LA GAZETTE DE L'A.R.B
Anyvonne Restaurant Bar
 
Equateur Galapagos - Journal de bord
N°16- Aout 2001


Nos premiers pas de vrais Pacificos et notre premier quart de tour.
Les derniers préparatifs avant le grand désert bleu…


Nous sommes donc maintenant mouillés dans le Pacifique,  devant Panama City . 
Tous les matins, nous nous éveillons face au défi que représente  pour nous l’ immensité que l’on pressent et qui commence juste là devant. Une préoccupation constante habite le capitaine : sommes nous parés, le bateau est il prêt et qu’avons nous oublié avant de nous aventurer là bas où notre autonomie devra être totale jusqu’en Polynésie ? 
Vous l’aurez compris, le temps passé devant Panama va se dépenser en courses quotidiennes chez les shipchandlers et les  "Leroy Merlin" du coin…

Quelques jours seront nécessaires aussi, pour aider au passage du canal de Ma'Ohi . Gérard laissera pour trois jours la garde de Getaway à Anyvonne, pendant qu'il ira sacrifier à la routine qu'est maintenant cette opération de transit…

On aimerait bien faire aussi une toilette du bateau sous la flottaison et y rajouter un peu d'antifouling. Le Pacifique a mauvaise réputation chez les carènes de bateaux… Mais dans la région, les endroits sympathiques pour sortir un bateau de l'eau, ne sont pas légion. Un slip antédiluvien à colon; une grue dans le petit yate club de Pedro Miguel situé au milieu de canal (mais assez inquiétante pour un bateau de 12 tonnes) et enfin le slip du yate club de Balboa, dont la réputation d'accueil n'est guère flatteuse. Les endroits propices à un échouage de marée semblent trop exposés au clapot. Alors… Après avoir longtemps hésité, choisi puis renoncé à Pedro Miguel, la seule issue est maintenant  à Balboa. C'est donc là que nous sortons Getaway, le 17 novembre. 
Pendant trois jours, nous grattons, lavons, frottons. Comme il pleut toutes les deux heures, nous séchons aussi avant de peindre entre deux averses. Après quelques réparations de la couche de protection et deux nouvelles couches d'antifouling , la carène commence à avoir belle allure. Les arrêts pour cause d'intempéries ne nous permettront pas de passer les trois couches prévues, mais le lundi 20 c'est un bateau satisfaisant qui doit être  remis à l'eau avec la marée haute, vers 9 heures.

Pour ceux qui ne sont pas familiers du terme, un slip est un plan incliné équipé de rails sur lesquels circule un chariot tiré par un treuil. Ce chariot  peut aller sous l'eau se placer sous un bateau  puis, le long du plan incliné, le hisser au sec où l'on pourra travailler dessous. A Balboa, le slip comporte deux systèmes de chariots et un seul treuil pour manœuvrer les deux. Pendant que nous nous préparons à rejoindre la mer,  l'équipe du slip s'affaire à la manœuvre du chariot voisin pour hisser une petite vedette, avant de nous remettre à l'eau. Eh bien figurez vous qu'un chariot de slip peut dérailler et que c'est ce qui arrive… 
Ca nous rassure tout de suite pour notre propre descente…
A mi parcours, le chariot voisin est bloqué en travers de ses rails et monopolise le treuil commun. De toutes façons, nos deux voies ferrées sont trop proches l'une de l'autre pour que l'on puisse se "doubler". 
Les ouvriers s'activent ferme à remettre la situation sur ses rails… Avec force cales, barres de fer et crics,  mais aussi vociférations et gesticulations, deux heures leur seront nécessaires pour faire repartir le système. 
Et pendant ce temps là, la marée baisse… Seront nous coincés une journée de plus ? Finalement  notre tour arrive. La marée est encore assez haute, nous ne déraillons pas et nous nous retrouvons à l'eau vers 11 heures. Ouf! C'est reparti.

Quelques jours après ce chantier et quelques ultimes courses d'avitaillement, nous quittons enfin Panama. Anyvonne trouve définitivement qu'il y pleut trop…

La découverte des Perlas… sans les perles…
Cet archipel sauvage, situé à une cinquantaine de milles dans le golfe de Panama, abrite beaucoup d'oiseaux, de crevettes et d'huîtres  perlières. 
On y trouve aussi une île chic - Contadora -  qui cache des résidences secondaires de riches panaméens. Périodiquement, elle héberge aussi des réunions de dirigeants politiques Sud Américains, car dans le contexte terroriste,  sa situation permet d'y assurer facilement la sécurité.
Nous passerons dans l'archipel une grosse semaine, découvrant trois îles, inhabitées ou presque, où nous pêcherons toutes les protéines nécessaires. Nous y récolterons pas mal d'huîtres qui ne nous apporteront pas de perles mais dont le pied, cuisiné comme des coquilles St Jacques, est excellent.
Nous terminerons pas l'île se Pedro Gonzalez, mouillés devant une superbe plage bordée de cocotiers et d'une "jungle" où poussent aussi citronniers, manguiers et bananiers. Au bout de la plage, on trouve une petite merveille: une cascade d'eau douce, fraîche et potable. Nous y ferons une débauche de lessives et de douches. 
La chasse sous marine rapporte bien et régulièrement. Avec l'équipage de Ma'Ohi et un couple d'écossais qui mouille là en même temps que nous, nous en profiterons pour organiser un barbecue sur la plage. Au milieu des moustiques… Le Bonheur…
Mais il faut bien partir un jour.
Nous nous aventurons  sur la route de l'Équateur.
Le 6 décembre en fin d’après midi nous quittons notre mouillage enchanté pour mettre cap au Sud.
C'est bien connu, la route au sud, le long de la côte Ouest de l'Amérique Latine est un enfer contre vents et courants. L'Équateur, notre première destination Pacifique, se trouve à quelques 500 milles dans cette direction.
Nous avons donc décidé de couper l'étape en deux et de nous arrêter souffler un peu en Colombie, à Bahia Solano, à 180 milles d'ici.
En fait, contrairement à ce qui est dit précédemment, cette demi étape présentera d'excellentes  conditions de navigation. Cap au 150, vents de décembre et courant favorables. Bien que le vent nous abandonne en fin de journée, le 7 décembre au soir, après avoir passé l'après midi à longer une côte qui semble une jungle inhabitée, Ma'Ohi et Getaway entrent au radar pour mouiller dans le nord du golfe de Cupica.
Le matin nous nous réveillons en face de rien. Nous ne débarquons pas et remettons en route vers l'autre extrémité du golfe où se trouve notre destination, à 30 milles au sud.
 
Où l'on s'offre une parenthèse colombienne: Bahia Solano et ses guérilleros.
Ici, dès que vous arrivez, vous ne pouvez pas éviter l'accueil des militaires. Ils sont nombreux et en fin d'après midi, ils attendent notre débarquement  sur la plage, bardés de pistolets, grenades et mitraillettes.
On découvre comme ça que la guérilla n'est pas loin et que c'est ici une préoccupation constante. L'accueil est malgré tout sympathique et détendu. Quelques questions sur le bateau, sur nos intentions, puis  ils nous permettent de débarquer . Ils nous suggèrent même de laisser l'annexe sous leur surveillance,  devant le poste de garde.
On va donc, l'esprit tranquille, visiter le village à 800 mètres de là.

Deux rues principales tracées dans le sable et  bordées de maisons à balcons, en bois et un peu décrépites. Un poste de police entouré d'un rempart de sacs de sable. Deux hôtels qui paraissent vides. Quelques "bars" peu actifs . 
L'ensemble voudrait être une station balnéaire. Cette ambition est rappelée par une grande avenue à deux voies qui traverse le village, perpendiculairement au bord de mer. Son terre plein central est planté de lampadaires monumentaux dont les lampes pendent au bout de potences figurant des dauphins. Au bout de 300 mètres, cette avenue débouche sur … rien.  L'ensemble  fait plutôt ville de western en cours d'abandon.
Cet endroit est situé au fin fond de la province du Coca. Difficile d'accès , cette province est un peu délaissée par les plans de développement du gouvernement Colombien. Aucune route ne relie Bahia Solano à  Medellin qui est la ville la plus proche. Le ravitaillement est assuré par un caboteur plutôt irrégulier, depuis le port de Buenaventura situé à 250 milles au sud. Quelques touristes, pêcheurs ou plongeurs, peuvent arriver ici depuis Medellin, en empruntant  un petit avion encore plus irrégulier.  Si on y ajoute une recrudescence récente de l'activité de la guérilla dans la région: Dur dur le développement touristique.

Peu à peu, en flânant, en buvant un jus de fruit au bar du coin, en discutant par ci par là, on apprend que notre arrivée est un évènement. Le dernier voilier à être passé ici, est reparti il y a 13 ans… 
Des "yates franceses!!!":  La nouvelle fait le tour du village et très vite une charmante colombienne se présente. 

Elle s’appelle Alejandra, est originaire de Medellin et est installée ici depuis 4 mois. 
Elle nous raconte comment elle  habite tout près et retape une   maison où elle donne, quasi bénévolement, des cours de français et d'anglais aux enfants  (Les indigènes l'appellent "la bonne sœur"). Tout cela s'exprime dans un excellent français qu'elle cause bien  plus mieux que vous et moi… En fait, elle a fait des études à la Sorbonne et a vécu plusieurs années à Quiberon. Le dimanche elle vend des crêpes et du cidre de sa fabrication aux autochtones. Il paraît que c'est très apprécié.
Le lendemain elle nous invite à boire un café et nous fait visiter sa maison, dont elle  nous dit qu'elle est située dans la partie "dangereuse" du village. 
« - Pourquoi dangereuse? 
- Parce qu'elle est située entre le grand hôtel qui est là, à droite, et le poste de police fortifié, là bas à gauche. Si les guérilleros viennent, ils occuperont l'hôtel  et de là, mitrailleront le poste de police. 
Comme ma maison est située entre les deux, je serai aux premières loges… Mais il faut bien vivre et mourir d'une manière ou d'une autre…. » 
Sourire fataliste… 
Elle nous montre aussi ses voisins qui commencent, à son exemple, à réinvestir ce quartier déserté. 
Nous sommes  impressionnés par ce courage tranquille, et heureux de tant de gentillesse et de chaleur humaine. Si notre voyage n'avait servi qu'à cette rencontre, nous n'aurions pas perdu notre temps.

On hésite même à rester passer Noël ici. Mais le mouillage n'est pas terrible, la baie est très exposée au nord et nous entrons dans la saison où les coups de vent viennent inopinément de cette direction. Alors on continue au  Sud vers l'Équateur.
 
 

Avant de poursuivre notre ruée vers Las Esmeraldas… sans les émeraudes.
Les conditions favorables de la première demi étape sont  résolument derrière nous et maintenant, nous devons affronter les conditions évoquées plus haut: courant contraire,  vents incertains et le plus souvent dans le nez. Un jour, on tire des bords: 50 à 60 milles dans une mer hachée. Le lendemain, moteur dans la calmasse. Un peu pénible... On mettra 5 jours pour couvrir les 350 milles qui séparent Bahia Solano de Puerto Esmeraldas.
Nous avons choisi ce point d'entrée en Équateur parce que c'est le premier port qui se présente sur notre route et que nous sommes bien contents de nous arrêter… Nous sommes un peu inquiets de nous faire jeter par les autorités, dès notre arrivée: Le bruit court à la BLU que l'Équateur impose aux étrangers de posséder un visa, préalablement à leur arrivée. Évidemment, on ne s'en est  pas préoccupé quand il était encore temps, à Panama. Si on se fait refouler, on ne sait pas très bien où on ira. On verra bien!

Le 15 décembre au matin, à marée haute, on embouque le chenal d'entrée du port de pêche d'Esmeraldas.
Et là, ô surprise, deux voiliers espagnols que nous avons connus aux San Blas sont déjà amarrés dans le port. Ils étaient partis au mois d'Août pour un direct vers les Marquises; mais un coup de vent leur a fait rebrousser chemin à la sortie du golfe de Panama. Du coup ça devenait trop tard pour repartir et ils sont restés paresser dans les Perlas, avant de venir ici.
Ils nous rassurent tout de suite sur la question des visas: pas besoin de préalable pour obtenir le droit de rester 60 jours. Ils nous montrent aussi que nous pouvons  nous amarrer à couple d'eux, comme ils le sont déjà eux même  sur un remorqueur en réparation, le long d'une barge de la capitainerie. Ma'Ohi qui rame encore, à une journée derrière nous, viendra le lendemain allonger la file de bateaux à couple. Les amarres vont souffrir!

D'un point de vue maritime, Esmeraldas est un port de pêche, un port de commerce - dont le plus gros de l'activité est l'embarquement de sciure d'eucalyptus pour l'industrie papetière - et un terminal pétrolier.
D'un point de vue urbain, c'est une petite ville assez sale et poussiéreuse dont le centre rappelle un peu Colon, au Panama. Mais comme la population est plutôt noire, l'activité fébrile des orientaux de Colon fait place ici à la nonchalance et à la placidité. 
Tout cela ne nous enthousiasme guère mais le port paraît sûr. Il est gratuit et nous pourrons y laisser Getaway et Ma'Ohi dans une sécurité raisonnable, durant le "périple" andin que nous prévoyons pour Noël.  Mais avant de partir nous promener, il nous faut débrouiller les papiers, le courrier, terminer le journal de bord, nettoyer les fonds, faire de la confiture de Mangue - dont c'est la pleine saison ici - , réparer tout ce qui ne va pas et j'en passe…
Une semaine plus tard, on est prêt à partir vers l'intérieur du pays.

Expédition Andine, à la recherche de l'Eldorado

L'Ecuador rappelle la Suisse: de grandes montagnes qui traversent  un petit pays.
Ce pays est situé au Nord Ouest du continent Sud Américain. A cheval sur l'équateur - d'où son nom – il est parcouru du nord au sud, sur près de 800 kilomètres,  par la Cordillère des Andes. 
En le traversant d'Ouest en Est, on découvre d'abord une plaine côtière à la végétation assez sauvage, où sont établies quelques grandes plantations (bananes, cacao, café, coton…). On escalade ensuite une première chaîne de montagnes dont les cols donnent accès  aux  hauts plateaux centraux, situés quelques centaines de mètres en contrebas. Là se trouve Quito, la capitale du pays. En poursuivant plus à l'Est, les hauts plateaux s'élèvent en une seconde chaîne de montagnes au delà de laquelle commence le bassin de l'amazone. Au sein de ce bassin, à 700 kilomètres de la mer, on trouve la frontière avec la Colombie et avec le Pérou, .
De chaud  et humide sur la côte Ouest, le climat devient plus tempéré au centre et en altitude. Quito qui est la deuxième plus haute capitale du monde (près de 3000 mètres) est réputée avoir un climat printanier toute l'année. 
On est assez content à l'idée de se rafraîchir un peu à 18 – 20°C…
L'altiplano (les  hauts plateaux centraux)  concentre l'essentiel de l'activité agricole de l'Équateur. Au nord de la capitale, beaucoup de serres signalent la culture des roses dont le pays est un gros producteur à l'échelle mondiale.  Au sud, ce sont les cultures intensives de légumes.

C'est avec une connaissance balbutiante de tout cela que le vendredi 22 décembre à  8 heures 30, on prend le bus à Esmeraldas pour Quito. Nous espérons trouver là bas une correspondance qui nous permettra de dormir le soir à Otavalo. C'est une petite ville de l'altiplano, à quelques 60 kms au nord de la capitale.
L'adaptation aux bus est rapide. Les voitures particulières sont rares en Équateur (par comparaison avec l'Europe) et les bus sont nombreux - Avec les camions, ils constituent la majorité des véhicules qui circulent sur les routes -  Où que l'on veuille aller en bus, il est donc assez facile et rapide de trouver chaussure à son pied. Et pour pas cher!
A notre arrivée à Quito, après 6 heures de route  - Pour faire 250 kms…sur un profil de route très montagneux -  nous découvrons un terminal bien organisé et des informations facilement disponibles. Une multitude de bureaux d'information et de vente de tickets nous renseignent vite sur les horaires (affichés). Si on ajoute la retape, habituelle sur ce continent,  que font les bus en partance, on trouve très vite ce que l'on cherche.
Moins d'une heure plus tard, nous sommes repartis vers Otavalo. 

Otavalo et son marché…
Nous arrivons à destination vers 18 heures, à la tombée du jour. 
A la descente du bus, une femme nous propose son hôtel et comme elle annonce des tarifs séduisants, nous la suivons… Pour voir… 
L'hôtel "El Geranio" n'est pas cité dans notre guide  mais il est bien situé. Assez sympathiquement rustique mais pas trop, l'ambiance "sacadoïste" y est plutôt familiale. (juste de quoi confirmer nos dispositions routardes et aventureuses…). Nous nous y installons pour quelques jours. Notre gîte est situé dans un quartier calme; nous n'y serons troublés que par les coqs qui braillent toute la nuit. Mais on peut supposer qu'ils s'égosillent ainsi dans toute la ville.

Otavalo est une petite ville (environ 50 000 habitants) dont la majorité des habitants sont indiens ou métis et qui est très connue pour son marché artisanal du samedi. Dans cette région, le tissage est pratiqué depuis plus de 1500 ans. Les indigènes qui ont développé cette activité traditionnelle et lui ont trouvé des débouchés mondiaux, sont maintenant propriétaires de nombreuses entreprises de l'économie locale (boutiques d'artisanat, restaurants, agences, exportation de textile…). Cette communauté amérindienne est considérée comme la plus prospère d'Amérique latine. Malgré ou grâce à cela, ils ont gardé une identité culturelle forte. Leurs traditions et leurs costumes (y compris les chapeaux pour les hommes et les femmes.) sont très présents dans le quotidien. Les cheveux longs et tressés des hommes,  les corsages brodés des femmes ne sont pas du folklore. 
Il n'est pas rare ici, de voir une famille indienne traditionnelle débarquer d'une Mercedes rutilante, au milieu de ses compatriotes  plus démunis, dont les femmes portent sur leur tête, tous les fardeaux de leur famille.

Nous passerons le samedi au marché qui est implanté sur trois places différentes et dans les rues qui les relient. 
Une place propose des animaux vivants et de la volaille; la seconde des denrées alimentaires classiques (légumes et viandes) et la troisième, qui fait la célébrité du marché, propose des textiles et des produits artisanaux. 
L'ambiance est animée et populaire. Sonore aussi… Nous sommes un peu étourdis par la profusion de couleurs, de tapis, de tee shirts et de sacs… Après avoir tourné quatre ou cinq fois un peu partout, nous finissons quand même par faire un tri et par repérer des objectifs d'achats. Nous terminons les bras chargés de nos trouvailles, par un bout de cochon grillé et un cornet de haricots secs mangés avec les doigts dans le marché alimentaire. C'est très odoriférant, mais c'est aussi très bon…

En attendant Noël, on se fera une petite promenade montagnarde (Un peu sportive au goût d'Anyvonne) vers une belle cascade. Vue sur les volcans et les lacs environnants. Très très beau… On pense un peu à l'Auvergne, en immensément plus vaste…
Nous passerons le réveillon proprement dit avec l'équipage de Ma'Ohi. La soirée commencera dans notre chambre par  un apéro musclé et une distribution de cadeaux. Elle se poursuivra dans un restaurant un peu "chic-intello-branché" où nous serons voisins d'une immense tablée familiale d'indiens en costume. Au moins quatre générations sont réunies ce soir là pour la fête. L'ambiance est chaleureuse.
Nous finirons la soirée dans un bar à "Pena". Ces sont des endroits où jouent le soir, des groupes de musique andine. Cette région est réputée la meilleure en musique de ce type. On en profite et apprécie vivement.

Après deux jours de promenades autour des lacs et des volcans environnants, nous repartons passer quelques jours à Quito.
 

Cyber Quito, ses rues,  ses  musées
Nous resterons une semaine dans cette ville.
Sur le site  de Quito, les Incas avaient établi une capitale réputée très riche et brillante. A l'arrivée des espagnols et devant la perspective de leur défaite militaire, ils ont détruit et enseveli toutes ces richesses. 
La ville fut entièrement reconstruite par les nouveaux occupants. Le vieux Quito, résolument colonial, est équipé de quantité d'églises, de monastères et de bâtiments à vocation militaire. L'ensemble pourrait être superbe s'il n'était aussi décrépi.  Une action de réhabilitation semble débuter et peut être que dans quelques années…. 
De plus les rues principales du vieux quartier sont en permanence envahies d'échoppes "d'articles à 10 francs, made in Taiwan", qui créent une ambiance "Mont St Michel" un peu lassante. 
    Quelques endroits sortent malgré tout du lot: 
L'ensemble monastique San Francisco.
Superbe église sur un beau parvis. On trouve là, la meilleure boutique de reproductions d'art pré colombien et d'artisanat équatorien, de Quito. (C'est le genre d'endroit qu'on aimerait trouver en sortant du musée, mais là bas  personne ne semble connaître son existence).

La place Santo Domingo, 
où la foule du dimanche se rassemble autour de bonimenteurs, d'acrobates et d'avaleurs de sabres en tous genres.
Il y en a encore d‘autres, mais vous aurez compris que ce quartier n'a  pas été notre coup de cœur.
De la place Santo Domingo, vous pouvez prendre le trolley. C'est la réalisation moderne et récente du transport  en commun quiteno. Il vous dépose rapidement dans les quartiers plus modernes et particulièrement dans celui  de Mariscal où sont concentrées les ressources touristiques. 

Le quartier Mariscal
C'est là que nous prendrons un hôtel (Il y en a énormément, pour tous les goûts et à tous les prix.), car le quartier est réputé calme et sûr. Nous trouvons agréable aussi qu'il soit proche de centres d'intérêt comme le musée et la Casa de la Cultura. 
Les rues y sont animées et les restaurants et cafés abondants. Généralement nous serons étonnés  par le développement d'Internet et des "cybercafés" en Équateur, mais ici nous sommes littéralement sidérés par l'abondance. Dans les rues fréquentées on trouve au moins un cybercafé tous les 50 mètres, pour un dollar de l'heure. Gérard va en faire une overdose, durant ce séjour.
Nous flânerons là, pendant quelques jours, entre nos visites aux musées. 

La Casa de la Cultura
Il faut dire que nous nous prendrons de passion  pour le musée ethnologique de la Casa de la Cultura. Nous y ferons plusieurs visites et  y apprendrons énormément sur l'origine du peuplement du pays. Les objets pré colombiens qui y sont exposés sont très beaux et souvent émouvants de modernité et de simplicité 
(C'est particulièrement vrai des poteries – Gérard y a été conquis par les petites statuettes féminines en céramique qu'on appelle les Vénus Valdivia).  La présentation de l'ensemble est très didactique. 
Nous devons toutefois reconnaître que dans la progression chronologique, notre intérêt a beaucoup baissé dès l'entrée dans la période coloniale espagnole. L'intelligence esthétique y est  brutalement remplacée par une sorte de sado masochisme religieux allié à une bigoterie édifiante.
Il n'est pas agréable de constater que notre ethnocentrisme européen , aidé par notre maîtrise de la poudre à canon, nous ait permis de qualifier ainsi ces peuples de "sauvages".
Mille pardons…
 
 

Quelques échappées intéressantes autour de Quito: 
Mitad del Mundo.
En 1736, une équipe de scientifiques français est venue ici pour  calculer la position exacte de la ligne de l'équateur. Parmi les résultats de ces travaux, qui durèrent  8 ans: des précisions sur la forme de la terre  (un peu aplatie aux pôles et enflée à l'équateur) ainsi que les bases du système métrique.
Pour commémorer ces hauts faits scientifiques, on a érigé les bustes des  savants français, le long d'une ligne de quelques centaines de mètres,  matérialisant l'équateur qu'ils avaient calculé. 
Il est assez surprenant de voir l’acharnement des touristes qui visitent le coin, à se faire photographier à cheval sur la ligne ou sautant par dessus…. Hélas, hélas, nous l'avons fait aussi !!!
Les scientifiques s'accordent aujourd'hui à penser que depuis tout ce temps, dérive des continents aidant, l’équateur se serait déplacé de quelques kilomètres. Rien n'est jamais acquis!
Sur la ligne, on a aussi érigé une sorte de tour / obélisque d'une trentaine de mètres, construite en blocs de lave. Elle sert de belvédère pour offrir une vue plongeante sur la l‘équateur, mais elle abrite surtout un intéressant musée ethnologique. Il montre essentiellement les caractéristiques du peuplement indien actuel du pays. Venant après le musée de Quito qui exposait surtout ses origines et son histoire, cette visite montre une intéressante continuité.

Les Banos de Papallacta
Cela commence par une promenade en bus de 2 heures dans l'Est de Quito. Dans un paysage montagneux superbe et grandiose, elle vous amène, par le col de Papallacta à un peu plus de 4000 mètres d'altitude. Puis vous vous faites déposer au bord de la route, au pied d'un chemin qui grimpe pendant un bon kilomètre dans la montagne. Au bout d'une petite demi heure de marche, vous atteignez les bâtiments bas qui équipent les thermes de Papallacta. Une source d'eau chaude alimente 5 bassins à ciel ouvert, que l'on pratique du moins chaud au plus brûlant. C'est un endroit très apprécié des quitenos, parce qu'il est très beau et pas trop éloigné de la ville
Quand nous arrivons là, il fait assez froid (sans doute une douzaine de degrés) et surtout il pleut. Oh pas vraiment le déluge, mais plutôt une bruine froide, insistante et insinuante. Comme il est midi passé, nous reculons le moment du déshabillage en plein air, en nous arrêtant déguster une truite frite. C'est une spécialité de la région et on la sert dans deux ou trois petites gargotes tenues par des indiens à l'entrée des thermes.
Mais enfin, on ne peut pas reculer indéfiniment. Quand nous entrons dans l'enceinte des bains, la vue de tous ces gens en maillot de bain sous la pluie froide nous réfrigère littéralement. Mais bon, vous connaissez notre courage! On se retrouve donc rapidement à poil, et on se précipite vers le premier bassin. 
Là commence l'enchantement: la tête dans les nuages, sous la pluie froide,  le corps baignant dans une douce chaleur, autour de 35 °C, votre regard s'évade vers les crêtes du volcan Antisana, à 6000 mètres d‘altitude. C'est magique. On ne veut plus partir. Entre chaque bassin, une douche, voire un bain froid vous fouette le sang.
Dans ce bouillon tiède, tout le monde clapote et papote. Ce n'est pas la foule, mais c'est peuplé tout de même. Nous y ferons la connaissance d'une famille de canadiens de Vancouver, qui sont installés à Quito depuis 17 ans. Très contents de l'occasion rare d'exercer leur français.
Le retour, debout dans un bus bondé, nous amènera directement à notre lit. Que tout cela est donc épuisant…

Avec l'an nouveau nous abordons le Sud du pays.
Sur la route du sud, notre trajet emprunte "l'allée des volcans". C'est le haut plateau central, bordé à l'Est et à l'Ouest par les deux chaînes de montagne déjà citées. Ces montagnes sont généralement des volcans dont certains sont encore en activité. Imbabura, Pichincha, Cotopaxi, Tungurahua, Chimborazo … tous entre  5 et 6000 mètres. 
Des fumées s'échappent en permanence de certains sommets. C'est superbe et majestueux. 
Baños, c'est Chamonix sur les Andes.
Notre première étape nous amènera à Banos qui est une petite ville très prisée des circuits touristiques. Nous serons déçus. C'est l'exact équivalent d'une station alpine en été. Aucune vie, autre que touristique, n'y est observable: Un hôtel, une agence de tourisme, un restau, un magasin de souvenirs… et on recommence. 
Ce n'est pas notre tasse de thé. 
Les rues sont peuplées de jeunes européens ou américains discutant de leur prochaine course ou racontant leur dernier exploit… T'as fait le Cotopaxi? T'as fait la descente en raft? T'as fait le  Chimborazo? La marche, la course, le vélo???
Eh bien non, on n'a pas fait… 

Autour de la basilique, une partie de la ville échappe à cette frénésie sportive. Là c'est plutôt Lourdes. Toute la place devant l'édifice est couverte de stands de souvenirs religieux.
Décidément tout ça nous interesse modérément... Ainsi, bien qu'arrivés le 1er au soir, le 2 à midi nous sommes repartis…

Riobamba et son "Ferrocarril Transandino" 
Vous devez bien avoir vu au moins une fois, un film publicitaire qui montre un  chemin de fer bringuebalant  sur les cimes andines. Généralement, le train s’y promène aux accents de la musique locale, dans des paysages somptueux en transportant sur le toit des wagons, toute une faune de voyageurs très haute en couleurs. 
Ce pouvait être pour Jacques Vabre et son café  mais aussi pour des boissons ou des chewing  gum. 
Ce souvenir constitue pour nous une des raisons de notre présence ici et nous sommes impatients de faire la connaissance de ce chemin de fer.

Hélas, hélas, la concurrence de la route et les difficultés d'entretien des voies dans un tel décor, ont tué le chemin de fer tant espéré. Depuis quelques années, il n'existe plus de service régulier. Seul un service touristique restreint est assuré par quelques cheminots passionnés qui tentent de faire survivre ainsi ce qui a été leur métier.
Trois voyages par semaine, les mercredis, vendredis et dimanches emmènent leurs passagers, dès 7 heures du matin et pour 15$, sur la partie la plus pittoresque et la plus impressionnante du réseau ferré équatorien. Les billets sont en vente la veille au soir, à 18 heures précises, à la gare de Riobamba.
Le mardi 2 janvier au soir, nous faisons donc la queue avec d'autres touristes pour acheter nos billets. 
Des cheminots nous expliquent le voyage: Les cent kilomètres qui séparent Riobamba de Nariz del Diablo, sont entretenues "bénévolement" depuis plus de deux ans par une équipe de cheminots. Aucun financement n'est concédé par l'état. 
Les saisons des pluies sont très redoutées, car le ruissellement entraîne les terrains et les voies qui y sont installées. Les éboulements, petits ou plus importants, sont quotidiens… 

Maintenant, le train n'existe donc plus que par leur volonté et par l'intérêt manifesté par les touristes.
Ils sont très fiers de leur Ferrocarril  et tiennent beaucoup à maintenir son fonctionnement.
Le lendemain matin, le petit jour nous trouve sac au dos, au pied du train. Celui ci, tiré par une grosse motrice diesel, est constitué de deux wagons de marchandise fermés et de deux wagons de voyageurs. Les premiers sont équipés d'échelles qui donnent accès au toit. C'est là que  s'installaient les voyageurs de deuxième classe. C'est évidemment là que veulent s'installer les touristes aventureux, dont nous sommes. Les sacs sont enfermés dans un des wagons et nous grimpons sur le toit. C’est une surface bombée, bordée par une petite rambarde, de 5 cm de haut, où appuyer les pieds. Deux rangées de voyageurs peuvent s'y asseoir au milieu, chacune tournée vers un bord du train.
Les voyageurs plus timorés peuvent s'installer dans les wagons de première classe, en queue de train… Mais ca ne nous concerne pas, vous nous connaissez…
A 7 heures 30, le train démarre doucement. Si vous n'avez pas eu le temps de déjeuner, aucune inquiétude: de jeunes indiens vont passer tout le voyage à arpenter acrobatiquement les toits des wagons. Ils se faufilent au bord du vide, en s'accrochant aux passagers, pour leur proposer jus de fruits, gâteaux ou empanadas… Il paraît qu'il n'y a jamais eu de chute depuis la création du train, en 1908!

Le voyage dure 7 heures. C'est fascinant, impressionnant, beau et inconfortable. (Comme dans la pub citée plus haut, musique en moins).
On laisse au loin le magnifique Chimborazo, qui a des allures de Mont Blanc avec ses neiges éternelles, et on serpente entre les collines le long des  rivières et des torrents. A mesure que le temps passe et que le soleil monte dans le ciel, on se réchauffe peu à peu. 
Progressivement, le relief s’accentue et nous nous ruons maintenant le long de gorges profondes. On file ainsi un bon quinze kilomètres heure , quand une secousse brutale arrête le train en pleine montagne, au bord du vide. Consternation inquiète. On a simplement déraillé… Ben voyons… Un train, ca déraille, c'est bien connu… 
Les cheminots sortent des barres de fer et ça s'active sous les wagons. On fait levier, on pousse, on tire… On remet finalement la roue fautive sur ses rails. Et on repart… Où est le problème???
Dix kilomètres plus loin, ça recommence et on finit par s'habituer. Même quand ça arrive à l’à pic d’un précipice. 
Et on n'a pas tout vu. Le pire est a venir, après la petite ville d'Alausi, quand on attaque les choses sérieuses  avec

La Nariz del Diablo.
Le nez du diable. C'est  une paroi rocheuse quasi verticale, qui plonge au loin, tout en bas d'une gorge. Pas moyen de l’éviter pour aller jusqu'au fond. La voie est creusée dans la muraille. Étroite! Pentue (environ 10%)! C'est la première fois que nous voyons un train faire des lacets à  flanc de montagne. On était prévenu, mais on n'avait pas réalisé. Comment va - t - on faire pour prendre le virage, au bout de la paroi?
Eh bien:  Imaginez un grand zigzag. Le train arrive le long du premier zig. Au bout, il s'arrête sur une courte voie de garage, puis il  repart à reculons le long du zag. Vous suivez? A la fin d'icelui, même arrêt sur une courte voie de garage, pour repartir, en avant cette fois, sur le 2ème zig. A chaque fois, on descend d'une bonne cinquantaine de mètres. 
A chaque arrêt on retient son souffle. La paroi rocheuse ou nous jouons est vraiment vertigineuse… Mais au bas de la paroi, 150 mètres plus bas,  les canards sont toujours vivants pour vous le raconter.
Au fond de la vallée, c'est le bout du voyage. On est face à un aiguillage dont une voie continue au sud jusqu'à Cuenca  pendant que l'autre file vers l'Ouest jusqu'à Guayaquil. Il n'y aura sans doute plus jamais de trains à franchir cet aiguillage. 
Pour ce qui nous concerne, un système de voies de garage permet à la motrice de se placer à l'autre bout du convoi et donc de faire demi tour. 
Et c'est reparti pour le zigzag, dans l'autre sens. Une heure plus tard, nous sommes de retour à Alausi où nous abandonnons le train pour chercher un bus.
Cuenca en Mai
Il est quasiment 19 heures quand nous arrivons en ville. Epuisés… Nous avons repéré sur notre guide un hôtel qui paraît sympa et pas trop cher: "El Cafecito". L'arrivée est un peu surprenante: Dans une cour intérieure protégée par une verrière, autour de petites tables rondes, une foule de jeunes branchés –  jeunes équatoriens et touristes sacados mêlés – expriment très bruyamment leurs projets de rénovation du monde. . 
Le décor est un mélange kitsch, artiste avant garde et indien… C'est assez plaisant mais on verra demain. Pour l'heure on cherche une chambre. Au milieu de toute cette jeunesse, on se sent un peu décalé. Espérons qu'il n'y a pas de limite d'age! Heureusement, on a un sac à dos!!! Mais non, il n'y a pas de limite et on nous trouve vite une chambre calme, qui s'ouvre sur le jardin intérieur. 
Le lendemain nous arpentons la ville. Boutiques d'artisanat,  églises anciennes, musées, quelques très  beaux  exemples d'architecture coloniale… La cathédrale est superbe avec ses coupoles émaillées de bleu et incrustées d'or. 
Cuenca est réputée être la plus belle ville coloniale du pays. On le croit sans peine. Les places ombragées sont reliées par des rues calmes. On échappe ici à la lèpre des échoppes de "souvenirs plastiques, made in Taiwan" qui encombrent les rues du vieux Quito.
La promenade est agréable et tranquille, jusqu'à ce que nous voyions surgir devant nous des bandes de jeunes gens excités, courant avec leur foulard sur la bouche. Les suivent de très près, une fumée qui pique fort les yeux ainsi que des bruits d'explosion: Des grenades lacrymogènes précèdent des hordes de policiers qui se ruent,  matraque en avant. C'est Mai 68. Les collégiens sont dans la rue.
On se renseigne (après s'être prudemment garé du "trafic"). Ils manifestent contre l'augmentation du prix des transports en commun qui vient d'être décidée unilatéralement par les coopératives de bus. Entre 40 et 70 % d'augmentation.
Pour corser la situation, les bus commencent eux aussi à se mettre en grève. Ils entendent ainsi combattre  l'hésitation du gouvernement à entériner cette hausse, 
L'inquiétude nous prend de rester bloqués ici, à 800 kilomètres du bateau. Mais avant de s'affoler, on a encore une visite à faire:
 
Les traces d'une civilisation orgueilleuse dans les ruines Incas d'Ingapirca


Le site est situé à deux heures de bus au nord de Cuenca. Nous retraversons à cette occasion le pays Canar qui aujourd'hui n'est pas dans le brouillard. Comme toujours, c'est très beau. Mais ici, les vastes pentes majestueuses sont couvertes d'un damier multicolore de champs de légumes qui témoignent d'une agriculture intensive. Nous traversons un paysage beaucoup plus travaillé que ce que nous avons rencontré auparavant en Amérique Latine. Il est clair que les indiens de par ici sont plus laborieux que les populations que nous avons croisées ailleurs. Leurs costumes sont plus colorés que ceux du Nord. Les chapeaux sont blancs et les vêtements alternent le mauve, le rose et le jaune.
Au bout du chemin, assez haut dans la montagne, les ruines que nous sommes venus voir se profilent sur une crête.L'ensemble domine les vallées alentour. Les murs en ruine, assemblage sans mortier de gros blocs de pierre taillée, sont impressionnants.
 L'origine Inca est certaine, mais était ce un fort, un temple, un camp militaire???
L'état de conservation du site fait surgir une question:
Ce sont des traces plus que des ruines.  Cela rappelle les camps romains en France ou les villes de l 'empire byzantin en Turquie. 
Pourtant, les Incas sont venus et ont construit ici, un siècle seulement avant les espagnols. Au cours du 16ème  siècle. A l'époque où on construisait en France les châteaux de la Loire… 
Le contraste est déroutant.
On nous donne l'explication: A l'arrivée des espagnols, quand il a vu qu'il serait vaincu militairement, l'empereur Inca Atahualpa ordonna la destruction et l'enfouissement de toutes les constructions prestigieuses de l'empire. Tout fut donc rasé et ensablé.  Les dignitaires Incas se jetèrent ensuite avec leurs vierges dans le cratère du volcan tout proche. Tout disparut donc, au point qu'à leur arrivée les espagnols ne découvrirent pas de traces de ces constructions monumentales. Il a fallu des fouilles archéologiques pour mettre à jour le site d'Ingapirca, il y a seulement une trentaine d'années.
Cette visite nous fait regretter de ne pas aller voir un peu plus loin, au Pérou, les sites beaucoup plus impressionnants de Cuzco et du Machu Pichu. Mais pour sortir d'Équateur, nous n'avons sur nous que des copies de nos passeports. Ce sera donc pour le prochain passage…

Le retour au bateau.
Les nouvelles alarmantes concernant les possibilités de grève générale des transports se confirment. Déjà, notre projet de rentrer le long de la côte, par Guayaquil, tombe à l'eau, car dans cette ville, les bus interrégionaux sont bloqués. A Quito, ce sont les bus locaux qui sont arrêtés. Nous sommes samedi et nous apprenons que demain les bus de Cuenca fonctionneront encore. Aucune décision ne sera prise avant lundi. Nous prenons donc immédiatement la notre: Après une dernière soirée (qui se révélera chaude et arrosée de Canelazo), nous prendrons demain matin le bus direct Cuenca – Quito. Là bas, on sera déjà plus près du bateau... Le voyage est un peu écourté mais on se rattrapera aux Galápagos.
Le dimanche soir, nous retrouvons donc notre hôtel quiteno. Le lundi, les nouvelles s'améliorent . Des accords entre les transporteurs et l'état ont abouti à la suspension de la  grève des transports. On pense autour de nous que l'accalmie sera courte, car ces accords entérinant la hausse des prix, les étudiants et les indiens ne devraient pas tarder à revenir dans la rue.
Le mardi, nous trouverons tout de même un bus qui nous ramènera tout droit à Esmeraldas et le soir, au bateau.
Au moment où nous rédigeons ces lignes, il s'avère qu'effectivement les grèves et manifestations ont repris de plus belle fin janvier. A suivre…
Le vrai début de l'aventure Pacifique.

 Notre première traversée d'importance, dans le grand océan.

Tous ces jours passés dans le port un peu glauque d'Esmeraldas nous ont donné une furieuse envie de naviguer à nouveau.
En plus, notre programme qui mentionne toujours l'île de Pâques nous presse un peu. Pour ne pas trop risquer de mauvais temps là bas, nous devrions être repartis de cette île début mars. Et donc, nous devrions y arriver avant… Et comme il faut une vingtaine de jours pour y parvenir, il faut se presser.

Le 17 janvier, après nos adieux à Ma'Ohi que l'on espère retrouver un jour en Nouvelle Calédonie, nous reprenons la mer vers les Galápagos. Un peu plus de 600 milles nous séparent de San Cristobal qui est l'île la plus proche. Une bonne moitié du parcours est prévue (et se réalisera) au près serré. Mais sur la fin du trajet, le courant aidant un vent plus favorable, nous ne mettrons que 6 jours pour arriver.
Sur cette route, nous serons surpris de rencontrer très loin au large, de petits bateaux de pêche. Jusqu'à plus de 400 milles des côtes. A part ça, nous ne croiserons qu'un seul cargo…

Un après midi, vers 15 heures,  le GPS du bord se met à dérailler furieusement. Le point annoncé se ballade sur tout le globe de manière fantaisiste. 
La Panne!
Gérard est atterré. On a bien un petit GPS portable de secours, avant de se rabattre sur le sextant, mais ce n'est vraiment pas le moment. Il consomme beaucoup de piles et ne peut pas fonctionner en continu, mais on peut s'en servir pour un point périodique; comme un sextant. On vérifie son fonctionnement et on se résigne. Il faudra acheter un stock de piles aux Galápagos. Gérard rêvasse à l'entrée dans les passes des lagons polynésiens atteints à l'aide du seul sextant… 
Du pur Moitessier...
Soudain, à la tombée de la nuit, le GPS principal se recale correctement. 
Soulagement!
Depuis, il n'a plus fait de fantaisies. Touchons du bois…

Le 23 Janvier au matin, le soleil levant nous laisse discerner sur bâbord  les côtes attendues. Encore une vingtaine de milles le long de la côte nord de l'île, pour atteindre Puerto Baquerizo où nous  arrivons en milieu d'après midi. Nous découvrons là que l'entrée de la baie , large mais pas très claire, a déjà servi de piège à un petit cargo qui gît sur des hauts fonds, sous les assauts de la houle déferlante. Il s'appelle Jessica. Nous ne savons pas encore que c'est un pétrolier célèbre .
 

Puerto Baquerizo en plein drame
L'essentiel du port est encombré de barques de pêcheurs et de quelques vedettes et gros voiliers qui contribuent au tourisme local. – Cette île possède maintenant un aéroport et devient donc un point d'embarquement  possible pour des excursions dans l'archipel. – 
Nous cherchons notre place un peu plus à l'extérieur, au milieu de quelques remorqueurs et bâtiments de la royale d'ici. Dans cette foule, seul un petit voilier brésilien semble de notre univers.
Rapidement nous comprendrons qu'il se passe ici quelque chose d'inhabituel mais nous ne saurons que le soir, en relevant nos Email, et après le monde entier, que le Jessica était un pétrolier…
Apparemment, les télés du monde entier vous entretiennent régulièrement de la catastrophe que nous ignorions.
Le lendemain matin, nous débarquons pour nous renseigner plus avant. En tous cas, nous ne voyons pas de traces de mazout sur l'eau. Ni sur les oiseaux et les otaries qui s'ébattent dans le port. Ni sur la plage. Alors???
En fait, cette île a eu beaucoup de chance. Les courants et le vent portant à l'Ouest Sud Ouest, le combustible qui s'est échappé est parti lui aussi dans cette direction. Et par là, c'est surtout l'océan.
Mais ce qui nous intrigue, c'est que bien que l'épave soit proche de la côte et assez souvent accessible, on n'a pas l'impression qu'on essaie réellement de la vider. Nous ne saurons jamais ce qu'il en a été de ce point de vue.
Tout ce que l'on peut voir, c'est un bateau pompe qui répand des produits dispersants, à longueur de journées, à l'ouvert  de la baie. Les seuls autres personnages actifs de la scène sont les équipes de télé et les écologistes dont on parle par ailleurs.
Une ou deux fois, nous verrons deux gros remorqueurs tenter de redresser l'épave qui est couchée sur le flanc, en tirant sur ses mats de charge. Pourquoi faire, quels sont leurs espoirs??? 
Nous n'y croyons pas et ils n'y arriveront pas. Seuls les mats se casseront.
 
Des brésiliens, des passeports et des otaries…
En trois jours, nous aurons fait le tour de Puerto Baquerizo.  Le plus remarquable sera pour nous les colonies d'otaries qui pullulent littéralement dans le port. Vautrées sur les bateaux, jouant dans l'eau. Dès qu'un équipage quitte un bateau pour aller à terre, il y a toujours un otarie pour venir occuper le cockpit. Ces animaux semblent avoir une philosophie contemplative de la vie qui séduit Gérard. Chasser un peu la nuit, pour manger; et passer la journée à dormir au soleil. Se rafraîchir de temps en temps en allant jouer dans l'eau. Et pour le reste, cultiver sa graisse. On irait bien les rejoindre dans l'eau mais ici, pétrole aidant, l'eau n'est quand même pas très claire.
Nous ferons la connaissance des navigateurs brésiliens entrevus plus haut. C'est un couple de jeunes gens bien élevés de Rio de Janeiro. Ils sont arrivés ici par Panama et  sont résolus à voir la Polynésie. Il semble que leurs parents ne partagent pas leur enthousiasme; aussi envisagent ils de revenir par le cap Horn, après la Polynésie!  Pour l'instant ils attendent le retour de leur passeport, qu'ils ont confié à l’administration équatorienne pour une prolongation de visa. Nous croyons qu'ils ont eu tort. Il devaient venir à Isabella aussitôt qu’ils l’auraient reçu. Trois semaines plus tard, il ne sont toujours pas apparus…
Le reste de l'île ne nous attire pas trop et l'agitation ambiante  nous encourage à partir pour Isabella.
Le 27 janvier à la tombée du jour, nous faisons nos adieux à nos amis brésiliens et nous mettons en route pour Puerto General Villamil, sur Isabella. C'est à 80 milles d'ici et nous y arriverons le lendemain après midi, après une nuit de traversée sans histoire. Nous aurons aperçu au passage les silhouettes de Santa Maria et de Santa Fe, ainsi que les lumières de Santa Cruz.
Quel changement et quel bonheur. La rade de Puerto Villamil est protégée par un ensemble de petits îlots et de récifs qui nous rappellent Bréhat. Mais ici on mouille sur du sable dans une eau turquoise. A l'abri de la houle et du clapot. Le rêve. Et puis on est quasiment seul. Seul voilier en tous cas. Le  "ferry boat"  de l'île (genre vedette de Bréhat) mouille périodiquement près de nous. Il assure deux liaisons par semaine avec Santa Cruz.
De temps en temps un cargo vient mouiller dans l'entrée de la baie à un demi mille d'un appontement.  Son arrivée déclenche une noria de lanchas et de barges qui procèdent à son déchargement. Cela peut durer plusieurs jours. On verra aussi un pétrolier venir ravitailler l'île. Deux barges équipées de petites citernes et propulsées par des lanchas à couple, mettront deux jours à transborder son chargement vers un camion citerne de l'île.
Nous sommes seuls mais le spectacle est quand même assuré.
 
 Isabella est l’île la plus grande  et la moins visitée des Galápagos.
Le tour du village est très très vite fait. Deux ou trois restaurants et autant d'épiceries partiellement achalandées et complémentaires. 
On y trouve aussi l'hôtel Ballena Azul. Et ca, c'est incontournable! Dora qui le dirige est absolument charmante mais elle est aussi un puits de renseignements sur l'île et l'archipel.
C'est une suisse allemande dans nos ages, qui est installée ici depuis une dizaine d'année. Elle adore parler français et nous venons assez souvent chez elle pour boire ou manger quelque chose.
Elle nous décidera même à faire, avec deux de ses clients, la promenade à cheval jusqu’au cratère du volcan Santo Tomas qui surplombe le village. Ce fût  superbe. Dans cette région de l'île, on repense à Lanzarote qui nous avait tant plu.
Cette promenade nous permettra de connaître Hector. C’est un agronome/géologue argentin qui  nous apprendra des choses intéressantes. Par exemple, que la terre qui est sur les hauteurs et qui grâce à l'humidité ambiante permet une agriculture assez riche; provient d'une altération de la lave solidifiée, sous l'action des agents extérieurs (Pluie, vent, température, soleil…). Jusqu'à présent, il faisait ses recherches à Buenos Aires, à partir de cailloux rapportés. C'est la première fois qu'il peut venir et observer sur place. Il est heureux et ému. Comme nous…
Le reste du spectacle se passe sur et autour des îlots qui entourent notre mouillage.

Une petite colonie d'otaries habite une épave en devenir, qui est abandonnée à une encablure de Getaway. Leurs cris (genre vomissements d'après trop boire…) et quelquefois leur odeur animent le paysage. Une ou deux viennent parfois faire le tour du bateau et parfois investir sa plage arrière. Pas craintives, mais pas trop familières non plus. 

Un peu plus loin, un îlot de lave brute facilement accessible, abrite une foule d'iguanes marins. 

Il y a même sur sa côte, une échancrure étroite dans la lave où viennent, paraît il,  dormir les requins. Nous y retournerons moult fois sans jamais y  voir la queue d'un squale… 
Lors de notre découverte de  cet îlot, en nous approchant d'une plage bordée de mangrove, nous entendons bêler une chèvre. Tiens, voilà un animal qui n'était pas prévu!  Nous voilà partis à sa recherche en nous guidant sur son bêlement. Et nous tombons sur… un bébé otarie qui crie après sa mère, caché dans un trou de la mangrove. Nous ne nous approcherons pas plus car des adultes sont vautrés sur le sable,  tout près. S'ils ne paraissent pas s'occuper du petit, peut être que sa mère est quand même parmi eux  et nous ne souhaitons pas éveiller son agressivité.
 
 

L'urgence de l'île de Pâques met un terme à notre vie sauvage à Isabella.
Un crochet de deux jours par Santa Cruz pour refaire le plein de frais et les formalités de sortie, puis nous voilà repartis. Le 5 février au soir, nous voyons Santa Cruz disparaître à l'horizon. Au milieu de la nuit, nous longeons l’île de Santa Maria par l'Ouest , et le matin les Galápagos ont disparu.
Nous nous installons dans la routine d'une longue traversée vers Pâques. Deux mille milles et vingt jours en perspective. 
Nous prévoyons de descendre sud sur environ  400 milles, pour longer par l'Est une zone réputée inconfortable, large de 200 milles et  qui s'étale à l'Ouest du 90ème méridien, jusqu'au 8ème sud. Ca nous promet une première semaine de près serré. Mais on sait que le bonheur du portant nous guette et que le temps travaille pour nous.
 Nous naviguons ainsi, depuis trois jours, entre 90 et 91° W à la lisière de la zone à éviter, dans des vents plutôt légers.
La défection de l'étai volage
La nuit du 7 au  8 s'annonce ventée et vers 23 heures, nous prenons un ris et quelques tours de génois. La mer est un peu confuse, mais ca reste acceptable. Vers 4 heures du matin, Anyvonne réveille Gérard:
-Viens voir, j'ai entendu un bruit sec, et je trouve que le pataras a l'air tout mou…
C'est le genre d'information qui réveille le capitaine. Vite un gilet et sur le pont! 
Effectivement le pataras paraît bien mou. Vite un saut à l'avant: là aussi, l'enrouleur de génois paraît tout chose. Il pendouille même. 
C'est clair, l'étai s’est rompu. 
Vite on abat vent arrière et on masque le génois avec la grand voile. 
Vite on essaie de mettre à poste l'étai largable qui, comme son nom le laisse entendre, est effectivement largué. Mais un étai largable bien réglé au port quand l'étai est tendu, ne veut absolument pas se mettre en place dans le clapot désordonné quand l'étai n'est plus là. Il faut faire appel à des clés plates qui ne sont jamais les bonnes,pour desserrer les ridoirs et réussir à crocher la chape de fixation sur le pont. 
Mais enfin c'est fait avant que le mat ne tombe!
L'urgent étant assuré, on se repose quelques instants. Vent arrière on ne risque rien d'immédiat. Mais il va quand même falloir amener le génois. Et comme c'est lui qui tient l'enrouleur et que plusieurs tours étaient pris???
Finalement, après deux  bonnes heures de bagarre sur le pont, tout est enfin à plat: le génois "ferlé" autour de l'enrouleur qui lui, est plié en épingle à cheveux par le milieu. Malgré cela, l'ensemble déborde quand même de plusieurs mètres à l'avant et plonge dans le clapot. On réussit à le reculer un peu, et à soulager avec une drisse.
Il reste à envoyer un foc sur l'étai largable pour que le bateau redevienne manœuvrant et navigable. 
On peut alors attendre et réfléchir.

Attendre au moins que le jour se lève vraiment et se reposer un peu.
Et réfléchir qu'on est bien dans la m… qu'on aurait pu y être encore plus…. On réfléchit aussi  à une question "urgente" et à un débat "de fond"
-La question: comment faire pour finir de séparer le génois de l'enrouleur?
-Le débat: Vers où naviguons nous maintenant?
On trouvera la réponse à la question , perceuse à la main, en démontant le bas de l'enrouleur segment par segment. Tout le reste du génois pourra alors être retiré, plié et rangé. Les restes de l'enrouleur et l'étai lové tiennent maintenant entièrement sur le pont. Tout est clair et on peut avancer.
On identifie la pièce fautive: Ce n'est pas l'étai proprement dit, mais une pièce en inox qui fait le lien entre ce dernier et la tête de mât. Les idées de réparation viendront quand le capitaine pourra monter là haut, mais dans le clapot actuel il n'en est pas question.
Le débat élimine rapidement une première alternative: On ne peut pas continuer vers Pâques. Il n'y a là bas aucun mouillage assurément calme ni aucune ressource pour réparer. Exit donc.
Il reste les Gambier à 2700 milles ou les Galápagos à 300. Avec une petite préférence pour les Gambier, on conserve le cap à l'Ouest et on se donne la journée pour réfléchir. On cogite, on cogite… Le capitaine essaie de se persuader qu'on est en route pour les Gambier, mais en regardant la carte il trouve qu'il n'est vraiment pas raisonnable de continuer sur cette route longue et déserte avec un bateau 
diminué, alors qu'on est encore si près des Galápagos. 
Et avec une route au portant, si on ne tarde pas trop à décider...
L'équipage de Ma'Ohi qui est encore à Esmeraldas est consulté par radio et tout le monde finit par tomber d'accord sur l'opportunité d'un retour à Isabella.

Le jeudi 8 à 17 heure 30 on empanne avant la tombée de la nuit et on repart cap au 30.
Dimanche nous devrions arriver à Isabella.
 

Le retour du bateau prodigue…
Le dimanche midi, comme prévu, nous mouillons à notre place habituelle devant Puerto Villamil. Après un peu de repos, le capitaine fait une excursion en tête de mat. Il en revient avec une idée plus précise de ce qu'était la pièce qui a cassé. Il peut même en faire un dessin et le faxer à Ma'Ohi pour qu'il fasse usiner une pièce de remplacement, avant de partir d'Esmeraldas. On verra le résultat dans une quinzaine de jours
Dans le même temps, il tente par une succession d'Emails de faire envoyer de France une pièce de rechange originale. C'est  manifestement une pièce sensible et il a des doutes sur l'approximation du dessin qu'il a reconstitué. On verra ce qui arrivera…
En attendant, l'enrouleur a été entièrement démonté. A la scie, à la perceuse et au marteau… Certains profils ont pu être  redressés et nous avions des rechanges pour ceux qui ne le pouvaient pas. Les accrocs du génois n'étaient pas très importants et quelques pièces en ont eu raison. Nous sommes donc prêts à remonter quand nous aurons la pièce manquante.

A ce jour, nous rédigeons la gazette en attendant; nous nous baignons avec les otaries et les fous à pattes bleues...
Allez on n'est pas si malheureux….