LA GAZETTE DE L'A.R.B
Anyvonne Restaurant Bar
 
Le Venezuela - Les rendez vous venezueliens
N°12 - Juin 2000
« Mañana » (demain... plus tard... )
Tout le monde vous le dira, l'heure qu'il est n'a aucune importance pour un Vénézuélien. Sauf si c'est l'heure de fermer sa boutique. Et l'heure des rendez vous qu'ils donnent n'a aucune fiabilité. Les milieux d'affaires, lassés de perdre des opportunités dans le contexte international, sont réputés être en train de s'améliorer sur ce point. Répandre ce type de légende ne serait  que méchanceté d'Européen ? J'ai bien dû constater le contraire. Et plusieurs fois. 
L'exemple le plus frappant : Celui de Pedro
En arrivant à Mérida, nous passons un coup de téléphone à Pedro que nous avions rencontrés à El Faro. Enthousiaste le Pedro, de nous savoir ici. S'enquiert de notre hôtel et nous y donne rendez vous pour ce soir. Il passera nous chercher avec sa fiancée et nous irons manger ensemble. A 20 heures. "Heure vénézuélienne" précise-t-il. Manque d'à propos, je ne lui demande pas ce que ça veut dire et nous raccrochons.
A 20 heures, nous sommes tous les 6 installés dans le salon de hôtel à attendre notre Pedro. 
20 heures 30, personne. 20 heures 45, toujours rien.
Nous laissons un message pour Pedro au concierge de hôtel, en lui communiquant le nom d'un restaurant que nous avons trouvé dans le guide et nous nous y rendons.
Nous mangeons calmement et à la fin du repas nous n'avons toujours pas eu de nouvelles de notre Pedro.
Vers 22 heures 30 nous sortons du restaurant (qui est d'ailleurs en train de fermer) et à peine dans la rue, nous voyons arriver sur nous une sorte de Jeep au toit chargé de VTT's et pleine de jeunes gens qui hurlent comme un seul homme: GERARDO! GERARDO !.
Coup de frein le long du trottoir, et une horde de cycliste boueux gicle du véhicule. Dont Pedro qui vient chaleureusement nous faire l'accolade et s'enquérir de nos nouvelles.
Nous lui demandons, un peu sèchement tout de même « d'où ils viennent à cette heure? » .
- "De faire une ballade à vélo en montagne et puis un petit tour des bistrots, en revenant. D'ailleurs nous sommes passés à hôtel qui nous a indiqué votre restau, et nous voilà. On peut se voir demain? Ou après demain ?...
Jamais il ne serait venu à l'esprit de Pedro de s'excuser pour un rendez vous manqué.
Et je ne pense pas non plus qu'il se soit fichu de nous. Seulement depuis ce matin, il est passé de l'eau sous les ponts et c'est comme ça. Sans méchanceté ni malice.
D'ailleurs ce soir là, les invitations pleuvaient. De Pedro, mais aussi d'un de ses copains, qui avait un oncle qui avait vécu en France et qui voulait nous voir. Demain, la semaine prochaine...
Même sans rancune, nos emplois du temps ne le permettront pas. Dommage. Et curieux aussi.
Mais il faut faire avec. Et surtout s'en méfier. Dans tous les sens. Même les horaires de départ des avions peuvent en être affectés.
Une autre histoire qui parait inimaginable en Europe:
Francis et Anne Marie qui rentrent en France, vont prendre à Puerto la Cruz leur avion pour Caracas.
Arrivés largement en avance à l'aéroport, ils enregistrent leurs bagages pour le vol réservé puis, munis de leur carte d'embarquement, ils vont boire un café au bar, l'esprit en paix. Un quart d'heure avant le départ de leur vol, ils se rapprochent de la porte d'embarquement et s'étonnent de la trouver déserte. Vient à passer l'hôtesse  qui tout à l'heure les a enregistrés et qui s'étonne, encore plus qu'eux, de les trouver là.
" - Mais que faites vous là ? Votre avion est parti depuis un bon quart d'heure!!!... 
- Une demi heure avant l'heure prévue ?.
- Ben oui. Mais comme tout le monde avait enregistré, on a appelé (en espagnol, bien sûr) et le pilote a voulu partir.
Vos bagages ?. Ben ils ont dû partir aussi."
Et l'hôtesse de se décarcasser pour leur trouver une place sur le premier vol au départ. Sur une autre compagnie évidemment. A Caracas le personnel local, prévenu, mettra leurs bagages de côté et ils les retrouveront très facilement. Heureusement que leur correspondance à Caracas était large.