LA GAZETTE DE L'A.R.B
Anyvonne Restaurant Bar
 
Colombie Panama - Les indiens Kunas
N°15- Janvier 2001
Un établissement insulaire vieux de moins d'un siècle 

L'archipel corallien des San Blas (appelé aussi archipel de las Mulatas sur les cartes marines) s'étend sur près de 300 kms le long de la côte nord de l'état de Panama. 
Jusqu'au XIX ème siècle, les indiens Kunas vivaient dans la jungle du Darien, au sud du Panama, quand celui ci était encore colombien. Ils ont fui ce territoire pour cause d'insalubrité (peut être aussi pour cause de difficulté à le contrôler...) et ont choisi d'investir cet archipel.
Celui ci était alors vide d'habitants et n'était couvert que de végétation broussailleuse. Quasiment sans un arbre.
Ils ont choisi quelques îles où regrouper leurs habitations, et partout ailleurs ils ont planté des cocotiers et ont commencé à faire le commerce de la noix de coco.
- Comme tout était centré autour de ce commerce d'exportation, la noix de coco a été instituée en une sorte de monnaie: Les Kunas se procuraient ce dont ils avaient besoin et particulièrement les produits importés, en échange de noix de coco. Tout était tarifé ainsi.  
On trouve donc maintenant quelques îles ou sont concentrées toutes les habitations, qui en sont littéralement couvertes et qui sont quasiment dépourvues de végétation. Partout ailleurs on trouve des cocotiers et seulement quelques huttes, utilisées de façon saisonnière pour les soins aux arbres et la récolte des noix de coco. Au milieu des cocotiers, certaines îles abritent aussi quelques citronniers, avocatiers, manguiers, bananiers, etc.... pour élargir les ressources disponibles
Tous les jours des hommes se rendent en canoë, à la pagaie et à la voile, sur les îles « jardin » pour y effectuer leurs taches agricoles.
Les choses de la vie quotidienne commencent et s'arrêtent avec la course du soleil. (6 heures - 18 heures.) 
La production d'électricité repose sur des groupes électrogènes et seuls quelques villages en disposent. Quelquefois seulement la nuit. C'est dans ceux là qu'on trouve les produits frais et les denrées périssables.
Une question que nous n'avons pas posée n'a pas reçu de réponse: Qu'arrive t'il au contenu des congélateurs dans la journée, quand l'électricité est coupée?
Mais un constat: Nous n'avons pas été malades à consommer des poulets REcongelés. 

 Les Molas et l'art Kuna.
 

« Les molas sont de véritables tableaux polychromes qui forment le devant et le derrière des corsages des femmes. Ils sont faits de plusieurs épaisseurs d'étoffes de couleurs différentes traitées selon une technique d'appliqué inversé. C'est une technique minutieuse qui évoque la ciselure et l'incrustation.Les motifs sont déterminés par des découpes faites dans les couches supérieures qui laissent voir les couleurs des couches inférieures. Des broderies et des éléments décoratifs de type appliqué direct (en anglais: patchwork) peuvent compléter l'ensemble.... » 
Citation de Michel Perrin.
La qualité plastique de certains molas ont valu aux femmes Kuna la réputation d'artistes exceptionnelles. Elles en fabriquent sans cesse avec une étonnante frénésie.
Cet art serait apparu au XIX ème siècle. Les missionnaires américains et les fonctionnaires Panaméens ont tenté de 1900 à 1930 d'éradiquer cette tradition.  

Une société intéressante et ambitieuse.

Cette tentative de « civilisation » provoqua en partie la révolution de 1925 au cours de laquelle tous les blancs furent expulsés ou tués et une déclaration d'indépendance fut publiée. 
Depuis, les Kunas ont cultivé leurs règles propres et font montre d'une grande indépendance vis à vis du pouvoir central de Panama. « La société Kuna est une société à étiquette, industrieuse, menée par une paisible gérontocratie... »
A nous, elle apparaîtra avoir de grandes ambitions d'organisation sociale et d'éducation des enfants. En tous cas beaucoup plus que les sociétés de niveau de richesse comparable que nous avons croisées jusqu'ici. Plus aussi que d'autres plus riches et plus modernes...
La contrepartie est qu'elle apparaît comme une société autoritaire dans laquelle nous n'aimerions pas nécessairement vivre. Ainsi verrons nous les femmes de Rio Diablo sortir de chez elles tous les matins au coup de sifflet,  pour balayer la rue!
De la même manière, pour se rendre à Panama City, l'accord du cacique est obligatoire... Si un indien ne la demande ou ne l'obtient pas, il aura affaire en ville à la police Kuna.
Ceux qui nous ont parlé de tout ça, se disaient heureux de vivre dans ce paradis insulaire préservé. Ils ne souhaitent pas être envahis par un tourisme constructeur de buildings et d'hôtels et espèrent que le mode de propriété de la terre les en préservera. (La terre n'appartient à personne en particulier. Seuls les arbres appartiennent à quelqu'un, généralement à une famille dont les membres se partagent les fruits. Personne n'a donc actuellement les moyens de vendre de la terre...)
Ils souhaitent un peu de tourisme tout de même. Juste assez  pour vendre des molas...