LA GAZETTE DE L'A.R.B
Anyvonne Restaurant Bar
 
Le Brésil (II) - Le journal de bord
N°9 - Octobre 1999

 
 
Introduction

"Si pierre qui roule n'amasse pas mousse, bateau qui ne navigue pas tend à prendre racine..."

Nous sommes dans la deuxième quinzaine d'Avril 1999 et cela va faire quasiment 3 mois que nous sommes à Salvador. Nous ne nous lassons pas, mais il va bien falloir reprendre le voyage et le temps va commencer à presser.
Les enfants doivent venir nous rejoindre au Venezuela en Juillet / Août. Il faut donc que nous y soyons dans deux mois et demi. Et la route est longue, de l'ordre de 2500 milles. Un peu plus que la traversée de l'atlantique. 
Et puis aussi, on n'en a pas vraiment fini avec le Brésil. On aimerait bien en voir encore quelques aspects: Recife. Natal peut être, sûrement Fernando de Noronha. Et aussi quelques mouillages sympas entre ces grandes étapes. Après, il faudra encore passer par Fortaleza pour faire les formalités de sortie du pays. 
Oh et puis on a aussi un peu envie d'aller voir à quoi ressemble la jungle amazonienne, en Guyane Française.
Et oui, nous n'aurons pas le temps de remonter un peu la vraie amazone, jusqu'à Belem, ni de faire le tour de l'île de Marajo (qui est la plus grande île fluviale du monde). Naviguer sur l'Amazone ne peut se faire que de jour, au moteur et selon les courants. On ne peut donc naviguer que quelques heures par jour. Belem se trouve à environ 130 milles en amont dans l'amazone et rien que l'aller retour demande 3 à 4 jours. Y aller n'aurait de sens que si nous consentions à y consacrer 2 à 3 semaines. Le tour de l'île de Marajo prend lui un bon petit mois, alors à oublier ou à reporter à notre prochain passage. Nous devrons donc nous contenter de la Guyane.
Nous espérons ainsi être à "Trinidad et Tobago" avant le 15 juillet, soit après un petit mois de navigation et autant d'escales diverses. Si si, je sais encore compter, ce qui dépasse c'est pour la sécurité! 

Faux départ et déboires mécaniques

"...et un bateau ne se laisse jamais facilement arracher à ses racines...."

Or donc, le dimanche 17 Avril nous quittons le ponton de Salvador en fin de matinée. 
A peine tourné le quai de la marina , on entend un grand bruit dans les fonds. 
Il n'y a rien à talonner ici pourtant. Une épave aurait elle poussé au cours de la nuit??? Aurait on raté un AVURNAV???
Echange de regards dans l'équipage.... Anyvonne annonce prudemment qu'elle croit que peut être, elle aurait vu un peu bouger le bout de relevage de la dérive....
Vérification: Le bout de relevage ne relève effectivement plus rien du tout!!
Irritation mal contenue du Capitaine et re-mouillage immédiat dans le port, près du fort Sao Marcello.
Après déshabillage et ouverture du puits de dérive, on voit la dérive en position basse, qui retient la poulie de relevage, l'empêchant de sombrer dans les fonds marins. Cette dernière repose au fond du puits, sans doute depuis que son axe en Ertalon l'a quittée. (On n'en retrouve trace nulle part.)
Donc programme: 
1 - Trouver un moyen de remonter la dérive en position haute,
2 - Faire tourner un axe, (en inox cette fois),
3 - Faire ré-usiner un peu la poulie dont la gorge ressemble au bord d'une crêpe bretonne,
4 - Remonter, repartir.
Et là, le carré se transforme en un intérieur de moulin à vent qui servirait de base de départ à une équipe de plongeurs sous marins. Des poulies et des bouts forment une toile d'araignée du sol au plafond. (En fait, trois palans à la queue leu leu, pour remonter la dérive de l'intérieur). Gérard n'arrête pas de plonger et de revenir pour décoincer des bouts et pour récupérer ce qui tombe dans le puits. Et pendant ce temps, le clapot dans le port amène quelques fois le puits ouvert à déborder.
Enfin, en milieu d'après midi la dérive est relevée. Cela permet de s'apercevoir que le trou prévu dans les joues du puits, pour sortir l'axe de la poulie de relevage n'est pas en face des trous de fixation de ladite poulie. La conséquence en est qu'il faudra arrêter le nouvel axe par une soudure et donc qu'en plus d'un tourneur, il faudra trouver un soudeur.
De toutes façons, c'est dimanche et ça nous laisse le temps d'aller au ponton raconter nos malheurs aux copains, qui sont bien surpris de nous voir revenus si vite.
Le lundi, on cherche et trouve, à une dizaine de kilomètres, un tourneur qui se fera un plaisir de nous faire le travail pour 15 heures. On revient à 16 heures pour prendre livraison. Mais le travail ne sera terminé que vers 20 heures, et à condition que nous restions en permanence devant le tour, pour que l'homme de l'art ne se mette pas à faire autre chose.
Enfin, le mardi, le palan est remonté et fonctionne. Il ne reste plus qu'à trouver un soudeur pour arrêter l'axe. Au moins 5 minutes de travail. Du mouillage, nous revenons au ponton pour faciliter la venue d'un ouvrier et aussi pour disposer de l'électricité nécessaire aux réparations.
Pas facile de trouver un soudeur.Dans la soirée, Gérard rencontre un marin qui attend pour le surlendemain la venue d'un spécialiste à son bord 
-« Pour le surlendemain???? »
-« Oui, parce que demain, c'est je ne sais trop quelle fête, mais c'est sûr, c'est férié ». Et chômé. 
Encore un numéro spécial de l'ARB à envisager: « jours fériés dans les différents pays traversés ».
Attente du surlendemain et retour dans les restos et troquets de Salvador.
Et le surlendemain arrive. L'homme du métier aussi. Enfin presque, parce que celui ci ne fait que de la soudure à l'étain et pas du tout à l'arc.
Et ça, ça ne va pas!!!
Re-recherche donc et chance! Un soudeur à l'arc arrive au bateau à 14h30. Il en repart lesté de 50 réals (NDLR: 300 F), à 14h40, soudure faite. C'est la belle vie. Le puits de dérive est refermé et l'intérieur du carré remonté et remis en ordre avant le soir.

"A équipage déterminé, adversité ne saurait résister." (Proverbe russe - attribué à Stakhanov.)

Il reste à refaire un complément de vivres, un complément d'achats divers, un complément d'adieux et nous re-serons prêts à partir.
Le Vendredi 23 Avril nous quittons Salvador en fin de matinée, (après nous être arrêtés sur le catamaran "deux pieds" qui était mouillé dans la rade, pour y  déguster avec Magui et Philippe, quelques Caïpirinhas et absorber un rapide déjeuner pour étancher tout ça) C'est donc en fin de matinée (vers 16 heures 30) que nous partons vraiment.
Après ce que nous avons dit plus haut, vous comprendrez que nous sommes pressés!
Et la remontée commence. Sur le plan navigation, il y aura peu de choses à en dire, sinon qu'elle se déroulera assez près des côtes brésiliennes et que la veille devra y être plus vigilante qu'au large pour cause de trafic marchand assez important et d'activités de pêche intenses et mal éclairées. Mais nous serons amenés à y revenir. 

Ce seront donc encore quelques étapes Brésiliennes, qui contribueront à renforcer notre souhait d'y revenir un jour....

Dernières étapes brésiliennes

I- Maceio (sous la plage, les pavés du Iate Club...). 

Nous y arriverons le dimanche 24 Avril à la nuit tombée, après être passés, nostalgiques, devant la Barra de Sao Miguel dont on nous a dit le plus grand bien comme mouillage, mais aussi toutes les horreurs sur les bateaux en visite, qui ont terminé là leur voyage en tentant la passe dans la barrière de corail.
L'entrée de nuit à Maceio est assez facile. On mouille sur ancre au fond du port, devant une plage et la flottille de pêche. A côté de nous, trois voiliers locaux qui ont leurs quartiers ici témoignent de la présence à Maceio, d'un vrai "Iate Club".
Et heureusement qu'il y a un Iate Club.!!! L'arrivée en annexe, sur une plage super crado, au pied d'une favela plutôt inquiétante (pour l'annexe et pour nous même) n'est pas vraiment rassurante. Heureusement, il y a la grande grille d'accès au Iate Club, qu'on vient nous ouvrir après force bruits et un bon secouage de ladite grille. On rentre donc l'annexe (un souci de moins.) et on découvre au fond d'un jardin: des douches , un bar et quelques yachtmen locaux en train de jouer aux cartes. Peu loquaces, mais polis.
"O présidente da Fédéracao de Iates dos Alagoas", qui se trouve là, nous souhaite la bienvenue et nous indique que si on désire aller à la Barra de Sao Miguel, on pourra trouver ici un guide très "séguro", Roberto, qui nous permettra de revenir avec notre bateau intact. Nous irons donc à Sao Miguel.
Auparavant, nous jetterons un oeil sur Maceio, capitale de l'Etat des Alagoas, le plus petit du Brésil, dont est issu le président Color. Une ville de grandes plages abritées derrière une barrière de corail et sans autre intérêt particulier. Cette structure de plages immenses derrière une barrière de corail sera celle de toute la côte Brésilienne, au Nord de Maceio et jusqu'à Fortaleza. Plus au nord encore ce sera l'Amazone.

II- La Barra de Sao Miguel ( le repos des audacieux )

Nous irons là bas avec Roberto, notre guide. Après avoir consulté l'annuaire des marées, nous avons pris rendez vous pour le lendemain matin à 9 heures. (Pour garder toutes ses chances, il faut franchir la barre à mi-marée montante, quand on voit encore les extrémités de la passe et qu'on a déjà suffisamment d'eau sous le bateau). Il arrive ponctuel et accompagné de Sidnei, un de ses amis qui est aussi candidat au départ sur un voilier, mais qui nous explique qu'il n'a pas encore le voilier et qu'il ne sait pas non plus faire de la voile. Mais ça viendra.
La ballade de quelques 18 milles est agréable et si Sidnei ne quitte guère le balcon avant, apparemment fasciné par la mer, nous discutons pas mal avec Roberto. Il est retraité de la Royale d'ici et est propriétaire d'un  joli petit voilier, à côté duquel nous avons mouillé en arrivant à Maceio. Il vient fréquemment à Sao Miguel, nous parle des régates auxquelles il participe entre Maceio et Recife ou Fernando de Noronha et semble être un voileux bien compétent. Ca tombe bien, car le passage de la barra est plutôt spectaculaire. Vent arrière avec une mer bien formée qui déferle sur la barrière mais aussi dans la passe. Passe dont on ne voit d'ailleurs plus très bien les extrémités. On les devine plutôt, là où Roberto me les montre. Environ 25 à 30 mètres de large, maximum. Mais il faut y croire! Et on passe.
Seul, je n'aurais sûrement pas osé. Pourtant j'ai les cartes et des croquis, mais il n'y a aucun alignement connu. (Roberto me dira plus tard que lui, il en a un d'alignement entre le phare et un rocher sur la montagne). Au passage, le sondeur marque 2.50 mètres!
A l'intérieur, c'est très calme, plus profond, même si le chenal n'est pas très large le long de l'intérieur de la barrière. Le bonheur. Après quelques détours à travers des bancs de sable qui occupent l'essentiel de l'intérieur de la baie, nous mouillons devant un petit village, super protégé derrière une langue de sable blanc.
Notre guide repart à Maceio en car. Nous lui téléphonerons quand nous voudrons ressortir.
Nous resterons quatre jours dans ce havre de paix. Gérard s'exerce à l'aquarelle (de mieux en mieux.). Anyvonne récolte des étoiles de mer à marée basse et les fait sécher sur le pont. On découvre aussi un restaurant, où manger des poissons et fruits de mer délicieux.
Roberto reviendra nous chercher, toujours accompagné de Sidnei qui aura cette fois amené sa femme Neia. Repassage de la barre, voiles au près serré  et moteur. Venant de l'intérieur, c'est toujours aussi impressionnant. D'ailleurs, au beau milieu de la passe je vois soudain surgir une tête de corail. Je m'en ouvre à mon pilote, qui me rassure: mais non, ce n'est pas le milieu de la passe! C'en est l'extrémité nord. Si nous la serrons de si près, c'est parce qu'au sud de la passe, il y a des têtes de corail vers lesquelles le vent nous pousse et que nous ne voyons plus. Enfin, c'est passé, encore une fois. Je pense qu'après encore un ou deux essais accompagné, j'aurais trouvé le courage de le tenter tout seul.
Retour donc vers Maceio. Conversation tourdumondiste avec nos hôtes, en anglais et portugais. Suffisamment pour nous parler de leur envie de départ. Ils vont sérieusement se mettre à apprendre la voile, disent ils.
Il fait déjà nuit quand nous entrons dans le port de Maceio. Neia est assise sur le balcon avant et se met tout à coup à gesticuler et à crier "HA UN BARQUINHO ADELANTE!!!"
Grand coup de barre à droite de Roberto et immédiatement, nous apercevons, défilant sur bâbord à deux ou trois mètres de nous, une jangada minuscule avec dessus un pêcheur plus noir que la nuit. Hurlements de Roberto qui suggère au pêcheur d'aller pêcher ailleurs et que dans le chenal il pourrait au moins s'éclairer. Signes d'impuissance et de résignation de l'autre qui doit rêver la nuit du moment où il aura assez de dineiros pour se payer une lanterne. Enfin, merci Neia. Encore une catastrophe évitée.
Le lendemain, une matinée d'avitaillement, de banque, d'essais infructueux de téléphone et nous partons pour une nuit de navigation côtière vers Maragogi et Santo Aleixo. 

III- Maragogi et Santo Aleixo 

Maragogi

C'est un village de pêcheurs et de tourisme abrité derrière une barrière dont la passe est cette fois assez large, mais dont nous n'avons pas de carte précise. 
A la vue des déferlantes sur les coraux, l'alignement dont nous a parlé Roberto est sûrement faux et c'est donc avec encore un peu d'adrénaline que nous payons notre entrée. Le village est sympathique, mais la houle passe par dessus la barrière à marée haute et le clapot nous agite d'importance. On restera dormir là quand même, mais nous quitterons l'endroit sans regret à l'aube avec le retour des pêcheurs. Nous avons prévu de nous arrêter à Santo Aleixo.

Santo Aleixo (l'île des patates sautées....) 

C'est une des très rares îles de cette côte. Elle est privée et mon guide montre le croquis d'un mouillage possible à l'ouest, par 2m d'eau à l'extérieur d'une zone encombrée de têtes « ou patates » de corail. On ne va pas rater ça.
En fait, et exactement à l'endroit recommandé par le guide, ça déferle un maximum sur les têtes qui ont dû pousser là depuis. On cherche un peu autour et vlan! le safran babord talonne sur une patate. Adrénaline. Nous sommes passés, et là nous sommes sur un petit patch de sable avec peu moins de 1.80  mètre d'eau. A marée basse, vers 2 heures du matin, il devrait rester à peine un mètre avec du corail partout autour.
Gérard part discuter avec des pêcheurs qui nettoient leurs filets sur la plage. Ils lui indiquent la passe, entre une balise sommaire et une perche de mouillage (ou de casier???). Un coup d'oeil avec le masque: c'est bien une perche de mouillage, avec comme lest, un bloc moteur au bout d'un morceau d'aussière tout usé.
A la nuit tombée, mais à marée haute on décide de tenter de prendre le corps mort que Gérard à vérifié. Vu la multitude de têtes de corail qui nous entoure, on craint un peu la manoeuvre. On décide malgré tout de lâcher la proie pour l'ombre et on remonte l'ancre pour se laisser dériver  vers la perche du mouillage, moteur au ralenti. Elle se distingue juste sous notre vent, à environ 25 mètres , mais aussi à  30 mètres au vent de la barrière sur laquelle on voit déferler la houle du large. Il s'agit de ne pas rater l'objectif. On l'attrape du premier coup. 2;50 mètres d'eau, sur fond de sable. Il devrait rester 1.50 mètre à basse mer. Ouf! On ne talonnera pas sur le corail cette nuit.
Le lendemain le bateau d'intendance de l'île (Une grosse barque rouge pompier ) revient de terre avec l'avitaillement de la troupe de gardiens. Avec force sourires et pouces en l'air, ils nous font signe que tout va bien, et que nous pouvons conserver leur mouillage. Eux, ils vont jeter leur ancre juste devant la plage.
Nous débarquons pour les saluer. Ce sont les gardiens-jardiniers-pêcheurs de l'île. Il semblerait que le propriétaire soit un impresario qui habite à Recife. 
Nous aurons le droit de faire le tour de l'île à pied par les plages et les rochers. Nous le ferons en un peu moins d'une heure, en ayant de temps en temps un point de vue sur l'intérieur, qui laisse alors découvrir un très beau jardin tropical.
Au retour nous achèterons à nos hôtes deux poissons qui finiront naturellement au BBQ.
Le lendemain, nous repartirons sans encombre par la passe et sur le cap donné par les pêcheurs.
Il reste de cette expérience, que Santo Aleixo est un excellent mouillage, pour un seul bateau qui ne possède pas plus d'1.50 mètre de tirant d'eau. Qu'il est possible d'utiliser un corps mort, qui est maintenant d'assez bonne qualité, depuis que Gérard en a doublé le bout, avec une vieille aussière...

IV- Récife ( Bonne renommée vaut mieux que ceinture dorée...) 

8 heures de moteur pour atteindre le vendredi 7 mai en fin d'après midi ce port dont on nous a dit le pire du point de vue sécurité. Vols, attaques, crimes. Radio-ponton ne manque pas d'informations. Une fois de plus, nous suivrons donc prudemment notre feeling.
Passé le phare, nous longeons l'intérieur d'une longue digue bâtie sur la barrière de corail. (Récife tire son nom de celle-ci) Après les bassins du port de commerce, nous apercevons quelques voiliers mouillés sur des corps morts, devant des baraquements isolés bâtis sur la digue elle même, au milieu de rien. Les jumelles nous apprennent que se trouvent là: le "Iate Club del Pernambuco" ainsi que le restaurant "A Casa de Banho". 
Voila donc l'endroit qu'on nous avait décrit comme "non convenable" à Salvador. 
Situé juste en face de la ville dont il est seulement séparé par les 200 mètres de largeur du port à cet endroit, ce mouillage nous plaît bien. De plus, un jeune homme qui traverse sur un curieux petit cata à moteur, équipé de beaucoup de sièges, nous invite par signes à utiliser un des corps morts libres. Pourquoi pas! D'ailleurs au milieu de quelques voiliers locaux, deux voiliers de passage, (français donc) sont mouillés ainsi.

Un Iate Club d'exception.
Nous débarquons au Iate Club vers 18 heures, pour nous enquérir des ressources de l'endroit et des charges afférentes. Et là s'accomplit un miracle d'accueil chaleureux et de gentillesse. Christina et Armando, les gérants associés du restaurant nous dirigent vers une table "ouverte" par Jaime qui est le mari de Christina et un membre dirigeant du Yate Club. Nous trouvons là deux jeunes voileux français dont le bateau est au mouillage ainsi que quelques hôtes Brésiliens. Nous sommes conviés avec conviction à nous asseoir et à goûter les spécialités brésiliennes du restaurant, qui défilent accompagnées de force bières jusque vers 22 heures. Nous nous souviendrons d'une conversation fort animée, mélange d'anglais et de portugais, mais pas de son contenu.
Enfin si, nous apprendrons ainsi que tout est gratuit. Du mouillage aux douches, en passant par une navette permanente avec le quai en face et la ville (c'est le drôle de cata cité plus haut). Que la table de ce soir nous est offerte, car le premier jour de restaurant est gratuit aussi. (En fait, nous nous apercevrons que Jaime tient tous les vendredis soir une table ouverte à pas mal d'invités et aux voileux de passage, dont il couvre les frais).
Nous resterons une dizaine de jours dans cet endroit surprenant, mouillés dans l'eau la plus repoussante que nous ayons vue depuis notre départ (Tous les égouts de Récife défilent autour de nous, mais la perfection n'est pas de ce monde.). 
Si vous tenez au style Marina, en poussant plus loin dans le port, vous en trouvez une, avec gardiens et tout, mais sûrement moins sympa et beaucoup moins commode. Mais comme on nous avait dit à Salvador:  « beaucoup plus convenable .

Une vieille ville qui se réhabilite...
La vieille ville sur "l'Ilha de Recife" est en fait le site du port de commerce et industriel originel. On y trouve beaucoup d'entrepôts désaffectés. Pas mal de maisons et de petits immeubles qui ont dû être assez jolis du temps où ils étaient les sièges d'armateurs et de gros négociants du sucre. Une sorte de tour-monument assez curieux, en cours de rénovation, se nomme bizarrement la "Torre de Malakoff" . Nous n'en connaissons pas l'origine et elle n'apparaît que sur les cartes marines comme amer remarquable!!! 
Tout cela est en cours de réhabilitation à vocation culturelle et touristique. Une rue en particulier est réhabilitée avec force évocation de l'époque où l'endroit devait être une forme de ghetto juif.
L'ensemble est plutôt chebran, avec terrasses et musique ao vivo dans la rue. Pas mal d'étals de colifichets, mais aussi d'artistes locaux. Nous visiterons une exposition de photographie cubaine très intéressante. Et puis nous dînerons sur une terrasse, juste en face du tour de chant d'un jeune carioca tout à fait agréable à entendre. 
Enfin, un peu de culture!! Ca fait du bien de temps en temps.
Pas très loin du centre ville, on trouve une réalisation étonnante et assez réussie: La vieille prison de Récife est un grand bâtiment de 4 ailes perpendiculaires, dont chacune abrite 3 étages de cellules desservies par des escaliers et des galeries en fer. Elle a été rénovée et transformée en marché artisanal. Chaque cellule est un stand particulier et on trouve des vendeurs de tissus, de cuir, de bijoux,  et de tous les colifichets classiques. Le marché lui même n'est pas particulièrement intéressant, mais l'architecture est étonnante et assez belle. 

A Recife, nous visiterons aussi Olinda. C'est historiquement le premier point de peuplement de Récife. Bâtie sur les hauteurs d'une charmante colline, c'est une jolie ville coloniale avec ses grandes maisons peintes et sa "foultitude" d'églises et d'autres bâtiments religieux... Le style est très baroque et l'orientation actuelle très touristique: Une « place du Tertre » , avec étals de souvenirs et de tee shirts "made in china" Mais à l'heure où nous y sommes, il y a très peu de touristes et tout est très calme et paisible. Un bon souvenir.

Caruaru et Alto de Moura. 
Caruaru est un centre important de fabrication d'artisanat qu'on peut rejoindre depuis Recife, au prix de deux heures  de bus très climatisé. On peut y acheter des tissages et tissus si l'on y vient le jour du marché. (Le mardi, et pas le mercredi comme l'indique notre guide. Merci Lonely Planet). D'autant que le reste de la ville n'est pas génial. 
Alors, on pousse plus loin, en bus local, jusqu'à Alto de Moura. Là, c'est la Mecque de la fabrication artistique et artisanale de figurines de terre pour toute l'Amérique du sud. (dixit Lonely Planet). On se trouve ainsi déposé par une charmante Brésilienne (qui trouvait que l'on avait attendu le bus assez longtemps et allait travailler en voiture au centre de santé local) au milieu d'un village de western. L'unique rue est écrasée de soleil, sans arbre et bordée de petites maisons-ateliers-expositions. On les fera toutes pour commencer à distinguer les productions réellement raffinées et originales d'autres beaucoup plus grossières et triviales. 
Quelques achats pour de futurs cadeaux et attente du bus de retour, à la terrasse d'une buvette dont nous sommes les seuls clients. Etonnée de nous voir nous asseoir là, la vieille dame qui tient la buvette vient timidement offrir un superbe plat en terre à une Anyvonne stupéfaite. On trouve dans nos sacs quelques jolis stylos à offrir en échange, et c'est un grand moment d'émotion que nous n'avions pas prévu.
Lassés d'attendre le bus, nous hélons un 4x4 qui passe, est déjà bourré de monde et se révèle être un aluguer. Nous serons à l'heure à Caruaru pour reprendre notre bus pour Récife, puis le métro jusqu'au port où nous retrouvons notre bateau vers 20h30. 

V- Fernando de Noronha

C'est un archipel d'origine volcanique dans lequel nous arrivons à la nuit tombée, le mardi 18 mai après 3 jours de navigation sans histoire depuis Récife.
Et la nuit est noire!!
Aidés par le radar, quelques feux de bateaux au mouillage et un bon projecteur, nous progressons prudemment dans une baie large mais assez encombrée de bateaux. La baie est encore plus encombrée là  où ça ne roule pas, et est à l'abri d'une pointe de corail. Mais enfin, ça y est, à 22 heures nous sommes mouillés, plutôt au calme et apparemment assez à l'écart de tout corps flottant étranger. 
Le matin nous révélera une île au relief abrupt, baignée d'eaux claires et chaudes. Nos premières eaux claires depuis le Cap Vert!! 
Nous en profiterons pour plonger un peu et nettoyer les dessous de Getaway. Pas de doute, il va falloir songer à caréner. Je suis un peu déçu, l'antifouling n'aura pas tenu un an! Moi qui en espérais deux ou trois. On verra ça à la fin de l'été au Venezuela, mais en attendant, il faudra nettoyer.
Autour de nous: 3 ou 4 voiliers de passage, pas mal de bateaux de pêche et puis beaucoup de bateaux d'excursion, de plongée et de pêche au gros. Pas de doute, le tourisme a pris possession de l'île.
L'ensemble de l'archipel regroupant 21 îles ou îlots est très riche en faune aquatique. En particulier, beaucoup de dauphins et de tortues. Tout cela a été mis à l'abri des promoteurs en étant déclaré Parc National en 1988 et même le tourisme parait assez encadré et sa croissance contrôlée.
Nous sommes mouillés à l'abri de la seule grande île de l'archipel. Là où se trouvent toutes les ressources: deux épiceries, la poste, un loueur de véhicules et une cabine téléphonique (d'où on ne peut passer des appels internationaux qu'en P.C.V..). Quelques pousadas et restaurants. Généralement assez rustiques.
On nous avait parlé de la difficulté et du coût des formalités ici. En fait l'entrée officielle se fait en 10 minutes dans une guérite de 2 mètres sur 2 ouverte à l'entrée du port, où l'on ne souhaite voir que nos passeports. Et c'est gratuit.
Juste en face de la guérite se trouvent: la cabine téléphonique et l'unique bâtiment du port qui abrite le bistrot-garage-centre de plongée.
50 mètres plus loin, surplombant la mer, un bar-restaurant dont nous aurons du mal à saisir les horaires et le menu.
Pour le reste, le village (Vila dos Remedios) se trouve à portée de marche (ou de stop) et nous pouvons y faire un avitaillement un peu cher, mais suffisant. Les produits frais sont livrés ici une fois par semaine.
l'île se visite dans la journée, à moto où en voiture 4x4. Une seule route et pas mal de chemins ou pistes. Nous le ferons à moto.
Pour ce qui est de voir la faune marine, nous espérions beaucoup mais nous ne verrons pas de tortues. Seuls les dauphins viendront nous faire leurs civilités au moment du départ. Si on avait passé là deux bonnes semaines, comme il se doit, on aurait sans doute vu plus d'animaux. Mais nous sommes pressés et le mardi 25 mai au matin, nous repartons pour Fortaleza.

VI - Fortaleza

Tout d'abord, 3 jours de mer vers Fortaleza. (et des rencontres attachantes...).
Nous goûtons pleinement les joies du courant Sud équatorial qui nous gratifie gentiment de 3 noeuds supplémentaires sur notre route vers l'Ouest. Le deuxième jour nous ferons ainsi 180 milles avec un vent arrière raisonnable: 4,5 noeuds sur l'eau, 7,5 sur le fond. Le pied. Finalement, la traversée ne prendra guère plus de 48 heures, et nous espérons être à Fortaleza jeudi au petit matin.
Hélas, hélas. Comme on dit, « une course n'est jamais gagnée qu'après l'arrivée ».
Grosse frayeur
A 4 heures du matin, alors que nous sommes à environ 20 milles de Fortaleza, nous traversons une flottille de petits bateaux de pêche repérables à leurs feux vacillants dans un rayon d'un à deux milles autour de nous. 
Soudain, le bateau s'arrête: 0 noeud au loch, 0 noeud au GPS!!! Et le vent qui souffle comme un fou de l'arrière dans des voiles bien gonflées!!!. QUE SE PASSE-T-IL???
Un coup d'oeil à l'arrière et le diagnostic est clair: Pas de sillage mais 1 perche et 3 gros flotteurs qui ont leurs bouts emmêlés avec nos safrans!!! 
Cette superbe ancre nous arrête et nous maintient l'arrière dans le clapot qui commence à se lever, car le vent forcit doucement. 
Gérard coupe un bout et la perche s'éloigne, mais rien d'autre ne change. Une toile d'araignée de bouts et de gros flotteurs nous retient toujours . Il  veut plonger illico, mais Anyvonne le convainc d'attendre le lever du jour pour y voir un peu clair..
Vers 5 heures 30 l'obscurité s'éclaircit un peu et après avoir mis le moteur en marche au cas où, Gérard se met à l'eau avec palmes, masque et tuba. Il coupe tout ce qu'il trouve. Un par un les flotteurs s éloignent et les safrans se libèrent. Satisfait il plonge un dernier coup pour vérifier: Il reste bien encore un morceau de bout coincé mais le bateau est bien libéré...
Un peu trop même, car le voilà qui commence à dériver! Il s'agirait de se dépêcher de remonter. Mais alors là, SURPRISE!!... Le bateau dérive beaucoup plus vite que Gérard ne nage et il s'éloigne sans rémission...
En essayant d'oublier ce qu'il a vu traîner dans les safrans, Gérard a juste le temps de hurler « MARCHE ARRIERE!!! » à Anyvonne qui s'évertue à démêler un bout mal délové pour le lui lancer. D'ailleurs il est maintenant trop loin pour ça...
Sauvé! La manoeuvre réussit: le bateau ralentit et Gérard parvient à rattraper l'échelle de bain. 
Dernier essai pour libérer complètement les safrans (en se tenant fermement au bateau cette fois.): Surprise, une extrémité du bout est maintenant enroulée autour de l'arbre d'hélice. Vent et clapot sont devenus trop forts et le bateau menace d'assommer tout plongeur qui se risquerait dessous. Le moteur est donc condamné, et nous irons à Fortaleza à la voile.
Mais que d'adrénaline!!!  Et clairement Gérard vient de l'échapper belle. La leçon sera méditée.
Pour les derniers 20 milles, le vent forcit et la mer se creuse vraiment sur les faibles profondeurs devant Fortaleza. Ca déferle sérieusement par l'arrière. Et Vlan!!  Ca finit par remplir le cockpit. Et Gérard qui est à la table à carte voit ainsi un bon paquet d'eau salée dévaler la descente qui n'était pas fermée.

Fortaleza, enfin...
Enfin à 12h30, à la voile et au louvoyage, nous mouillons l'ancre au fond du port de commerce de Fortaleza, juste devant la flottille de jangadas des pêcheurs. On souffle enfin. Gérard plonge pour dégager l'hélice et constate en même temps que la dérive qui a été descendue un peu brutalement tout à l'heure pour remonter au vent, est maintenant bloquée en position basse par une manille coincée entre elle et les lèvres du puits. Il va falloir trouver un moyen de tirer sur l'extrémité de la dérive de l'extérieur ou bien échouer le bateau pour la forcer à rentrer.... On verra plus tard...

Quelle matinée!!!!
Nous sommes mouillés devant un Iate Club. Un petit tour pour les saluer et nous apprenons que si nous ne sommes que deux à bord, il ne faut pas rester mouiller là. L'endroit est trop dangereux: vols, visites nocturnes, attaques.Brrrr. On nous indique alors à l'autre bout de la baie, la marina dont nous avions entendu parler mais qui n'est portée ni sur notre guide ni sur nos cartes. Il est 16 heures 30, il faut 40 minutes pour y aller, la baie est encombrée d'épaves et de hauts fonds et la nuit va bientôt tomber. On fonce. Prudemment. A 17 heures 30 on devine l'entrée, au bout d'une digue derrière laquelle on distingue quelques mats. On y est. Une place est libre tout au fond. On s'y amarre. Il est 18 heures et la nuit est tombée.
Le calme revenu, nous nous découvrons amarrés à des pontons assez branlants, avec des tuyaux d'eau sans embout ni robinet (On ferme l'eau en pliant le tuyau et en coinçant le tout sous un taquet), des connexions électriques à la brésilienne (C'est à dire d'avant l'invention des dominos) et le cockpit juste sous les centaines de fenêtres d'un hôtel de luxe auquel est rattachée cette marina.
MAIS une fois descendus des pontons, vous plongez dans l'univers du luxe 5 étoiles. Complexe de piscines émeraudes en forme de haricots, chaises longues, bars, serveurs empressés, musique d'ambiance, salles de jeux et douches. Le tout pour 12$ US par jour.
Le soir même, pour se remettre de toute ces émotions on s'offre le restau de la piscine, en compagnie d'un congrès de dermatologues qui a invité un orchestre genre Glenn Miller très convenable. On se croirait à Hollywood en 1930. Fermons les yeux et rêvons.

Mais il ne s'agirait pas de se ramollir dans le confort 5 étoiles...
Les formalités de sortie sont faites pour repartir sous deux jours aussitôt les vivres faits.
Mais c'est encore une fois sans compter avec l'adversité technique.
Le dimanche matin, tout est paré et "Contact" moteur pour quitter le port. Stupeur: le moteur ne démarre pas. Une épaisse fumée sort de son compartiment, accompagnée d'une forte odeur de brûlé.
(NDLR: on appelle ça la loi de l'enmerdement maximum...)
Le capitaine n'est pas content du tout.
Il désosse la bête et le diagnostic se situe au niveau des connexions du solénoïde du démarreur qui ont complètement fondu. Un taraudage est nécessaire à la réparation, mais c'est dimanche. Lundi il fera jour. 
Et effectivement, lundi il fait jour. Le vélo va s'aérer avec Gérard, à la recherche d'un taraudeur. Retour à midi. Remontage; Redémarrage et re fumée. Le mal est plus profond et doit se nicher au creux du solénoïde.
Redémontage, et à 15 heures, c'est réglé. On a remonté le vieux solénoïde qui avait été remplacé à Salvador. (Il avait ses humeurs et décidait quelquefois la grève très unilatéralement. Mais aujourd'hui 15 septembre, il ne nous a plus jamais ennuyé)
Ah, c'est vrai qu'il nous reste la dérive à débloquer. Taunia, un bateau ami avec lequel nous avions rendez vous hier à la sortie du port pour tirer sur l'appendice récalcitrant, n'est plus disponible. Gérard n'a pas vraiment envie de tenter l'échouage. Et là, idée de génie : En plongée, l'extrémité d'un bout attaché autour de la dérive, l'autre autour d'un des poteaux qui soutiennent les pontons...Amarres mollies, un bon coup de moteur en marche avant, et hop, le poteau n'a pas cédé, le ponton est toujours là et la dérive est débloquée!!!

Nous sommes enfin prêts à quitter le Brésil, mais nous sommes le 1er Juin 1999
Nous décidons de rester encore un jour de plus, pour fêter l'anniversaire du capitaine. Bord de mer, langoustes, chanteur de charme brésilien ao vivo et vin blanc très correct.Ce sera une super soirée d'adieu au Brésil. 

Ainsi, ce ne sera que le Mercredi 2 Juin que nous partirons.
A 7 heures 15, cap sur la Guyane Française pour une bonne semaine de navigation à 150 milles des côtes d'Amérique du Sud. 
Nous souhaitons naviguer au delà de l'isobathe des 1000 mètres. Cela ne nous met pas à l'abri du trafic marchand, mais au delà de cette profondeur, il n'y a quasiment plus de pêcheurs. Cette côte nord de l'Amérique du sud forme plateau qui s'avance très au large, avec des profondeurs inférieures à 50-100 mètres. Nous passerons donc un peu plus de 24 heures à faire du nord, pour nous éloigner des côtes et trouver des fonds importants.
Une autre raison de vouloir être au large, c'est que dans quelques jours nous serons devant l'embouchure de l'Amazone. C'est un endroit particulièrement boueux, réputé pour être très agité en cas de mauvais temps, mais  surtout pour héberger d'énormes troncs d'arbres apportés par  le fleuve, qui menacent de rencontres violentes les pauvres petits bateaux comme nous.
On passera donc assez loin.
Nous progressons paisiblement, aidés par le courant équatorial qui, au large, porte vers l'ouest à plus de 3 noeuds. Heureusement, car si nous en espérions des moyennes de 8 noeuds et plus sur le fond, le vent faiblissant de plus en plus au fil des jours, nous ne ferons guère plus de 5 noeuds.
On verra très progressivement les eaux changer de couleur. De bleu profond au départ de Fortaleza, elles se sont chargées peu à peu de vie végétale et sont devenues rapidement vertes avant le cône de l'amazone. Là, le vert a viré assez rapidement au gris-brun  et c'est dans des eaux carrément chocolat, avec un fort courant traversier que nous aborderons le chenal d'entrée de Cayenne.
En l'absence de vent, les dernières 20 heures se feront au moteur, pour nous permettre d'entrer au port avant le soir, et nous éviter ainsi de passer une partie de la nuit à la cape au large , à attendre le jour.
7 jours après notre départ, nous entrons à Dégrad des Cannes, port de commerce de Cayenne.