LA GAZETTE DE L'A.R.B
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Colombie Panama - Le canal de Panama: Hasard de la géographie et nécessité de l'histoire
N°15- Janvier 2001
 Maintenant que tous nos lecteurs ont digéré le fait que Panama n'est pas seulement un canal mais aussi un pays (1/7 ème de la superficie de la France.),  nous pouvons préciser que c'est même un état qui fête abondamment tous les ans,  son indépendance d'avec la Colombie, acquise en 1905. Qu'il se trouve encadré au Sud Est par la Colombie, au Nord Ouest par le Costa Rica et qu'il forme une barrière d'environ 50 kms de profondeur qui unit les deux Amériques mais sépare les océans Atlantiques et Pacifiques.
L'aspect stratégique de cette situation, associé à son étroitesse, ne vous aura  pas échappé et cela vous aura donné la même idée qu'aux gens du coin: Creuser un canal pour relier les deux océans et éviter aux navires marchands le long détour par le Cap Horn pour contourner l'Amérique du Sud.
Notre Ferdinand de Lesseps national s'y essaiera en 1880. Il lancera des souscriptions, rencontrera plein de difficultés (climat meurtrier, glissements de terrain...) et déposera son bilan neuf ans plus tard. Ce fut un très gros scandale de notre III ème république.
Fort intéressés, les Etats Unis prendront la relève en 1903.
Comme ce sont des gens prudents qui trouvaient la Colombie un peu instable,  ils commenceront par favoriser (organiser ?) la sécession de la région du Panama d'avec l'état colombien. Ils se feront ensuite céder, par ce nouvel état, une bande de territoire s'étendant sur 15 km, de part et d'autre du projet de canal .. 
Ces préalables établis, dix ans de travaux leur permettront d'ouvrir en 1914  un canal de 13 m de profondeur sur quelques 80 km de long. 
Plus tard, inquiets de l'instabilité de l'état panaméen, les US élargirent la zone du canal de 15 à 30 kms, de part et d'autre de l'ouvrage.
En 1979, un accord est signé qui rend au Panama la souveraineté sur la zone du canal. L'accord prévoit que l'exploitation du canal proprement dite passera sous responsabilité panaméenne en 1999.
Depuis Janvier dernier, les US se sont retirés, et tout cela est sous le contrôle de l'autorité locale. 
Toutes sortes d'affiches proclament dans les rues de Panama City: «  El Canal es Nuestro » et c'est la source d'une grande fierté pour les panaméens. 

On a écrit tellement de choses sur ce canal et sa traversée, puis sur les conséquences du départ des américains, qu'après avoir  abordé prudemment la perspective de cette aventure, une fois la chose faite, on a envie de démystifier un peu.
Avec l'accession à l'indépendance, les autorités Panaméennes devaient apporter l'apocalypse dans l'organisation de l'exploitation du canal et dans les tarifs:

C'est clair que la précision des rendez vous avec les pilotes et des heures de passage n'a pas dû s'améliorer avec le départ des américains.  Mais enfin, avec une tolérance de deux heures, les choses se font normalement. 
Pour les tarifs, il semble bien que ceux ci aient un peu plus que doublé ces dernières années. 300 dollars pour un  Getaway de 40 pieds. C'est plus que les 1200 francs qu'il a payé  il y a presque dix ans, mais ce ne sont ni les mêmes dollars, ni les 15 à 20 000 francs dont on parlait dans la BLU toute l'année...

Les écluses sont très impressionnantes, voire dangereuses, et des précautions de sécurité draconiennes sont nécessaires.

Chacun des six sas qui équipent le canal mesure près de 300 mètres de long et assure 9 mètres de dénivelé. C'est vrai que le remplissage des sas montants fait bouillonner l'eau comme dans une cocote minute, et que les courants sont impressionnants.
Mais correctement amarrés soit à couple d'un remorqueur, soit tenu au centre du sas par quatre aussières, les choses se passent bien si tout le monde est a son poste et fait ce qui est prévu. Pour qui pratique l'écluse du barrage de la Rance ou même celle du port de Paimpol l'aventure n'est pas tellement plus stressante. La manoeuvre est simplement beaucoup plus organisée et disciplinée.
En fait, si les autorités du canal et les pilotes en rajoutent un peu dans les exigences, c'est sans doute parce qu'avec nos petits bateaux et nos équipages d'amateurs, nous devons être pour eux comme du poil a gratter et qu'il n'est pas question, à cause de nous, de retarder, ne serait ce que de quelques minutes, le trafic noble de cargos. 
Il faut dire que les montants financiers en jeu sont assez différents: 300 $ pour nous, 180 000$ pour le cargo recordman du paiement qui est passé le mois dernier... 
Je trouve qu'à ce prix, c'est encore une chance qu'ils acceptent de nous faire passer...