LA GAZETTE DE L'A.R.B
Anyvonne Restaurant Bar
 
Polynésie III - Brèves de la rue polynésienne
N°19 - Juin 2002

Mimosa et son rôti de "mouchrons" 

(histoire rapportée par Anne, de Joran)

 

Un midi, l'équipage d'un bateau du chantier se pointe, un peu tard, pour manger chez Mimosa.

 

- Qu'est - ce qu'il te reste à manger ce midi?

- Ah... Y a plus que du rôti de mouchrons

- Argggh! Oui oui ... (coups d'œil discrets mais effarés de l'équipage). Et....ça se présente comment ce rôti aux moucherons? (sous entendu en brochette, au four?...)

- Ben tiens... C'est du rôti avec des mouchrons

- (Ah çà se précise). Et....le rôti , c'est quoi comme viande?

- Ben c'est du poulet...

Là, elle commence à les prendre pour des demeurés, je le sens...

Elle leur sort quand même son menu et  ils peuvent y lire: "rôti aux

mushrooms"

 

Et il était très bon, comme toujours, son rôti aux champignons...

 

 

Le Motu: une institution Polynésienne.


 Sur les îles, les plages sont quasi inexistantes. Voilà le pourquoi du comment vous vous demandez en arrivant ici, "Mais où vont donc les gens du crû, le week end quand l'île se vide ???"

Réponse : Ils vont au motu.

Ici, on va au motu comme chez nous on va à la grève, ou à la plage car seuls les motus ont du sable.

 

Deux particularités toutefois:

- On doit disposer d'un bateau, vu que le motu est une île,

- Il est bon de posséder une glacière (bien pourvue en bières fraîches et en boissons diverses, plus les denrées pour le barbecue ou le poisson cru bien sur...) car le motu c'est le désert et il on n'y vend pas de glaces sur la plage...

Et vogue le bateau.

Il faut bien se renseigner auprès des anciens sur les motus autorisés ou non. TOUS les motus appartiennent à quelqu'un, et les polynésiens sont très chatouilleux en ce qui concerne la propriété foncière. Les motus "tabus" sont parfois gardés par des chiens.

Certains, qui sont ouverts à tous, sont envahis en fin de semaine...Eh oui, comme à Houat, dis! Tous les popaas qui possèdent bateau, même petit, même tout petit, se donnent rendez vous dans ces endroits qui vont fleurer bon la grillade...

D'autres, plus éloignés, sont des havres de paix (Nao Nao au sud de Raïatea)... Ceux là, il faut les mériter...

Il n'y a pas que les popaas. Le motu est l'endroit idéalisé par les polynésiens pour se ressourcer. Que ce soit pour faire la fête, pour simplement pique niquer ou pour y "robinsonner" quelques jours, les Polynésiens ne laissent pas passer une occasion. Pour les fêtes comme Noêl, le nouvel an ... les îles se vident littéralement de leurs habitants qui vont faire la "bringue " au Motu.

 

Un aperçu de la tradition, sur le motu Nao Nao.

Le motu Nao Nao, au sud du lagon de Raiatea,  est "habité" à temps plein par Gilbert. C'est un jeune polynésien qui y est généralement rejoint en fin de semaine par la famille et les amis qui viennent "robinsonner" avec lui.

Un Dimanche matin, alors que nous sommes mouillés devant la plage depuis déjà quelques jours, le skipper décide d'aller saluer la compagnie:

Il est tôt et les derniers levés sont encore en train de déjeuner. Gilbert est attablé devant un plat de restes de langouste qu'il s'efforce de décortiquer. Ce sont sûrement ses croissants chauds à lui.

Prenant sans doute mon air étonné pour un regard d'envie, il me demande abruptement:

- Tu aimes la langouste?

- Oui bien sûr, mais...

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase dont je ne savais pas ou elle allait me conduire, que je me retrouve avec une belle langouste vivante dans les bras. Directement de la glacière sur laquelle il est assis.

 

Dans le même temps, une femme plus âgée, qui doit être sa mère me demande

- Vous voulez manger avec nous à midi? On fait un Poe de papaye, au four tahitien. C'est bon!!!

- Ben je vais en parler à ma femme...  mais oui, sûrement...  ça nous ferait plaisir...

Deux heures plus tard, alors que nous redébarquions pour déjeuner, Gilbert me demande:

- Alors elle était bonne la langouste?

- Mais nous ne l'avons pas encore mangée, ni cuite d'ailleurs. On pensait la manger ce soir.

- Ah bon, je croyais que vous alliez la manger tout de suite... Bon, en attendant, venez donc goûter notre poe...

C'est ainsi que sans plus d'embarras, nous avons mangé à la tahitienne pour la première fois...

 

 

Le Vaa ou pirogue à balancier polynésienne.

 

La pirogue garde une valeur hautement symbolique dans la société polynésienne. Elle figure même au centre du drapeau polynésien. La mémoire collective conserve sans doute par là, le souvenir que c'est elle qui a permis les grandes migrations ancestrales. 

Elles étaient de deux types:

- Pirogue double pouvant atteindre 30m, à pagaies ou à voiles, elle servait à la guerre ou aux voyages.

- Pirogue simple à balancier: entre 5 et 15m, pour les courtes traversées et la pêche, elle aussi à pagaie ou à voile.

Ce n'est vraiment qu'un souvenir car, détrônée par le moteur Hors Bord, la pirogue traditionnelle a complètement perdu son rôle de véhicule de tous les jours, pour la vie dans les lagons. Encore plus pour le transport entre les îles. On est très loin de ce que nous avons vu aux San Blas, chez les indiens Kuna.

En fait, on en voit très peu qui ne soient pas utilisées à des fins sportives. (C'est un peu comme pour le vélo en Bretagne...). Car le sport national polynésien est le VAA.

Il n'est pas un soir, dans quelque mouillage que l'on soit, où l'on n'ait vu une dizaine d'embarcations, de un à six rameurs, s'entraîner pour les courses locales, nationales ou supra nationales. Quelques grandes courses les amènent durant la saison, à s'affronter en pleine mer. Ce sont alors de longs marathons de plusieurs dizaines de milles dans la houle et le clapot. Impressionnant...

"Rien n'est plus contraire à l'idée d'indolence que l'on se fait des polynésiens que de voir l'énergie qu'ils dépensent à ramer. Le spectacle qu'ils donnent est d'une grande puissance et d'une grande beauté." dixit Jacques