantier nous a oubliés! pas de grue! pas de carénage! désarroi...changement de cap. Nous rentrons à Saint-Brieuc et décidons de "terminer" la maison pour le dimanche soir. Ce qui sera fait (cf l'ambiance plus haut avec le ménage en plus.... tout ce que j'aime...) ....

LUNDI 27 AVRIL après-midi,
Entre deux averses, on fait un toilettage du jardin avec Laurent Brouard. (Le marronnier se fait tondre bien ras!!!). Nous sommes devenus les "SDF" du Bd Pasteur. Pour les papiers administratifs, nous nous cognons aujourd'hui aux bureaux fermés! Où avions nous la tête?

Mais le MARDI 28 AVRIL, ça marche! Sécurité sociale, banques, PTT, changement d'adresse, agence immobilière...ça turbine.
Le chantier a gruté le bateau tout seul et l'a nettoyé. (On a gagné ça). Rendez-vous est pris avec le chantier mercredi matin. Dernier convoi pour Camarel ce soir. On y dîne avec Papy et Françoise. Nous rentrons ensuite à Paimpol pour dormir: SURPRISE!! il est accrocé à la grue à deux mètres au-dessus du sol...sans échelle. Retour à Camarel pour dormir.

Le matin du MERCREDI 29 AVRIL
Pluie...déprime. On gratte quelques cloques sur la coque, on est mouillé...le bonheur des retraités quoi.
Vers 14 H ca se dégage; 0n attaque la peinture: On appose d'abord un rouge fraise écrasée...Plus on avance, plus ça devient framboise, puis fuchsia, puis rose, mauve. Très moderne quoi! Il manque quelques touches de vert et de jaune pour faire un Nicolas de Staël.
Gérard s'éclate l'oeil droit avec une goutte de peinture très nocive. (les lunettes protectrices, neuves, sont restées dans l'emballage. Pour ne pas les abîmer, n'est ce pas?). Du coup, choucroute de poisson au Repaire de Kerroch pour nous consoler. Moi, ça va, je me console bien.

JEUDI 30 AVRIL
Le chantier doit nous descendre d'un mètre. Nous passons la deuxième couche l'après-midi. A 18h30 tout est terminé. Les rouges, sang, rose, fuchsia, aubergine, framboise et fraise sont censés donner, en séchant, un ravissant rouge marron. En principe, il faut attendre trois jours avant la mise à l'eau. Nos nantais devaient embarquer ce soir pour une belle sortie...qui est tombée à l'eau. Le vent souffle assez fort nord nord-est. Ce serait une bonne météo de départ pour le sud, si elle voulait bien s'installer durablement jusqu'à l'ascension. Cette nuit, nous ne sommes pas très rassurés dans notre bateau posé sur des tréteaux à deux mètres de hauteur, et non amarré. Mais ça tient.
 

Matin gris ,VENDREDI 1er MAI
Je suis en retraite depuis ce matin. Pour les jaloux, je précise qu'en avril j'étais en vacances!
Avec tout ça, je ne sais plus trop comment je vis la situation. Nous avons été tellement occupés depuis début avril que le départ de la maison s'est passé en douceur, finalement. Je ne dis pas ne pas avoir eu un pincement au cúur en refermant la porte derrière moi, mais ç'a été moins pire que je ne le pensais, soulagée d'en avoir terminé.!

L'éloignement et le détachement par rapport aux choses se font lentement, disons deux ans depuis que nous avons décidés de partir. Le début est un peu angoissant, mais je crois que c'est l'ampleur de la tâche qui angoisse le plus: l'aspect monstrueusement compliqué du tri à faire dans tous les objets ou meubles qui nous entourent...et qu'on ne voit souvent plus d'ailleurs! Quand on sait qu'il faut trier, on les voit d'un úil neuf, ils reprennent de la valeur, les souvenirs et émotions remontent à la surface et c'est là qu'il ne faut pas se laisser submerger et oser jeter. Une fois qu'on l'a fait, on a une impression de salubrité quelque part, parce que, franchement, le vieux moulin à légumes qui sert une fois l'an, qu'en avions nous besoin pour encombrer la cave?
Peut-être vais-je devenir plus rationnelle et jeteuse maintenant , Mais entendons nous bien, j'ai quand même gardé chez Marie quelques caisses de "Nounours" dénommés ainsi, mais contenant toutes sortes de petits objets cultes ou souvenirs que nous redécouvrirons plus tard, comme dans un grenier de grands-parents, Il en faut, n'est-ce pas?

Tout est casé, répertorié, numéroté... question objets, le boulot est fait., MAIS les 3 M³de trucs entassés à Camarel et sensés entrer dans le bateau!!! Tissus - vêtements - vaisselle (encore) livres... Il y a un sérieux tri à faire....diviser l'ensemble du tas par deux sans doute. Comment déterminer le nombre de tee-shirts, pantalons, à prendre? on ne peut comparer aux 15 jours de vacances...comment vivra t'on là-bas? Agnès Delbart me dit "tu prends tout et tu distribueras au Cap Vert ou au Brésil" mais où les caser en attendant , déchirant, non? Que de soucis, ma pauv'dame! Je sens que vous allez pleurer, alors, j'arrête.
 

Dernier problème à assumer; l'avitaillement. J'empile les listes suggestives tirées de bouquins de voyageurs ou de conversations avec les Delbart... J'ai déjà les seaux qui ferment bien ( merci le CROUS! ), mais en quantité, on va y aller au feeling!

Pour terminer ce journal -1 je reviens en arrière, au mercredi 22 avril: expédition Fièvre Jaune à Brest. Nous passerons sur la piqûre ( 1 de plus, on est de vraies passoires ) pas plus douloureuse que les autres, nous passerons aussi sur les modalités d'accueil, toutes militaires, (bien que ce soit la Marine) On paie d'abord à l'accueil...,on fait la queue ensuite. C'est effarant le nombre de civils à se faire vacciner contre la Fièvre Jaune...qui, en principe, ne sévit que dans le Nord de l'Amérique du Sud (Venezuela, Guyane), enfin bon... passons aussi sur les prédictions de François "4 jours malade à crever grâce à ce vaccin...."
Non, je vous le dis chers amis. si un jour il vous prend l'envie de partir sous les tropiques...faîtes comme nous: décidez-vous les yeux fermés. Préparer tout pour larguer les amarres et ENSUITE allez à Brest....là on tombe sur des brochures qui vous annoncent les pires bestioles volantes, rampantes, piquantes et suçantes à vous glacer le sang. C'est simple, ON N'A PLUS ENVIE DE PARTIR.......Si on avait encore une maison et pas un aussi beau bateau, j'hésiterais, c'est dire! *
 


 
 
 
 
 
 
*P.S. N'empêche, j'ai acheté par correspondance pour 1 000F de moustiquaires, produits en tout genre pour la peau, les vêtements, les moustiquaires, les appareils diffuseurs.... le tout pour 6 mois....contre ces satanés moustiques.