Un établissement insulaire
vieux de moins d'un siècle
L'archipel
corallien des San Blas (appelé aussi archipel de las Mulatas sur
les cartes marines) s'étend sur près de 300 kms le long de
la côte nord de l'état de Panama.
Jusqu'au XIX ème siècle, les indiens Kunas
vivaient dans la jungle du Darien, au sud du Panama, quand celui ci était
encore colombien. Ils ont fui ce territoire pour cause d'insalubrité
(peut être aussi pour cause de difficulté à le contrôler...)
et ont choisi d'investir cet archipel.
Celui ci était alors vide d'habitants et n'était
couvert que de végétation broussailleuse. Quasiment sans
un arbre.
Ils ont choisi quelques îles où regrouper
leurs habitations, et partout ailleurs ils ont planté des cocotiers
et ont commencé à faire le commerce de la noix de coco.
- Comme tout était centré autour de ce
commerce d'exportation, la noix de coco a été instituée
en une sorte de monnaie: Les Kunas se procuraient ce dont ils avaient besoin
et particulièrement les produits importés, en échange
de noix de coco. Tout était tarifé ainsi.
On trouve donc maintenant quelques îles ou sont
concentrées toutes les habitations, qui en sont littéralement
couvertes et qui sont quasiment dépourvues de végétation.
Partout ailleurs on trouve des cocotiers et seulement quelques huttes,
utilisées de façon saisonnière pour les soins aux
arbres et la récolte des noix de coco. Au milieu des cocotiers,
certaines îles abritent aussi quelques citronniers, avocatiers, manguiers,
bananiers, etc.... pour élargir les ressources disponibles
Tous les jours des hommes se rendent en canoë, à
la pagaie et à la voile, sur les îles « jardin »
pour y effectuer leurs taches agricoles.
Les choses de la vie quotidienne commencent et s'arrêtent
avec la course du soleil. (6 heures - 18 heures.)
La production d'électricité repose sur
des groupes électrogènes et seuls quelques villages en disposent.
Quelquefois seulement la nuit. C'est dans ceux là qu'on trouve les
produits frais et les denrées périssables.
Une question que nous n'avons pas posée n'a pas
reçu de réponse: Qu'arrive t'il au contenu des congélateurs
dans la journée, quand l'électricité est coupée?
Mais un constat: Nous n'avons pas été malades
à consommer des poulets REcongelés.
Les Molas et l'art Kuna.
« Les molas sont de véritables
tableaux polychromes qui forment le devant et le derrière des corsages
des femmes. Ils sont faits de plusieurs épaisseurs d'étoffes
de couleurs différentes traitées selon une technique d'appliqué
inversé. C'est une technique minutieuse qui évoque la
ciselure et l'incrustation.Les motifs sont déterminés par
des découpes faites dans les couches supérieures qui laissent
voir les couleurs des couches inférieures. Des broderies et des
éléments décoratifs de type appliqué direct
(en anglais: patchwork) peuvent compléter l'ensemble.... »
Citation de Michel Perrin.
La qualité plastique de certains molas ont valu aux
femmes Kuna la réputation d'artistes exceptionnelles. Elles en fabriquent
sans cesse avec une étonnante frénésie.
Cet art serait apparu au XIX ème siècle.
Les missionnaires américains et les fonctionnaires Panaméens
ont tenté de 1900 à 1930 d'éradiquer cette tradition.
Une société intéressante
et ambitieuse.
Cette tentative de « civilisation »
provoqua en partie la révolution de 1925 au cours de laquelle tous
les blancs furent expulsés ou tués et une déclaration
d'indépendance fut publiée.
Depuis, les Kunas ont cultivé leurs règles
propres et font montre d'une grande indépendance vis à vis
du pouvoir central de Panama. « La société Kuna
est une société à étiquette, industrieuse,
menée par une paisible gérontocratie... »
A nous, elle apparaîtra avoir de grandes ambitions
d'organisation sociale et d'éducation des enfants. En tous cas beaucoup
plus que les sociétés de niveau de richesse comparable que
nous avons croisées jusqu'ici. Plus aussi que d'autres plus riches
et plus modernes...
La contrepartie est qu'elle apparaît comme une
société autoritaire dans laquelle nous n'aimerions pas nécessairement
vivre. Ainsi verrons nous les femmes de Rio Diablo sortir de chez elles
tous les matins au coup de sifflet, pour balayer la rue!
De la même manière, pour se rendre à
Panama City, l'accord du cacique est obligatoire... Si un indien ne la demande
ou ne l'obtient pas, il aura affaire en ville à la police Kuna.
Ceux qui nous ont parlé de tout ça, se
disaient heureux de vivre dans ce paradis insulaire préservé.
Ils ne souhaitent pas être envahis par un tourisme constructeur de
buildings et d'hôtels et espèrent que le mode de propriété
de la terre les en préservera. (La terre n'appartient à personne
en particulier. Seuls les arbres appartiennent à quelqu'un, généralement
à une famille dont les membres se partagent les fruits. Personne
n'a donc actuellement les moyens de vendre de la terre...)
Ils souhaitent un peu de tourisme tout de même.
Juste assez pour vendre des molas...
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