LA GAZETTE DE L'A.R.B
Anyvonne Restaurant Bar
 
La route du rhum du Getaway I - Splendeurs et soucis
N°13 - Juillet 2000
Chaque jour apporte ainsi sa ration de splendeurs...
Une caractéristique du sol par ici est d'être constitué de calcaire coralien. C'est très tendre et au fil des siècles, ça produit un sable blanc très très fin, mais aussi des rochers en forme de champignon, dont la tête dépasse de l'eau, appuyée sur une base sapée par la mer.
A la base d'un de ces rochers, à Staniel Cay, nous nagerons et plongerons dans une grotte peuplée d'une multitude de poissons multicolores gros et petits. Des mérous, jusqu'aux sempiternels poissons sergent majors. C'est un fantastique spectacle d'aquarium. Ils ont manifestement l'habitude d'être visités. Nourris même. Les plongeurs leur apportent du pain qu'ils émiettent pour les faire approcher. Du coup ils viennent même, par bandes, nous regarder les yeux à travers nos masques. Voire nous mordiller les fesses!  Le courant sera un peu fort dans la grotte pour que tout l'équipage y plonge, mais même le snorkeling, à l'entrée est extraordinaire.
Staniel cay est aussi un peu habité. Nous y découvrons une sorte de village de poupée, aux maisons de couleur pastel, perchées sur pilotis. La poste minuscule est en train d'être repeinte. Elle est donc fermée et la postière, quelques maisons plus loin, nous ouvre sa cuisine, nous débarrasse de nos cartes postales et des dollars pour les timbres, puis referme sa porte. Espérons que nos cartes parviendrons à leurs destinations...
Au bout d'un ponton en bois, le Yacht Club, un bar restaurant construit dans le même métal accueille les boaters de passage. Nous y apprendrons, photos de tournage à l'appui, que la grotte citée plus haut fut le décor d'une bagarre sous-marine tournée pour un James Bond des années 60: "Thunderball"
Sur le ponton, quelques pêcheurs locaux nettoient leurs poissons et langoustes. Nous n'y resisterons pas: Ce soir BBQ de langoustes.
Et quelques soucis.
Des petits...

Le filtre à gas oil que nous avions changé en mer, au large des Caïcos, se retrouve bouché quelques huit jours plus tard après dix heures de fonctionnement, alors que nous revenons vers Georgetown pour que Marc prenne son avion de retour. Le mal est donc plus profond et il faut traiter plus à fond le réservoir de gas oil et son contenu. Un chantier local nous propose de vidanger le réservoir dans un baril, de le nettoyer, puis de le remplir a nouveau avec le gas oil précédent filtré deux fois. Il semblerait qu'ils en aient une certaine habitude. C'est ainsi que nous traiterons le problème. A ce jour, à Cuba et un plein de gaz oil plus loin, il semble que ça ait marché plutôt correctement. 

Et des plus gros

En route pour Cuba, nous descendons l'archipel vers le sud et décidons de nous arrêter passer la nuit au mouillage de "French Wells", sous le vent de Crooked Island. Il est 16 heures 30, c'est à dire plus très tôt, mais pas encore trop tard, vu le peu de difficulté que présente l'accès au mouillage, dont nous avons une carte de détail. Un accès avec 4 et 6 mètres d'eau bordé de hauts fonds bien délimités. D'ailleurs ça brise pas mal sur les hauts fonds et nous entrons en confiance à l'endroit prévu. Et là, nous nous retrouvons rapidement dans moins de 2 mètres d'eau et avant que nous ayons compris, dans moins de 1m50. Nous sommes maintenant derrière les brisants et ça roule pas mal. Et ça se met à talonner. Les fonds sont de sable, mais onze tonnes qui roulent et touchent le fond, c'est impressionnant. On avance, on recule. On panique un peu et surtout, on ne retrouve plus la sortie. A la VHF, un bateau qui est mouillé un peu plus loin, là où nous voudrions aller, nous confirme que la carte est fausse et que le chenal, dont d'ailleurs nous sommes sortis, n'est profond que d'1m20 à marée basse. Les bancs de sable sont mouvants, la carte pas récente et Getaway quasi échoué est en assez mauvaise position.
Avançant, reculant, cahin caha, on "progresse" un peu  et on se trouve vers 17 heures dans environ 2 mètres d'eau. La marée va être basse et si nous roulons encore énormément, nous ne touchons plus le fond. Sur la foi de ce qu'on nous a annoncé à la VHF, on décide d'attendre que le niveau de l'eau remonte un peu. En fait, ça remonte effectivement, mais il est nuit noire avant que ce soit sensible et suffisant. C'est donc la marée de demain matin qu'il nous faut attendre. En roulant toute la nuit, comme jamais et avec la terreur irrationnelle que la mer puisse baisser plus que prévu et que nous touchions le fond dans un retour de roulis.
Bref, une de nos pires nuits du voyage. Une des plus mémorables en tous cas.
Le lendemain matin, la mer remonte comme prévu, en nous ayant laissé assez d'eau à la marée basse. Nous pouvons alors ressortir sans difficulté supplémentaire, avec le flot, entre les déferlantes sur les hauts fonds. Nous n'essaierons pas d'aller plus avant dans le chenal vers le mouillage et nous fuirons ce lieu de cauchemar.
Un peu plus loin et plus au calme, nous mouillerons à nouveau et le capitaine plongera pour constater que dans le talonnage, une mêche de safran a été assez nettement faussée. Le bateau reste maneuvrable mais c'est une avarie qu'il nous faudra sûrement redresser dès qu'on en trouvera les moyens. 
Mais pour aujourd'hui, ca suffit et ce sera une journée de sommeil profond et réparateur, avant d'aborder la dernière étape vers Cuba.
Et le sujet du prochain numéro.