Le Vanuatu a commencé d'émerger de l'océan il y a 22 millions d'années.
Maewo et Pentecôte sont arrivées les dernières il y a entre 5 et 11 millions
d'années. L'archipel compte ainsi quatre-vingt trois îles et a la forme
générale d'un Y.
La plupart des historiens sont d'accord pour dire que les migrations qui ont
peuplé ces îles sont venues de l'Asie du Sud Est. 3000 ans avant JC les
Proto-Mélanésiens ont commencé à arriver ici et aux Îles Salomon. On a
retrouvé des traces de la culture Lapita sur l'île de Malo. Une vague
d'émigration polynésienne, venant donc de l'est, est arrivée entre le 11 et
le 15ème siècle, apportant nouvelles connaissances et coutumes.
Pendant
tout ce temps les différentes tribus qui peuplaient l'archipel vivaient
séparées par des forêts et de larges bras de mer; elles formaient des
petits clans installés sur le territoire ancestral, sans développer un
quelconque sentiment national.
Vinrent alors les européens. Divers découvreurs se succédèrent avant que la
France et la Grande Bretagne ne "s'entendent" au début du XXème siècle pour
occuper conjointement l'archipel en créant le condominium des "Nouvelles
Hébrides". Ce nom avait été donné aux îles par James Cook, l'infatigable
navigateur, durant ses explorations de 1774, en référence aux Hébrides qui
sont des îles britanniques situées à l'ouest de l'Ecosse.
En 1980 le pays accédait à l'indépendance et prenait le nom de Vanuatu; qui
signifierait "notre terre" dans une langue locale.
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La possession de la terre va être LE problème politique majeur qui
fera le lit de l'indépendance.
Dans
les années 60 les européens s'étaient approprié environ 30% des terres dont
ils n'avaient encore cultivé que la moitié (surtout des cocoteraies) et ils
considéraient la propriété foncière comme un bien marchand comme les autres.
Les Ni-Vans de leur côté voyaient la terre de leurs îles comme un
patrimoine incessible appartenant aussi à leurs descendants. Quand les
colons ont recommencé dans ces années là à défricher pour développer
l'élevage, ils ont provoqué une levée de boucliers à Santo et Malekula.
Dans l'esprit des Ni-Vans, ces terres non exploitées leur appartenaient.
En 1963 Jimmy Stevens et le chef Buluk créent à Santo
le mouvement Nagriamel qui se
propose de restaurer coutumes et tradition au sein des tribus ainsi que de
faire restituer toutes les terres non exploitées par les européens.
Charismatique leader traditionaliste, Jimmy Stevens était curieusement né
d'un père écossais et d'une mère tongienne… Développant leur mouvement dans
les îles du nord, à partir de Fanafo,sur Santo, les deux leaders deviennent
vite des héros quand ils occupent en 1965 des terres en friche appartenant
aux blancs.
En 1975, contre toute attente, Nagriamel perd des
élections organisées au niveau de l'archipel. On commence alors à parler de
sécession dans les îles du nord; laquelle est même proclamée l'année
suivante à Santo, dans l'indifférence générale d'un pays pas encore
indépendant. A partir de ce moment les colons français (et même peut être
leur gouvernement, dit on chez Lonely Planet), inquiets des intentions
britanniques d'accorder l'indépendance à un pays où la majorité des
habitants étaient protestants et anglophones, auraient joué un trouble
double jeu, apportant un soutien officieux au Nagriamel qui souhaitait
ouvertement le maintien de la présence française dans les îles du nord, tout
en proclamant officiellement la légitimité des vainqueurs des élections.
En 1979 des élections préparatoires à l'indépendance
confirment la suprématie de la communauté anglophone et amènent au pouvoir
un premier ministre protestant dur (Walter Lini). C'est lui qui va réprimer
les menées séparatistes qui se développent alors sur tout le nord de
l'archipel et sur Tanna. Pour ce faire, alors que les deux anciennes
puissances colonisatrices se tiennent par la barbichette, il fait intervenir
la troupe de Papouasie Nouvelle Guinée qui met, sans état d'âme, une fin
brutale aux désordres. Cela permettra aux britanniques de régler le conflit
au sein du Commonwealth, sans faire intervenir de troupes anglo-saxonnes.
Jimmy Stevens sera arrêté et emprisonné jusqu'en 1991.
A sa libération, il détenait le record de durée de détention politique. Il
mourra en 1994 dans son village de Fanafo.
Après
l'indépendance, le Vanuatu a adopté des lois protégeant la propriété
coutumière des terres en interdisant aux autochtones d'en vendre aux
étrangers. Seule restait possible la location de longue durée avec des baux
d'une durée maximum de 75 ans (c'est la durée de vie productive d'un
cocotier). Aujourd'hui, les australiens sont très présents au Vanuatu sous
forme de conseillers administratifs, de touristes, d'affairistes, de
retraités… et les lotissements australiens de résidences secondaires ou de
retraites se multiplient sur Efate. Ces réalisations immobilières;
construites sur des terrains loués avec de tels baux, nous paraissent lourds
de futurs affrontements autour de la propriété des lieux.
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Le Bichlamar est une langue construite autour d'une grammaire extrêmement
simple et d'un vocabulaire très restreint, principalement d'origine
anglaise. Le verbe être n'existe pas et la plupart des relations entre mots
sont assurées par le connecteur blong (vient de belong = appartient).
Curieusement son écriture s'appuie sur les conventions phonétiques du
français… Ainsi le mot signifiant "où" s'écrit "wea" et non" where"; ou
encore celui signifiant "temps" s'écrit "taem" et non "time". Homme blanc ne
s'écrit pas "white man" mais "waetman"…
Par égard pour les autochtones, il est bon de connaître quelques expressions
courantes:
- Bonjour:
Alo
- Au revoir:
Tata
- S'il vous plait:
Plis
- Le premier:
Nambawan
- Enfant:
pikinini
- Médecine:
meresin
- Merci beaucoup:
Tank yu tumas
(thank you very much)
- Parlez vous
français? Yu toktok
french?
- Comment vous
appelez vous? :
Wanem nem blong yu?
- Je m'appelle
John: Nem blong mi Djon
- Où sont les
toilettes SVP? :
Plis wea i klosis?
- Je mange du
riz:
Mi kakae raes
Le vocabulaire restreint nécessite de longues périphrases pour exprimer
les concepts qui ne sont pas usuels.
-Contraceptif:
"Meresin blong blokem
pikinini"… soit "médecine pour bloquer les bébés"
-Soutien gorge:
"Basket blong
titi"…. Ou "panier pour les seins"
-Le Prince
Charles d'Angleterre:
"Nambawan pikinini blong
Kwin".
En anglais: "number one child of the queen" et en français: "l'aîné de la
reine"
-Scie:
"Wanfala samting
blong kakae wud, i kam i go i kambak"… En anglais: something wich
eats wood, it comes it goes it comes back. En français: un quelque
chose qui mange le bois, qui va, qui vient, qui revient encore.
Plus spectaculaire, bien que moins courant:
-Piano:
"Bigfala bokis
blong waetman, tut blong em sam i black, sam i waet; taem yu kilim emi
singaot"
En anglais:
"Big box wich belongs white man, with some white and some black teeth; when
you strike it, it sings out". Soit en français: "La grosse boite des
blancs, avec des dents blanches ou noires que quand tu tapes dessus elles
chantent".
-Violon:
"Smol sista blong
bigfala bokis sipos skrasem bel blong em i krae…" Soit en anglais:
"Little sister of big box, if you scratch its stomach it cries…ou en
français: "Petite sœur de la grosse boite, si tu lui grattes l'estomac elle
pleure".
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Le Nimangki: Un système social "tous terrains"
Statut et pouvoir s'acquièrent dans les tribus selon les règles du
Nimangki.
Pour monter d'un grade, les aspirants doivent prouver leur talent et leur
richesse en organisant des cérémonies spectaculaires qui s'accompagnent de
danses et de festins.
L'ascension
sociale dans le village se paie en offrandes de cochons tués. Sachant qu'un
verat met environ sept ans pour se voir pousser une belle paire de défenses
(idéalement, elles doivent former au moins un cercle fermé et donnent alors
à l'animal une valeur de 40 000 Vatus) seuls les hommes riches pouvant
fournir plusieurs cochons atteindront le haut de l'échelle sociale. Le
cérémonial ressemble beaucoup à celui auquel nous avons assisté à Wallis:
alignement de cochons, nattes, cadeaux, yams et taros. Bombance.
Au sud est de Malekula les hommes peuvent prétendre à 35 grades, alors que
sur Ambae il n'en existe que quatre. Cette ascension sociale peut commencer
jeune mais l'homme fournit habituellement ses premier cinq à dix cochons
pour faire sa demande en mariage, ensuite il achète des truies pour
consolider sa fortune.
Il paraît que pour les hommes riches d'Efate la valeur d'une épouse peut
atteindre le prix d'un véhicule 4x4 tout neuf. C'est pourquoi les filles à
marier de la région sont appelées des
"Toyotas"…
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Le Naghol (ou la vraie origine du
saut à l'élastique...).
Le Yam est une plante importante dans la tradition et dans l'alimentation
Ni-Van.
Tous les ans en avril (quand les premières pousses sortent de terre) les
habitants de chaque village du sud de Pentecôte entreprennent la confection
d'une grande tour faite de troncs d'arbres et de lianes.
Habituellement elle mesure dix huit à vingt mètres de haut mais certaines
peuvent en atteindre vingt sept.
En mai-juin tous les week-ends, des hommes volontaires, simplement vêtus
d'un "memba" (étui pénien) rouge, plongent vers le sol du haut de ces
édifices, retenus aux chevilles par deux longues lianes.
Si elles sont trop longues ou trop fragiles, le plongeur s'écrase au sol,
mais si elles sont trop courtes il se fracasse contre la tour…
Ces deux accidents ne sont séparés que par une dizaine de centimètres de
liane en plus ou en moins.
Chaque homme est seul responsable de ses lianes qu'il sélectionne et prépare
lui même.
L'idéal est qu'au bout du saut les cheveux du plongeur caressent le sol; la
tradition veut que ce contact furtif fertilise le sol et que le saut sera
bénéfique pour une récolte abondante de yams.
Les jeunes hommes
sautent les premiers (de neuf mètres environ) puis chaque plongeur successif
saute d'une position de plus en plus élevée, en fonction de ses expériences
précédentes.
Le saut final du haut de la tour, le plus difficile, est celui du "chef de
la tour", l'homme qui a supervisé sa construction.
Le problème du plongeur est de ne pas se laisser simplement tomber mais de
s'envoler assez loin de la tour pour ne pas se cogner aux éléments en
saillie pendant sa chute.
A
l'origine les hommes sautaient tous les cinq ans du haut d'un banyan mais
aujourd'hui les outils modernes leur permettent de remplacer l'arbre par une
tour.
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Situé à trois cents kilomètres au Nord Est de la
Nouvelle Calédonie, avec neuf volcans en activité dont sept à terre,
l'archipel du Vanuatu fait partie de "l'anneau de feu du Pacifique". En
activité permanente, les cratères les plus menaçants sont situés à cent
trente kilomètres de Port Vila:
Lopevi, îlot totalement évacué lors de l'éruption de 1970 et
Yasur sur Tanna.
Les visites de volcans en activité sont une activité
touristique très prisée, surtout à Ambrym et Tanna où des visites sont
régulièrement organisées, dans des conditions de sécurité assez éloignées de
nos standards occidentaux: "Il pleut des pierres là bas, et les casques sont
rares"…
Pour accompagner les éruptions de volcans, il y a aussi
les tremblements de terre. Les sismographes enregistrent tous les jours de
nombreuses secousses dont peu sont assez fortes pour être ressenties par la
population. Le dernier séisme important, en 1994 (plus de 7 sur l'échelle de
Richter), fit de nombreux dégâts; tandis que d'autres en 1945 avaient
généré des tsunamis.
Pour
ajouter encore du piquant à la vie locale, on compte statistiquement sur la
visite de deux cyclones et demi par an, entre décembre et mai… Chaque île
peut ainsi prévoir d'être vraiment ravagée une fois tous les 30 ans, sans
préjudice des dommages moindres que lui causeront plus régulièrement les
vents violents et les pluies torrentielles accompagnant les cyclones
"périphériques" qui passeront dans les parages. Ces cyclones sont très
surveillés par les services météo de la région. Quand on en détecte un qui
risque de s'approcher du pays, les radios locales en donnent des nouvelles
toutes les heures, pour que les gens prennent leurs précautions, attachent
leurs toits et rentrent chez eux. A terre, le danger le plus courant est
représenté par les plaques de tôles qui volent après s'être détachées d'un
toit.
On ne s'ennuie pas au Vanuatu…
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Confectionnés
dans des troncs d'arbres, ce sont des cylindres qui mesurent couramment
trois mètres de haut; on en trouve quelques uns qui atteignent six mètres.
La moitié supérieure de ces objets est sculptée, représentant généralement
une ou plusieurs figures allongées, superposées, avec de gros yeux ronds, un
nez pointu percé de deux trous et un menton proéminent. Les cheveux et la
barbe sont figurés avec des clous. La moitié inférieure est largement
évidée, à travers une longue fente étroite (de l'ordre de 5 centimètres de
large) qu'elle présente sur le devant. Ce sont la caisse de résonance et
l'ouie de l'instrument.
Comme on utilise du bois très dur, le creusement d'un
tam-tam est une tâche longue et difficile.
Installés près des villages, ils sont utilisés comme
instruments de musique pour les fêtes et les cérémonies. On en rencontre
parfois éparpillés dans la jungle; ce sont alors des télégraphes de brousse
pour transmettre des messages codés (les plus grands ont une portée de 30
kilomètres, sous le vent).
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