LA GAZETTE DE L'A.R.B
Anyvonne Restaurant Bar
 
Archipel des Fiji - Brêves de bateau
N°21 - Janvier 2003

Le quart d'heure de mécanique:La panne récalcitrante...

 

Depuis presque quatre ans, le moteur de Getaway a périodiquement un comportement inquiétant.

Une fois par mois, par semaine, par trimestre... Mais ça dépend de quoi??? Le moteur refuse de démarrer. Plus précisément, le démarreur refuse d'entraîner le moteur...

 

Jusque là, il a toujours fini par partir quand même, après des tentatives répétées plus ou moins nombreuses. Mais c'était en train de devenir de plus en plus fréquent et pénible.

 

Plein de vérifications, de consultations de copains, de démontages, de nettoyages, resserrages, graissages... 

On a même changé la batterie aux Galápagos, abandonnant l'ancienne (qui devait être en très bon état) sur le quai de Santa Cruz...

Enfin quoi, on a tout tenté. Mais rien n'y a fait et toujours, de temps à autres, le démarreur refuse de tourner.

Il n'y a guère que les prières et les cierges que l'on n'ait pas essayés...

 

On a même consulté un expert par e-mail, en lui décrivant le phénomène et en lui soumettant une suggestion: C'était une idée qui venait de germer d'une de nos lectures: De l'eau de mer pourrait elle s'être introduite, par syphonnage, dans les cylindres ???

Le spécialiste consulté la réfute en bloc, en arguant que si cela était, le moteur serait complètement bloqué...

 

 

Quelques nouveaux démontages et remplacements plus tard, on en est toujours au même point.

 

QUATRE ANS!!!

 

C'est bien simple, à chaque démarrage, le capitaine est en transes. 

Surtout quand il y a urgence et qu'il faut que ça parte du premier coup... 

On a failli comme ça se mettre au plein à Panama, alors que l'ancre dérapait dans un coup de vent...

 

Et puis quand même, cette idée d'eau dans les cylindres...???

Francis, à Raïatea, pense que c'est tout à fait possible et que d'ailleurs ça lui serait déjà arrivé. Mais le capitaine n'est pas vraiment convaincu. Les experts n'y croient pas... Alors...

 

Le jour de notre départ de Sawa I Lau, c'est la crise: Il faudra une bonne demi heure pour faire démarrer le moteur. Tout ce temps pour réussir à le faire tourner d'un tour, avec une clé sur l'extrémité du vilebrequin. Après quoi il démarrera in petto.

L'idée de l'eau dans les cylindres s'impose enfin!!!

 

A Lautoka, on achète à prix d'or un évent anti-siphon, à disposer en sortie de la pipe d'échappement, au point d'injection des gaz d'échappement dans l'évacuation de l'eau de refroidissement.

Le tour était joué.

Trois mois maintenant que le moteur démarre sans jamais une hésitation.

 

Tout ceci pour vous faire économiser du temps et de l'adrénaline si votre bateau était un peu chargé de l'arrière et que vous vous reconnaissiez dans ces symptomes...

 

 

 

 

Le Syndrome de Francis

 

 

Tout le monde a au moins un copain atteint de ce syndrome .

 

Description clinique: Dès son arrivée dans une baie abritée par des collines plus ou moins hautes autour du mouillage, le patient éprouve le besoin irrépressible de grimper en haut desdites collines (ou montagnes, d'ailleurs) pour apercevoir de l'autre côté ET pour voir le bas d'en haut. 

C'est une pulsion à laquelle nous résistions jusqu'alors très bien, grâce à un taux élevé de paresse, mais à laquelle notre copain Francis lui, n'oppose aucune résistance. D'où le nom du syndrome.

 

Et bien figurez vous que nous avons commencé à en ressentir les premières manifestations à Nabukeru, et que cela s'est nettement aggravé en Nouvelle Zélande, à la date où nous écrivons ces lignes.

Les collines qui bordent la baie de Nabukeru ne sont pas toutes abordables, mais celle qui surplombe le village invite à l'ascension, avec un sentier ombragé tout tracé. 

La montée ne fut pas trop pénible pour nos jambes rouillées, et, nous confirmons:

La vue du haut est belle sur les DEUX côtés de l'île, et sur NOTRE Getaway.

 

Nous pensons donc que c'est ici que nous avons attrapé le virus, même si c'est sans doute encore sous sa forme bénigne...

Merci Francis.

 

 

L'étroit sentier du tour du monde en bateau par les tropiques

 

Bien avant d'expérimenter in vivo la navigation de voyage, nous en avions approché la saveur par nos lectures. 

Souvent, les relations de ce type d'aventure mentionnent de fréquentes retrouvailles entre navigateurs, au bonheur des escales et sans autre intervention que le hasard. 

Vu de nos fauteuils parisiens, cela paraissait très très étonnant:

Alors que même dans un univers limité, on peut vivre très longtemps sans rencontrer par hasard des personnes de connaissance, comment est il possible que de telles rencontres soient si fréquentes à travers le vaste monde, au sein d'un population finalement assez réduite???

Et pourtant, comme en témoignent souvent nos récits, ces retrouvailles ne sont pas rares...

 

Etonnante, la dernière en date est celle de Ralf, navigateur helvetico-canadien, entrevu aux Canaries et au Cap Vert en 1998 et complètement oublié depuis. 

Voilà t'y pas que Gérard tombe en arrêt devant sa table, au bar de la marina de Vuda Point.

Ils se reconnaissent immédiatement, même s'ils mettent un bon moment à retrouver le souvenir et l'endroit de leur rencontre.

Entre temps, Ralf est rentré en Suisse, a vendu son bateau, en a fait construire un autre en France, pour repartir en 2001 et permettre cette rencontre aux Fiji en 2002...

 

A la réflexion, la fréquence de telles retrouvailles n'est pas si étonnante. 

En effet, tous les gens dont nous parlons sont engagés dans une navigation tropicale. Même si cette route est longue, elle n'est pas très large et les points propices à l'étape n'y sont pas très abondants. 

De plus, la littérature et les guides qui les décrivent ne sont pas légions, surtout pour les régions isolées. 

Tout cela concourt à ce que de nombreux endroits deviennent un peu des "passages obligés", où la probabilité de rencontrer des gens dont le voyage est synchrone du votre est finalement assez grande.

 

 

La problématique météo du passage vers la Nouvelle Zélande

 

 

Deux phénomènes météo déterminent les conditions de ce passage.

 

Le premier consiste en des dépressions qui naissent autour de 40°Sud, dans la mer de Tasmanie et qui voyagent ensuite vers l'Est par dessus la Nouvelle Zélande. C'est l'exact équivalent des dépressions de l'Atlantique Ouest qui traversent la Manche, au nord de la Bretagne.

Comme ces dernières, elles sont plus fréquentes et souvent plus creuses en hiver. Il en passe une sur la Nouvelle Zélande à peu près chaque semaine et les perturbations associées génèrent de forts coup de vent d'Ouest, très au nord de l'île.

Comme le passage depuis les Fiji dure plus d'une semaine, l'hiver il est difficile de les éviter... Mais si on attend que le régime estival s'installe, elles s'espacent un peu et surtout deviennent moins creuses et moins violentes.

Conclusion: En Octobre, au début du printemps austral, on a intérêt a attendre au nord le plus tard possible.

 

 

OUI MAIS...

Un deuxième phénomène se déroule plus au Nord, dans la Zone de Convergence du Pacifique Sud (SPCZ).

C'est la convection qui se développe dans les eaux chaudes, près de l'équateur.

Elle génère d'énormes Cumulo-Nimbus et surtout des dépressions qui si les conditions s'y prêtent se transforment en dépressions tropicales puis cyclones qui s'en vont animer le paysage, et croiser peut être votre route, vers les 20-30°sud... Et les conditions s'y prêtent de plus en plus à partir d'Octobre.

Conclusion: En Octobre, on a intérêt à ne pas perdre de temps pour partir loin dans le Sud.

 

Eh oui, vous avez bien remarqué, il y a là dedans quelque chose de contradictoire. 

Avant de partir, il faut donc soigneusement étudier la météo, peser le pour et le contre, brûler quelques cierges là où c'est prévu pour, marmonner quelques incantations quand ce souci vous réveille la nuit, et puis finalement déterminer, selon son tempérament, ce que l'on craint le plus, Charybde ou Scylla et choisir la date de départ en fonction de la numérologie si on y croit...