LA GAZETTE DE L'A.R.B
Anyvonne Restaurant Bar
 
Polynésie III - Le journal de bord
N°19 - Juin 2002

Survol d'une croisière de rêve, dans les Iles sous le vent

Notre vie sociale, aux îles sous le vent. Bientôt la fin...


Survol d'une croisière de rêve, dans les Iles sous le vent
 

Même en Polynésie, le Paradis se mérite par un minimum de galère...

 

Brutal retour de France: ce début janvier 2002 nous voit plongés sans ménagement dans l'été austral. Vingt quatre heures de vol nous ont fait passer de moins de 10°C à plus de 30°C (à l'ombre). 

C'est comme passer de la neige au sauna, dès la descente d'avion.

Au chantier, le bateau nous attend sur son ber, exactement dans l'état ou nous l'avons laissé en octobre. Ca veut dire que tous les travaux prévus sont toujours à faire et qu'aucun miracle tropical ne s'est produit...

Les travaux prévus...

L'habituel: Peinture des œuvres vives et antifouling, habituels piquage de rouille et patchs de peinture sur le pont et le bordé, remplacement de la membrane du désalinisateur...

Mais aussi l'exceptionnel: On a décidé de remplacer tous les câbles du gréement dormant. Enfin, tous ceux qui n'ont pas encore été remplacés depuis nos premiers incidents aux Antilles.

Au moins trois semaines de labeur intense nous attendent, si le temps nous laisse travailler... Car on craint un peu cette saison réputée chaude, pluvieuse et qui est aussi celle des cyclones.

 

Ce dernier aspect amène d'ailleurs une question stratégique et lancinante:

Après les travaux d'entretien, que va-t-on faire du bateau en attendant la belle saison ???

Va-t-on le laisser à l'abri, au sec sur le chantier, et tâcher de s'occuper ailleurs ou bien va-t-on le remettre à l'eau et naviguer dans les parages, au risque d'avoir à affronter sur l'eau l'arrivée d'un cyclone ???

Dans le premier cas, on pourrait aller se baguenauder en Amérique Latine, en vrais touristes sacàdoïstes. C'est alléchant mais ça reste quand même cher...

Dans le second, on pourra naviguer en écoutant consciencieusement la météo tous les jours, pour surveiller les dépressions tropicales sises sur les Tonga qui sont susceptibles de se développer en vilains cyclones sur nous?

Et si cela devait arriver, où irait on se planquer?

On en parle abondamment mais la décision est encore remise à plus tard, alors que nous empoignons gaillardement les manches de nos pinceaux...

 

Une galère correctement organisée tout de même...

 

Le Chantier des Iles qui nous héberge est un endroit plutôt sympa pour travailler sur le bateau. Le séjour sur un voilier en travaux à terre n'est jamais très agréable mais ici, posés près du lagon et bien ventilés, les conditions de vie et de travail sont plutôt agréables. La douche est convenable et quasiment tous les soirs, la vue du crépuscule sur Bora Bora accompagnant une petite bière bien fraîche, nous récompense d'une dure journée...

Un élément qui agrémente significativement la vie ici s'appelle la pension Mimosa. C'est une "gargotte" typiquement polynésienne, qui porte fièrement le nom de son aimable patronne et qui sert de cantine aux équipages des bateaux du chantier.

Voilà planté le décor de la galère dans laquelle nous nous échinerons tout le mois de janvier.

 

 

Pour rencontrer le paradis, enfin!

 

La météo nous ayant épargné les pluies abondantes qui auraient été de saison, les travaux prévus sont terminés début février et nous sommes alors inévitablement confrontés à la décision concernant la suite des évènements.

Les avis que le skipper n'a pas manqué de prendre n'ont jamais été décisifs: Météo France, qui annonce le niveau de risque cyclonique de la saison, se prononce clairement: "Risques de cyclones peu élevés pour une année normale mais tout de même plus importants que pour une année sans risque..."

C'est clair qu'il y aurait plus de risques que s'il y en avait moins. Mais qu'il n'y en aurait quand même pas tellement...

C'est en tous cas ce que le skipper a compris... Alors???

Alors, gagnés par l'optimisme ambiant, nous nous décidons pour la deuxième solution et dès le 2 février nous retrouvons l'eau avec le plaisir habituel.

A partir de ce moment et jusqu'à ce que nous repartions vers l'ouest, début Juin, nous partagerons notre temps entre des balades de redécouverte des Iles sous le vent, des visites aux amis qui vivent ici (surtout à Tahaa), l'accueil des copains navigateurs de retour d'hivernage en Europe et les croisières prévues avec nos invités métropolitains: D'abord Nicole et Jacques, puis Marie et Christian.

Cet été nous ayant finalement épargné les catastrophes cycloniques et n'ayant même pas été pluvieux, ce programme peut maintenant se décrire comme un véritable parcours plaisir.

 

 

RAIATEA et TAHAA, les îles sœurs.

 

Raïatea et Tahaa sont deux îles proches (moins de trois milles les séparent), entourées par une même barrière de corail et se partageant donc le même lagon.

Comme les lagons des îles sous le vent ne sont pas très larges (Il y a généralement moins d'un mille entre l'île et la barrière), la mer y est presque toujours très plate.

Comme d'habitude, en territoire français, les balises y sont nombreuses.

Tout cela en fait des bassins de navigation idéaux pour les vacanciers peu amateurs d'émotions océanes fortes et explique la présence importante des loueurs de bateaux sur le site. De Mai à Novembre c'est l'hiver austral, (saison sèche et sans danger cyclonique) et la location de voiliers marche fort ici.

Autour de RAIATEA, l'île "urbaine"

 

Uturoa

C'est souvent le point d'atterrissage choisi, quand on vient de Tahiti.

Située juste en face d'une passe facile et super balisée, Uturoa qui est la capitale de l'île et même de l'archipel, s'étire le long de deux rues parallèles sur un petit kilomètre. Elle propose une escale technique séduisante et présente l'avantage rare et appréciable de permettre un amarrage à quai (le jour) et de remplir son caddie juste en face ou peu s'en faut. L'approvisionnement des trois magasins principaux est évidemment fonction des arrivages des cargos qui font la navette avec Papeete, mais en y allant le matin, on trouve généralement de quoi bien se nourrir. Il y a même plusieurs quincailleries, c'est dire le bonheur du capitaine!

 

A ce même quai, on trouve une station service avec gasoil, essence et bouteilles de gaz (attention! Ces bouteilles ont la tronche des bouteilles françaises de 13 kg , mais elles mesurent 5cm de plus....vérifiez la hauteur de vos placards...si, comme nous, ça ne rentre pas, sortez l'embout adéquat, pendez la bouteille pleine où vous pouvez, au soleil, la vide en dessous, à l'ombre; raccordez le tout et laissez passer la nuit. La vide sera devenue la pleine et vice versa...)

Pour le plein d'eau, c'est déjà plus difficile. Lors de notre passage, la station service refusait de fournir... Même moyennant finances... Quelquefois un tuyau public, installé sur le quai pour un concours de pêche au gros, est oublié là quelques semaines et règle le problème. En général, il faut aller négocier la chose avec une des marinas de l'île ou bien échanger un plein d'eau contre un repas, au ponton d'un restaurant de Tahaa ou de Bora Bora. Dans ce dernier cas, on pourra considérer avoir acheté l'eau la plus chère du monde...

Quittant Uturoa bien pourvus de tout le nécessaire, vous pouvez enfin songer au repos cocotier.

Si vous vous y prenez un peu tard, vous ne pourrez pas vous éloigner dans le lagon mais vous pourrez passer la nuit pas très loin: juste au sud de la passe Téavapiti, par laquelle vous êtes arrivés à Uturoa, l'île Taoru vous offre un mouillage abrité, par une dizaine de mètres de fond. On ne peut pas débarquer sur ce motu, mais l'eau est claire et l'environnement plus calme qu'aux abords du port.

 

La baie de Faaroa

Plus au sud, sur la cote Est de l'île, cette baie profonde abrite la base de location Stardust qui y a installé d'excellents corps morts. Il y en a souvent de libres et, en cas de coup de vent bien pluvieux, c'est un mouillage très sécurisant.

La seule rivière navigable de Polynésie (en annexe bien sûr) se jette au fond de cette baie: elle offre une promenade fluviale d'une heure, bien agréable, pour admirer de près la flore locale.

 

Le motu Nao Nao

Si le temps est calme, vous pouvez poursuivre vers le sud du lagon. Le chenal est bien balisé et la côte est très belle. Tout au sud de Raïatea se trouve le seul motu de cette région du lagon: Le motu Nao Nao. Assez éloigné des lieux de passage, c'est un mouillage souvent désert.

Selon la direction du vent, vous pouvez mouiller soit devant une plage au nord de l'îlot , soit sur le platier, à l'Est du motu. En prenant soin de raser la pointe de sable qui termine l'îlot et en appliquant le plan "vigie patate", le soleil dans le dos, vous entrerez dans une zone sableuse de deux à trois mètres de profondeur, suffisamment étendue pour y ancrer 3 ou 4 bateaux.

Alors là, vous ne regretterez pas le voyage: le bassin d'eau claire pour vous tout seul, la plage en face itou, le tour de l'île en solitaire, le sourire resplendissant de Gilbert, l'occupant du motu, le snorkeling sur les patates pas loin, que demander de plus? Si par hasard un autre bateau vient troubler votre quiétude, pas de panique, il ne restera qu'une petite journée, pressé qu'il est de faire son tour de toutes les îles en 14 jours.

C'est là que nous avons bénéficié d'un grand moment de  la traditionnelle hospitalité polynésienne.

 

Le nord de l'île

En quittant Uturoa vers le nord, on arrive après deux ou trois milles à la marina d'Apooiti. Dans la petite baie qui l'héberge, on trouve quelques coffres disposés là par les sociétés de charter qui y sont installées et que l'on peut utiliser pour un court séjour. On y est bien protégé des coups de Sud, et pas très loin par la route, de l'aéroport de Raïatea(1km), d'une cyber-paillotte (3km) et d'Uturoa (4kms). On peut même aller à l'aéroport en annexe. N'est-ce pas Super Top d'aller chercher ses visiteur au pied de l'avion, en bateau?

Une petite épicerie de dépannage se trouve sur la route à gauche en sortant de la marina. (Chez Julien qui est Chinois comme son nom ne l'indique pas)

Deux kilomètre plus à l'ouest on trouve un autre mouillage en face du "Chantier des Iles Sous le Vent". C'est là que nos copains et nous avions laissé nos bateaux cet hiver. Avec un peu de chance un corps mort sera libre mais on peut aussi mouiller par 20 mètres. Cette escale est souvent technique, vous vous en doutez, et on y croise souvent les copains et leurs problèmes.

Pour notre part, nous y reviendrons souvent pour visiter nos amis encore à la peine sur leur voilier.

 

Cap au nord, laissons Raïatea pour rejoindre Tahaa sans changer de lagon, mais en tenant compte du balisage, car des bancs de sable ou de corail parsèment ledit lagon .

 

TAHAA, l'île sauvage.

 

A l'écart des circuits touristiques, Tahaa est encore peu atteinte par le développement des infrastructures correspondantes. Une petite heure de traversée au moteur, avec taud de soleil à poste. Allez, aujourd'hui soyons fous, sortons le génois pour l'aérer un peu, et nous voilà arrivés dans la baie surnommée 

 

Marina Iti 

(du nom de l'hôtel installé là, sur la pointe Toamaru). Son vrai nom est la baie Apu et elle est située sur la côte sud de Tahaa, juste au nord d'Apooiti et là encore des coffres vous attendent.

Donc la baie de Marina Iti, bien équipée de corps morts, est large mais pas trop, habitée mais pas trop, visitée sans doute trop, mais bon, on l'aime bien. On peut débarquer en annexe au ponton devant l'hôtel , traverser par une allée qui longe celui ci à gauche, et trouver à la sortie du complexe, une cabine téléphonique.

A partir de là, comme vous êtes courageux et manquez d'exercice, nous vous proposons de prendre à droite la route qui longe le lagon vers l'Est, de marcher 1,5 kilomètre et vous arrêter à la pension API: Jean Jacques et Laurence vous y accueilleront chaleureusement, vous prépareront un plat délicieux, et bavarderont avec vous sur leur grande terrasse . L'environnement arbustif est magnifique (Jean Jacques était paysagiste dans une autre vie), il se recycle dans la cuisine et a un don certain. Espérons qu'ils seront toujours là à votre passage. Ils débutent dans le coin et comme le seul courage et le travail ne suffisent pas toujours, allez y et faites leur de la pub.

On vous propose maintenant de faire le tour de Tahaa par l'Est, dans le sens contraire des aiguilles d'une montre.

 

Le Motu "Ceran".

Sur la carte marine, c'est l'Ile Toahotu. Elle encadre avec l'île Mahaea, la passe Toahotu, face à la baie d'Haamene.

Devant ce motu on trouve une grande étendue sableuse couverte par 3 à 6 mètres d'eau. Ce sont des conditions de mouillage excellentes et rares dans ce lagon.

Tous les week end c'est donc le rendez vous des popaas locaux qui possèdent un bateau. Tables installées, barbecue en dur, pique-nique sur le sable, l'ambiance est chaleureuse. Nous avons personnellement horreur de ces plans genre "déjeuner sur l'herbe sans herbe", mais nous n'en dégoûterons pas les autres et on peut imaginer de pires conditions de pique-nique... Ce type de ressourcement au motu est d'ailleurs une institution en  polynésie

De l'autre coté de la passe, le tombant du motu Mahaea est un superbe endroit de snorkeling. Poisson et corail y sont abondants et magnifiquement colorés. On peut y accéder en annexe, et s'amarrer à la bouée cardinale rouge qui balise la passe. L'aquarium est juste dessous.

 

Patio

Tout au nord de l'île, on arrive devant le village de Patio. Avec Haamene, c'est le deuxième "gros" village de l'île. On peut mouiller devant, par 18m de fond de bonne tenue, côté Nord-Est de la baie, pas loin d'une petite jetée. On aime bien ce village sans prétention, accueillant et qui propose, quand même, deux épiceries, une poste, une gendarmerie, une police municipale, une mairie, une école primaire, un dispensaire , moult églises de toutes confessions... Et trois ratons laveurs.

Tous les soirs pour l'apéritif, le spectacle est assuré par les jeunes sportifs de Tahaa qui s'entrainent à la pagaie dans leur Vaa,  sur  le lagon autour de Getaway.

Pour la pharmacie et l'école secondaire, il faut aller à Haamene, à l'Est. Pour trouver un quai accessible aux cargos, il faut aller à Tapuamu à l'Ouest. C'est le partage des pouvoirs quoi!

On est souvent retournés à Patio, comme vous le comprendrez plus loin, pour revoir les amis.

La barrière, au nord du village, comporte beaucoup de petits motus. Sous leur vent, et un peu vers l'Est, on peut trouver quelques mouillages sur la barrière, dans moins de 10 mètres d'eau, sur du sable de tenue correcte.

Mais pour l'instant, continuons notre périple vers l'ouest:

 

Le motu Tautau (prononcer taotao)

C'est le seul mouillage de motu possible de la cote Ouest de Tahaa.

C'est une place privilégiée pour contempler tous les soirs le soleil embraser l'horizon sur Bora. C'est le plan "carte postale" assuré...

Jusqu'à présent, on pouvait débarquer sur le motu pour se battre avec les moustiques qui l'habitent nombreux, mais on est en train d'y construire un hôtel de luxe constitué de cases sur pilotis, à 700 Euros la nuit. Quand ce sera terminé, l'accès sera rendu privé, on peut s'en douter. C'est le premier hôtel de ce type sur Tahaa. Tout fout le camp... 

On espérait que le tourisme de luxe ne s'acharnerait que sur Bora, mais le lagon de cette dernière commençant à ressembler à une ville africaine de Disneyland, ils recherchent "l'authentique" dans les îles plus préservées. La question est de savoir quelle tête vont faire les touristes "de luxe" dans l'environnement de la baie de Tapuamu : une échoppe de coquillages s'y bat en duel avec une station service, dans un décor de quai pour cargos plutôt huileux. Ca va être ROOTS j'vous l'dis.

Enfin bon, à chacun son rêve.

 

La baie d'Hurepiti

On la trouve à une demi heure plus au Sud. Profonde et étroite, parsemée de corail, cette baie a surtout l'intérêt d'abriter le fare d'Alain Plantier. Il vous proposera de vous amarrer à une de ses bouées si vous voulez faire le "

"Vanilla tour" en sa compagnie.

 

Cela restera certainement un des souvenirs forts de votre séjour à Tahaa...

La baie est calme et agréable, le décor montagneux .

Pour sortir de ce lagon et naviguer vers celui de Bora, la passe Paipai s'ouvre juste devant la baie d'Hurepiti. Large et bien balisée, elle permet de consommer sans risque un peu d'adrénaline, en approchant les rouleaux impressionnants qui brisent sur ses bords. Nous y entrerons une fois, houle et vent par l'arrière faisant surfer Getaway. C'était tout de même très impressionnant... D'autant qu'avec la houle, l'alignement à terre n'est pas toujours très visible.

 

BORA BORA

 

L'approche du Mythe Polynésien

La route, de la passe Paipai jusqu'à Bora fait longer par l'Ouest la barrière de Tahaa puis celle de Bora qu'il faut contourner par le Sud pour accéder à l'unique passe, à l'ouest du lagon.

On trouve sur cette route un des dangers d'une navigation qui paraît trop facile:

La houle, permanente dans la région, peut atteindre certains jours près de trois mètres. Sans grande conséquences sur la sécurité de la navigation au large, elle se creuse au voisinage des barrières qu'elle rencontre, avant de déferler sur le corail. Elle crée ainsi une sorte d'aspiration qui entraîne insensiblement vers la barrière les bateaux qui s'en approchent trop près.

Il est donc conseillé de rester loin des déferlantes et rouleaux qui "agrémentent" ces barrières .

 

Durant cette traversée, on a tout le loisir d'admirer la silhouette de l'île de Bora Bora, magnifique sous tous les angles. On en profite d'autant plus avidement que c'est sans doute la plus belle mais aussi la seule vraie beauté de cette île, mis à part son lagon.

Au terme de quelques quatre à cinq heures de traversée et après avoir donné un large tour à la pointe Sud Ouest de la barrière, pour les raisons qu'on a vues, on embouque la passe qui ne présente aucune difficulté et on accède enfin au lagon légendaire.

Tout de suite à droite après la passe, on peut mouiller sous le vent du motu Toopua.

C'est un mouillage sympathique dont l'entrée est bien défendue par des platiers, mais qu'on peut atteindre facilement - même avec une quille longue - en y allant prudemment avec une vigie à l'avant du bateau (au moins la première fois).

On s'y trouve généralement à trois ou quatre bateaux, mais il y a de la place.

Un peu à l'Ouest se trouve le minuscule motu Tapu. C'est là que fut tourné naguère le film "Tabou" de Murnau. Ce n'est pas la moindre des références culturelles et historiques de cette île.

De ce mouillage on peut aller en annexe près de la barrière "nager" avec les raies grises, dans près d'un mètre d'eau. Elles sont "fidélisées" à cet endroit par les tour operators des hôtels qui les nourrissent abondamment et y amènent leurs clients. Si on évite les moments de grande fréquentation hôtelière, c'est un spectacle aussi fascinant que le vivier d'un hyper marché dans lequel on serait admis à patauger...

Plus tranquilles et moins artificiels, quelques pâtés de corail proches du mouillage offrent un spectacle superbe au snorkeleur.

 

Le visage moderne du mythe de Bora

Avec un bon moteur, depuis le mouillage de Toopua, on peut se rendre en annexe au "bourg" de Vaitape qui est la capitale de l'île, pour quelques achats d'épicerie. Arrangez vous pour éviter ça au maximum, car si la Polynésie est réputée chère, à Bora c'est le summum. Même les fruits locaux sont vendus dans la rue à prix d'or...

Ce bourg ne présente aucun autre intérêt que son épicerie, sa poste et son dispensaire... Un marché "artisanal" offre aux touristes des paquebots de passage les sempiternelles marchandises dont on craint que la plupart ne soient fabriquées en Asie du Sud Est. On y ajoute quelques boutiques de bijoux et cela constitue un ensemble d'aspect factice et un peu déprimant.

Heureusement, il y a le lagon mythique...

Beaucoup des motus qui parsèment la barrière sont dotés d'un de ces hôtels de luxe, constitués de bungalows genre "case africaine" sur pilotis, qui sont une spécialité de l'endroit. On en compte ainsi près d'une dizaine sur le périmètre du lagon. C'est vrai qu'ils sont plus sympathiques à voir que des barres de béton, même agrémentées de balcons et de terrasses. Le premier construit était même certainement une excellente idée, mais maintenant c'est trop et ces structures deviennent omniprésentes. Elles semblent envahir tous les espaces vierges du lagon, comme le chiendent envahit le gazon. 

 

Les loisirs des vacanciers

Pourtant, quand on vient en vacances ici - même dans un hôtel de luxe, réservé par un tour operator - il ne faut surtout pas s'attendre à trouver une station balnéaire façon St Trop' ou la Grande Motte: du point de vue animation, il ne se passe RIEN dans ces villages de Polynésie. Même à Vaitape, à part le Yacht Club (sinistre, lors de notre passage), il n'y a guère de café, ni de terrasse, ni rien de chez rien. Aucune ambiance, peu de petits restaus, pas de vie nocturne apparente dans les rues. La seule "vie" se cache derrière les haies d'hibiscus des hôtels de luxe (entre 300 et 600 Euros, la nuit) et dans un ou deux restos, de luxe eux aussi. Si vous voyagez en solitaire "petit hôtel" vous pouvez aller un soir, boire un coup au bar d'un "grand hôtel" et y assister à un spectacle de danse "traditionnelle", mais c'est tout.

 

Le peu  bars existants ferment vers 17 - 18 heures: Vu le prix prohibitif des jus de fruit et de la bière, les "locaux" préfèrent s'en acheter une caisse et la boire dans un coin.

C'est un peu déprimant me direz vous?  Une autre explication nous a été fournie par un ancien tenancier de bar. Excès... Bagarres... Il nous a expliqué qu'ici la clientèle locale était trop "dure" à tenir le soir dans les cafés...

Il nous reste donc à faire la fête entre bateaux.. Ce dont on ne se prive pas!

Restons donc dans le lagon.

 

Pour parfaire notre impression, cachée par le bâtiment du marché de Vaitape, oubliée de tous et surtout des passants, une stèle érigée en l'honneur d'Alain Gerbault rappelle que Bora n'a pas toujours été ce miroir défraîchi qui n'a plus d'autre ambition que d'attirer les touristes friqués.

Hélas, ce n'est pas en train de ralentir et bientôt, même Tahaa présentera elle aussi ce visage. Dépêchez vous de venir visiter ces îles...

 

En contournant l'île par le Nord, on peut admirer sa silhouette sous des angles nouveaux, d'où elle paraît toujours aussi belle. On accède ainsi à la partie Est du lagon qui est immense, magnifique, généralement peu profonde et où le mouillage est facile presque partout. On peut y passer plusieurs jours avec plaisir.

 

A Bora, danse avec les raies...

Une des attractions de cet endroit se situe (se situait?) près de l'hôtel Méridien. Il y a là, un gros pâté de corail qui présente un tombant magnifique. Eh oui, tout y est: eaux transparentes, coraux façon décor d'aquarium. Poissons tropicaux multicolores, à pois, à rayures, à taches, maquillés comme des demoiselles partant au bal ou bien tableaux tellement modernes qu'on croit à peine Dame Nature capable d'autant de créativité artistique symétrique ou asymétrique.

Et puis, vous savez quoi? On NAGE DANS l'aquarium. Plus exactement, en surface, car on s'en voudrait de troubler cette magie.

 

C'est là qu'un groupe de raies Manta se donne rendez vous tous les matins. Au lever du soleil, elles remontent des profondeurs et passent de longs moments à jouer près de la surface. C'est une véritable aubaine pour les snorkeleurs.

On se laisse flotter à l'aplomb du tombant et on attend. Soudain, de grands carrés de velours noir se déploient sous vos yeux. Elles sont là!!!

Quand la raie manta est "rassurée" (on aime à le penser), elle développe à sa tête, deux rouleaux de satin blanc argenté, et elle glisse tel un majestueux cerf volant. Au début on a quelque crainte devant ces bêtes de plus de trois mètres d'envergure; mais le public conquis se rassure rapidement et reste subjugué, flottant et rêveur.

Les raies dansent pour nous, elles semblent nous regarder de côté pour s'assurer qu'on les admire et elles font "les belles" avec des grâces d'éventail souple. C'est quelquefois tout un corps de ballet qui se produit ainsi.

Cela restera sans doute le plus marquant de nos souvenirs sous marins.

 

Les dernières fois où nous y sommes retournés, nous n'avons pas vu les raies. On nous a dit qu'elles étaient parties au début de l'année. On en rend responsable l'abondance des visiteurs, une expérience qu'auraient menée des chercheurs japonais en tentant de leur accrocher des capteurs,... On ne sait pas mais en tous cas elles ont disparu et elle nous ont bien manqué...

 

HUAHINE

 

Malgré tout, les îles sous le vent recèlent encore quelques endroits épargnés par l'envahissement touristique. Huahine comme Tahaa est un de ces endroits encore préservés.

Située à une vingtaine de milles dans l'Est de Raïatea, elle constitue souvent une escale pour les bateaux qui arrivent de Tahiti. En revanche, pour cause de vent dominant, elle n'est pas très fréquentée par les voiliers au départ de Raïatea.

Son coté "île nature et secrète" en fait la préférée de beaucoup d'équipages. Elle devrait rester quelques temps encore à l'écart des circuits du tourisme de masse. Encore longtemps, espérons le...

 

Fare

C'est le village principal de l'île. Il fait face à un beau mouillage, sur un platier de sable corallien qui le rend facilement accessible aux voileux.

Pour les visiteurs, le village se résume à sa rue principale, qui est aussi le quai du port. L'ambiance y est à la fois animée et cool. Les gens sont assis sous les arbres et bavardent. Des pêcheurs viennent y vendre le produit de leur pêche. Un ou deux cafés proposent même une terrasse ombragée. Cela rappelle un peu les villages de Provence.

Et puis on y trouve un cyber café, un super marché et même une quincaillerie... Que demander de plus...

L'intérieur de l'île est réputé valoir la visite, mais il faut alors louer un véhicule et nous ne l'avons pas fait.

Un autre mouillage plus solitaire et bien agréable se situe au Sud de la partie Ouest du lagon. Grande plage, profondeur de mouillage convenable, eau limpide...

En Polynésie le temps n'est pas toujours au grand beau et notre appréciation de Huahine est peut être tempérée par notre expérience climatique. Au mois d'octobre dernier, nous avons passé toute une semaine sous la pluie devant Fare. Durant plus de cinq jours, je jure que la pluie est tombée sans arrêt. Sans même une interruption de quelques minutes... Nuit et Jour... Pire qu'en Bretagne... Alors...

Alors, l'avantage c'est qu'ici, même sous la pluie, il fait toujours 28°C. On ne voit peut être plus les cocotiers mais on peut rester et vivre  "tapoil"...

Notre vie sociale, aux îles sous le vent.

évidemment, en restant presque un an dans les îles de la Société, nous avons eu l'occasion d'y faire quelques nouveaux amis.

Expatriés pour une période plus ou moins longue, ils habitent Tahaa ou Raïatea. Sur ce plan, Tahaa a été pour nous une étape forte et depuis juillet l'an passé, on a passé moult week end à Patio où nous avons fréquenté assidûment des gens très attachants.

 

évelyne et Gildas.

Nous avons fait leur connaissance un jour que nous venions juste d'ancrer devant Patio. Un autre bateau était déjà là, qui se balançait autour du flotteur de son mouillage et dont le propriétaire venait lui aussi de monter à son bord. Gérard, ce jour là en veine de communication sociale, décida d'aller le saluer en annexe.

C'était Gildas. Dès le soir, nous dînions tous ensemble et ce fut le début d'une longue amitié...

Ils sont médecins, installés ici depuis 4 ans avec leurs deux enfants. Cette situation explique qu'ils soient bien placés pour nous parler de la vie polynésienne et des polynésiens. Grâce à eux nous avons un peu avancé dans la compréhension des mœurs locales. (C'est un sujet passionnant, mais trop complexe pour être abordé superficiellement dans ces pages.)

Bien des samedis soir nous avons refait le monde et échangé nos souvenirs de voyage avec eux, tandis que le dimanche après midi nous voyait trempant dans l'eau claire du motu, après le pique nique traditionnel.

Car ce sont des médecins qui ont la bougeotte: Un premier demi tour du monde en bateau les a amenés en Polynésie où ils ont exercé aux Marquises. Plus tard, ils sont repartis faire médecins de brousse au fin fond de la Guyane. Ils ont enfin abouti à Tahaa où Evelyne a ouvert un cabinet de médecine libérale tandis que Gildas est responsable du dispensaire.

" Tu sais, on s'ennuie quand on reste trop longtemps au même endroit... La routine tout ça."

Alors ils préparent leur nouveau bateau et pensent très fort à bientôt repartir vers l'ouest.

 

Leurs conditions d'exercice dans cette île peu équipée nous ont pour le moins impressionnés.

Uniques médecins du district, ils sont toujours de permanence. Où qu'ils aillent, même en annexe sur les motus, ils sont TOUJOURS accompagnés d'une batterie de téléphones portables qu'ils transportent bien rangés dans des bidons étanches. Ils sont de garde et corvéables à merci "24 heures par jour et 7 jours sur 7. Leur rythme de travail nous effraie positivement!

"plein de médecins font pareil en métropole, sans la maison au bord du lagon avec vue sur Bora" répondent ils.

C'est bien vrai tout ça, mais c'est rarement avec une telle contrainte de permanence...

 

Enfin, ils aiment sûrement les difficultés... Y-a-t-il tant de médecins prêts à vendre leur cabinet provincial peinard et qui tourne bien, pour aller faire le "médecin de brousse" au Sud de la Guyane, près de la frontière brésilienne? (C'est un coin qui craint, moi je vous le dis).

Y a pas de doute le voyage, ça fait rencontrer des gens vraiment BIEN.

 

Comme pour le moment, évelyne et Gildas ont plutôt envie de voir des têtes nouvelles, on LES a invités CHEZ EUX avec d'autres amis à nous:

Nicole et Jacques, Anne et Daniel, Marie et Christian ont ainsi participé à des soirées animées et arrosées, où on s'est encore aperçu que le monde avait bien besoin d'un petit ravalement de façade, et où chacun y a été de son coup de pinceau.

Soirées de bonheur...

 

Laissons Jacques raconter son passage:

"On va visiter Tahiti, Moorea, Huahine puis Tahaa chez Gildas et évelyne où nous attend une rencontre originale. Nous y retrouvons Anne et Daniel, deux Suisses rencontrés trois ans auparavant aux Iles de la Madeleine (Québec): Soirée superbe ! Tout le monde a été très intelligent, Anyvonne n'a pas eu mal à la tête au petit matin et le monde s'est trouvé radicalement changé par les idées fortes qui ont été émises.

Le lendemain après midi, évelyne nous explique son île. Jusqu'ici les habitants vivaient d'un coin de paradis et de petits boulots distribués par la mairie. (En alternance tu peux être femme de service un mois sur deux par exemple. Comme ça un maximum de gens profite de la manne française). Et puis voilà qu'une chaîne touristique achète un motu de Tahaa et décide d'y faire un hôtel. L'argent de la construction se déverse, des salaires fixes tombent, les polynésiennes deviennent "housekeeper" dans les hôtels... La mentalité d'une des îles qui avait le plus conservé son authenticité polynésienne est en train de changer..."

 

Martine et Jean Pierre.

C'est un jeune gendarme et sa femme, qui ont débarqué ici en juillet dernier avec leurs trois enfants. Nous les avons rencontrés lors de notre premier dîner chez évelyne et Gildas.

 

Eux aussi ont soif d'ailleurs et ont choisi l'aventure. Jean Pierre qui n'en est pas à son coup d'essai, nous parle avec drôlerie de ses postes précédents. La Nouvelle Calédonie, l'Afrique... 

C'est l'aventure avec trois jeunes enfants... Ce serait tellement plus facile de rester dans son petit coin de province française... Mais leur choix a été le départ et ses difficultés. L'adaptation au climat, à l'école pour les enfants, aux codes sociaux complètement différents, à la vie locale quoi!

Et Martine de répondre: "on apprend plein de choses, ça enrichit, même si c'est dur quelquefois. Sans compter la réadaptation à la métropole au retour, dans trois ans..."

Ils sont contents de s'être lancés et d'avoir ouvert les portes d' un autre monde à leurs trois enfants.

 

Brigitte et Marc.

Bien qu'ils habitent Raïatea, c'est aussi à Tahaa que nous les avons découverts.

Ou plutôt ce sont eux qui nous ont trouvés:

Un jour, alors qu'on est en train de déjeuner, au mouillage sous les motus au nord de Patio, on voit arriver en annexe un couple tout souriant:

" - Votre bateau ne serait-il pas l'ex Post Scriptum? 

-  Ah mais que oui! 

- Eh bien on est arrivés en Polynésie en compagnie de ce bateau, il y a 8 ans. On s'est alors installés à Raïatea pour y travailler quand Agnès et Pascal sont repartis vers l'Ouest. Nous y sommes depuis et notre bateau est mouillé à la marina Apooiti . Vous devriez passer nous voir."

Encore des amis de plus...

Leur bateau, c'est le "Cat Flotteur" vert qui vient de mouiller et se balance à 200mètres de nous. Sitôt le repas terminé, nous approfondirons cette rencontre en buvant le café à leur bord.

Cela fut le prélude à des soirées agréables en leur compagnie, avec Penny et tous nos autres copains qui revenaient de métropole pour retrouver leur bateau.

Brigitte et Marc ont la ferme intention de repartir incessamment sous peu, vers l'est !!! (Le Chili peut être...ça au moins, c'est original) maintenant que leur trois têtes blondes sont grandes et indépendantes, en métropole.

 

Avec eux, nous avons découvert la vie sociale des "expatriés" de la marina Apooiti,

 

quand ils nous ont conviés à des "barbecue parties" sur la jetée, devant leur catamaran. (en bordure du lagon, face au coucher de soleil sur Bora, quand même...).

La marina Apooiti est occupée par deux populations de bateaux. La première et la plus nombreuse est constituée par les sociétés de location dont Moorings est la plus importante. La seconde est celle des "voileux expatriés" qui vivent ici sur un bateau. Ces "habitants" de la marina sont presque tous arrivés ici en voilier, il y a pas mal de temps. Quand ils ne sont pas des retraités séduits par la Polynésie, il travaillent à Raïatea. Leurs bateaux sont tous regroupés sur un ponton et leur vie sociale paraît intense.

Ils se font régulièrement des petites soirées grillades, super sympas, conviviales et joyeuses. Nous en avons vécu quelques unes, dont celle qui avait pour objet de fêter dignement le demi siècle de Marc. C'était le lendemain de l'arrivée de Marie et Christian et ils se sont trrrrès bien tenus, malgré leurs 36 heures d'avion dans les pattes.

Une belle vie, quand même!!!

 

 

Notre vie sociale a aussi été animée par tous les vieux potes voileux, qui revenaient de métropole pour retrouver leur bateau.

 

Ces retrouvailles ont commencé avec François et Françoise d'Altaïr que nous avions quittés aux Gambier. (Mais si, souvenez vous! C'était dans le n° 17 de la gazette...).

Cela s'est passé à Tahiti, lors de notre départ d'octobre pour la métropole. Juste une soirée entre deux avions, le temps de se raconter nos traversées respectives depuis les Gambier. Qui vers les Marquises, qui vers les Tuamotu puis les Iles sous le Vent.

Ils se préparaient à rallier Raïatea, pour y laisser Altaïr et rentrer en France, eux aussi, pour les fêtes. Nous les retrouverons donc au chantier, peu après notre propre retour.

 

 

Lors de notre retour de France, nous avons découvert, avec surprise, dans le même avion que nous, Francis, l'heureux propriétaire de Bon Vent, avec qui nous avions fêté le passage en l'an 2000 dans les Andes. (Si si, souvenez vous encore!!! Pour ceux qui ne suivent pas, cette fois c'était dans le n°12 ...).

Nous ne nous étions pas revus depuis, car sitôt les fêtes passées, il avait foncé sur le Pacifique tandis que nous batifolions dans la mer Caraïbe. (En fait, on triche un peu pour faire plus romantique, parce qu'entre temps on l'a revu une fois à Paimpol...)

A notre arrivée, nous nous retrouvons voisins de carénage au chantier de Raïatea.

Ca nous permettra de lui remonter le moral sérieusement quand il fera l'état des lieux de son bateau (Trismus 36 en alu). En effet ce dernier, remis inopinément à l'eau, en son absence (mais avec son accord), a pris l'eau , because un trou dans la coque. Aussitôt ressorti et nettoyé par le chantier, il n'avait pas été vraiment complètement séché. Maintenant, Francis, assez déprimé, jette tout ce qui a rouillé, a pris l'eau ou est moisi, abîmé . Une exploration des fonds lui fait découvrir l'objet du délit: une clef plate tombée et oubliée dans les fonds, il y a bien longtemps...... L'alu, ce n'est pas si facile finalement.

"Tu vois GG, toi qui pignes après ton acier, sa rouille et la peinture récurrente". On n'est jamais content!

Tout finit quand même par rentrer dans l'ordre: Nous barbouillons grassement sur nos traces de rouille, tandis que Francis repeint soigneusement sa coque au pinceau à aquarelle en poils de martre. Conséquence logique: notre peinture n'est pas terrible mais on est à l'eau 15 jours avant lui.

 

C'est donc lui qui "fait la coupure" et se trouve encore au sec quand Françoise et François réintègrent Altaïr. Nos ronds dans le lagon nous ramènent régulièrement voir nos potes qui purgent encore leur peine au chantier. Pour dîner chez Mimosa, discuter marque d'antifouling, moteurs qui fument, pièces en retard, chantiers qui ne bossent pas assez vite ,nonchalance locale, inconvénients comparés de l'alu, de l'acier et du polyester. Et chacun de s'apitoyer sur son sort et surtout d'être content d'avoir été provisoirement épargné à son propre bord par l'emm.... de l'autre.

 

C'est chez Mimosa que nous fêterons l'arrivée d'Anne et Daniel nos Suisses préférés. Ils débarquent de 9 mois de travail en Europe et nous apparaissent plutôt cassés et pâlichons. Joran, leur OVNI 43, est garé dans un coin quasi inaccessible du chantier. Pour en attendre le déplacement dans un lieu plus vivable et se reposer un peu, ils ont loué un bungalow dans un hôtel proche. Les pieds dans le lagon... avec ENCORE? Eh oui, le coucher de soleil sur Bora. (Vous me direz, à juste titre, que j'abuse de cette image, mais quand on aime on ne compte pas... Et moi, j'adore...)

L'anniversaire d'Anyvonne se fêtera d'ailleurs dans ce bungalow . Les quatre bateaux amis auxquels s'étaient joints Brigitte et Marc seront ainsi rassemblés pour une soirée qui fut, évidemment, une réussite. En ces derniers jours de mai "où tout le monde fait ce qui lui plait" tout le monde tourne encore en Polynésie.  Francis à Moorea, les autres autour de Bora et de Tahaa. Alors on se croise au gré des mouillages et des rendez-vous BLU.

En juin, on va se re séparer, pour chacun suivre sa route et faire voguer sa galère....

 

Quand nous reverrons nous???

 

 

Quelques visiteurs sont même venus de métropole, pour troubler ce ronron

 

Jacques et Nicole sont les premiers. En fait ils ont triché : ils ne sont pas vraiment venus de métropole. Ils sont juste passés nous voir en voisins, sur le chemin du retour vers Concarneau, après un séjour de farniente à l'extrémité de la Patagonie. Le Cap Horn je crois...

Alors là, ils nous ont raconté des trucs... Du vent à 60 nœuds, des lunettes de ski pour supporter les embruns, sous 4 couches de vêtements polaires et un ciré... Maintenant on est certains que nos options de navigation sont les bonnes : Les tropiques et seulement les tropiques... On va bientôt faire une exception avec la Nouvelle Zélande, mais après leurs histoires, on le regrette déjà...

Ils ont passé quinze jours avec nous, qui ont commencé à Tahiti. Eh oui, on s'était dérangés pour aller les chercher. 20 heures de navigation contre le vent. Mais enfin, on voulait leur faire profiter d'une vraie navigation océane, entre Papeete et Raïatea... Qu'ils découvrent un peu ce qui fait les vrais bonheurs de la vie...

Arrivés à Papeete avec 36 heures d'avance, ils nous ont privés de les accueillir, comme prévu, à l'aéroport au milieu de la nuit. Après nous avoir longuement cherché à droite et à gauche, Jacques nous a surpris dans notre cockpit, au mouillage sur la barrière de Papeete, au prix de plus d'un mille à l'aviron, dans une annexe qu'il avait volée au ponton.

Ils ne peuvent vraiment rien faire comme tout le monde, ces deux là...

Ce séjour donnera à Jacques l'occasion de bricoler un peu sur Getaway et de comprendre enfin qu'une vie de tourdumondiste est aussi une vie de labeur...

 

Marie et Christian leur succéderont. Ils sont de nos supporters parisiens parmi les plus fidèles et nous rejoignent directement, depuis la métropole, juste pour vérifier qu'avec nous, la vie reste toujours un plaisir, même vécue sur un bateau. Car la navigation est sans doute ce qu'ils détestent le plus ici bas. Tous les deux...

On leur avait donc concocté un programme cocon et pas coton, sans presque sortir du lagon de Raïatea.

Mais il a quand même fallu aller jusqu'à Bora et le retour au louvoyage dans le clapot du canal entre les îles fut plus sportif que supportable. Marie en est sortie déguisée en dalmatien. Des bleus partout. Infligés par ses rencontres avec les extrémités du skipper vaquant à ses manœuvres et avec tous les objets agressifs disposés spécialement contre elle, sur le pont de Getaway : taquets, winches, écoutes de Génois, etc....

 

Folies de femmes.

Les promenades dans le lagon et la vue des fermes perlières qu'on y côtoie rappellent opportunément à Marie qu'il ne s'agirait pas d'oublier un des buts du voyage: l'achat de perles et autres colifichets en nacre ou coquillage.

Kiki fera preuve d'une patience d'ange, traîné par Marie dans toutes les boutiques d'Uturoa exposant des perles. Résultat: après avoir choisi plusieurs modèles pour faire des cadeaux, elle trouvera qu'elles sont beaucoup plus belles sur elle, donc qu'il faut retourner en chercher d'autres etc. etc... Trois fois.

Le meilleur moyen pour arrêter les frais est d'aller sur une île sans bijouterie: ce que nous faisons en débarquant à Tahaa, où, à priori, il n'y a rien à acheter. Grave ERREUR!

Evelyne , en bonne connaisseuse du coin va nous entraîner le lundi de Pentecôte chez "Hanna", à 1 km à l'ouest de Patio, , et ce sera l'orgie de coquillages et nacres.

Imaginez une boutique de 1,80 x 3 mètres avec des évents sur deux cotés : Nous y resterons deux heures. Essayant, changeant, testant, s'écriant: "oh celui là serait bien mieux sur moi! Celui là est trop gros, ou trop petit, ou trop voyant, ou pas assez; on s'arrache le miroir à main; on finit toutes trois "dans" la boutique...la petite vendeuse nous regarde très amusée , coté client, de l'extérieur. "

Je crois qu'on a pratiquement tout essayé.

On y retournera l'après midi pour voir la patronne "créatrice des bijoux" et "négocier" les prix.

On repartira avec chacune une dizaine de bijoux originaux. Heureuses quoi!

 

 

Le "truc" des croisières sur Getaway...

Un tel plaisir de ses visiteurs ne s'obtient pas comme cela, par hasard. Getaway a un truc:

Puisque nous ne faisons ni pêche, ni plongée, ni vélo, ni rien en fait... on n'a rien trouvé de mieux, pour occuper nos hôtes, qu'inviter ou se faire inviter par un tas de copains d'ici.

Ainsi, en trois semaines avec Marie et Christian, nous aurons passé au plus 9 soirées seuls, tous les quatre.

Quasiment tous les soirs ce sera apéro et tripot dans le cockpit:

whist...un petit whisky... bourraco... un autre petit rhum.... et le ton de la discussion monte, monte ...

Le spectre des élections présidentielles réapparaît tous les soirs, complété par l'inévitable mondialisation à la sauce néo-libérale, un zeste de trotskisme, une touche de communisme et d'anti-américanisme primaire et la cerise sur le gâteau: l'influence néfaste des églises dans le monde.

Inutile de vous dire que chacun a un avis différent des autres et que les ondes négatives finissent par envahir ceux dont la politique n'est pas la tasse de thé. Leurs chacras s'obturent les uns après les autres, vite fait bien fait.

Le remède pour Marie: aller écouter, le lendemain, le silence sur le motu en face, munie d'anti moustique, de tongues, d'huile de bronzage intensif et d'un "pochon" pour la récolte des coquillages. Et là: oh calme serein bien mérité!

 

Mais que de rigolades tout de même, car il ne faudrait tout de même pas se prendre au sérieux.

Bientôt la fin...

En ce jour de mi Juin, nos visiteurs sont repartis et nous sommes tous seuls, au calme dans le lagon de Tahaa, avec vue direct live sur les motus à droite, sur le coucher de soleil à l'ouest, (DIVIN, je ne vous dis qu'ça ) etc, etc...

Une pensée nous assaille:

 

"Nous ne resterons pas sur cette terre Ma'ohi, planter notre maison !!!"

 

"L'arbre, les végétaux de façon générale, jouent un grand rôle dans la vie polynésienne.., en tant que....projection de soi. C'est ainsi que l'étranger, c'est à dire celui qui n'a aucun droit à la terre dans l'île où il se présente, est appelé Hutu Painu ( C'est le fruit du Barringtonia). Le fruit de cet arbre, emporté par la rivière s'en va au gré des vagues, essayant de prendre racine sur le premier banc de sable rencontré..."

Ma'ohi est l'exact opposé de Hutu painu**. Il est généralement défini de la manière suivante: commun, indigène, qui n'est pas étranger. Il est tout ceci et rien de cela.......

 

Pour l'instant, nous sommes encore des hutu painu ! Nous continuerons donc notre vagabondage vers l'Ouest.

 

Un an dans ces îles "françaises" nous ont permis de comprendre pourquoi beaucoup de navigateurs choisissaient de suspendre ici leur voyage pour un temps plus ou moins long; mais pour ce qui nous concerne, nos envies nous poussent  encore à aller voir ailleurs ce que sont les choses et les gens.

Dans quelques jours, la mer reprendra donc ses droits sur nos vies et nos estomacs. Nos yeux se remettront en quête de nouveaux paysages, de nouvelles rencontres et d'autres façons de vivre. 

A suivre....

 

**Cette définition assez étrange pour un peuple de migrateurs tels que les Ma'ohi, est celle de Duro Raapoto, linguiste, issu du protestantisme.