LA GAZETTE DE L'A.R.B
Anyvonne Restaurant Bar
 
Le Brésil - La vie sociale
N°8 - Juillet 1999
Etats d'âme

Notre vie sociale s'enrichit tous les jours.... Nous sommes à chaque fois heureux et émerveillés de voir venir à nous d'autres équipages à notre arrivée dans un mouillage. 
Si nous devons prendre l'initiative, c'est moins rapide.... Notre caractère de bretons renfermés (au premier abord...) n'aide pas vraiment. C'est vrai, on ne saute pas au cou des gens dès le premier jour. On fait le tri, on scrute, on étudie, et l'occasion passe. Enfin, malgré ce que dit Gérard avec "désespoir", nous  commençons à nous améliorer.
Nous profitons de tout  prétexte valable: demande de renseignements sur le coin, les achats, le pain, la sécurité, l'atterrissage  ou la sécurité de l'annexe. C'est sûr, on y arrivera aussi, on se soigne!

Un gros problème s'ajoute à cela: le barrage de la langue. Des équipages allemands ou brésiliens nous intéressent-ils? Il faut encore qu'ils parlent anglais, sinon français....
Hormis avec les français (évidemment...) nous arrivons à communiquer avec les gens qui parlent anglais et/ou portugais et/ou espagnol et/ou français. Le mieux, c'est un peu de tout ça en même temps.....Une langue vient au secours de l'autre, en cas de déficience....C'est comme ça que nous communiquons avec Jorge et Maria Clara, les Argentins de Camamu.
Nous pouvons dialoguer un peu en portugais avec les Brésiliens (surtout Gérard), de choses simples; surtout quand ils veulent bien parler doucement.
Alors, conseil d'amis: Si vous devez venir en Amérique du sud pour un certain temps, apprenez une des deux langues: espagnol ou portugais. Peut être surtout l'espagnol. Sinon vous passerez à côté de beaucoup de choses. Les habitants parlent rarement anglais et l'intégration ici (à Camamu par exemple) est enrichissante voire passionnante.

Des rencontres malgré tout

Les rencontres à Salvador ont comme d'habitude été soit rapides, soit suivies.

Rapides avec 

GALAPIAT

Sympathique famille de Clermont Ferrand avec deux filles. Ils ont construit leur 12 mètres en acier dans le massif central et ont pris une année sabbatique. Nous avons passé une soirée de carnaval ensemble. Ils remontent maintenant pour retraverser vers la France. Envieux de ceux qui continuent. On les comprends, la reprise sera douloureuse.... Bon Courage!!!!

ANABE 

Avec Annaick et Benoît. Ils ont réparé à Aratu les dégâts causés au bateau par les baleines de l'Atlantique. Ils sont repartis d'attaque pour la Guyane, talonnés par le temps que leur laisse leur année sabbatique et aussi par un rendez vous avec leurs parents... Un contact radio nous a permis d'apprendre qu'avant Natal, deux orques étaient venus doucement se frotter à leur  bateau. Une de chaque coté.... Emotion, photo et adrénaline....Et puis qu'ensuite, il leur avait fallu plonger une nuit, pour couper l'orin d'un casier qui s'était pris d'amour pour leur safran... Comme dit le proverbe arabe :" Point ne suffit de la compétence, il est aussi très bien d'avoir un peu de chance!!!"

Plus suivies, avec 

Martial sur CAPITAINE ULYSSE. Martial a trouvé un équilibre de vie, pour sa quarantaine épanouie. Six mois sur douze (d'avril à septembre), il tient un pub en Corrèze. En septembre, il ferme et part rejoindre son Trisbal 45 en alu de 14 m. là où il l'a laissé. Il navigue en solitaire depuis plus de 20 ans et nous n'arrivons pas à déterminer combien de tours du monde il a fait...Au détour d'une phrase, et sans spécialement de fierté mal placée, il parle négligemment de pacifique, du canada, de la Patagonie, de l'Alaska, de la côte Est des US, de l'océan indien.... Des îles malouines où il a laissé une fois son bateau sur un dock flottant rescapé de la guerre pour rentrer ouvrir son pub...

NOMANIE

Dériveur (je crois) en alu de 36 pieds. Jacques et Nicole, vaillants quinquagénaires concarnois ont emprunté ce bateau à un de leurs amis pour lui faire une sorte de convoyage de Natal à Salvador. Ils sont accompagnés de Pauline et Marcel, deux Québécois de Gaspésie et seront rejoints à Salvador par Aline, jeune chercheur belge en bio-quelque chose. 
Ah Jacques, tes caïpi...caïpipi... caïpiri.... caïpirinhas sont inoubliables....Et puis Jacques, il a toujours de la glace à bord, lui!!! Avouons que nos meilleurs souvenirs avec NOMANIE sont de l'ordre de la bouffe... Bien sûr on s'est échangé des cartes et des tuyaux de navigation, mais bien plus de recettes encore. (les filets de cabillaud à la Gaspésienne par exemple)
Nous avons tout de même découvert avec eux l'existence de la Gaspésie. Où c'est que c'est que ça? Ahurissement de nos canadiens:...Ignares que nous sommes: C'est une péninsule du Québec, entre le St Laurent et la baie des Chaleurs. (Faut bien être vantard quand même, pour appeler une baie comme ça dans ce pays gelé...). Ils y sont retournés maintenant, heureux de retrouver des saisons, la neige et le ski...Ils font deux mois de bateau par ans, loin de chez eux et ont leur propre bateau sur le St Laurent.
Jacques et Nicole aussi sont repartis en France, laissant le bateau de leur ami à Aratu. Ce dernier doit le retrouver en juin. - Pour ce faire ils ont du affronter un vrai labyrinthe juridico-administratif. Quinze jours de tractations pour pouvoir laisser le bateau seul au Brésil, sans qu'il soit saisi...La solution qui a été trouvée a été de déclarer que ce bateau servait au Brésil à faire de la recherche scientifique....Le n'importequoitisme à tous les niveaux....Il vaut mieux éviter de se frotter aux règlements brésiliens si on sort un peu du milieu de la route.... -  Ils sont en retraite eux aussi, ont un bateau qui est en ce moment au Canada et ils repartent naviguer et se promener tous les deux mois. Leur prochain objectif est de ramener leur bateau aux USA. La belle vie quoi....
Aline, leur jeune amie belge, était venue se reposer deux semaines sous le soleil brésilien. Je crois qu'elle est repartie dans son labo bruxellois la tête pleine des rêves générés par les récits de voyage dont Martial nous abreuvait.....