LA GAZETTE DE L'A.R.B
Anyvonne Restaurant Bar
 
Malaisie Thaïlande - Le journal de bord
N°30 - Avril 2007

 


 

L’indonésie, c’est fini…, maintenant c'est cap sur l'Asie du Sud Est

La marina de Bantam où nous vous avons quittés à la fin du n°28, était notre dernière étape indonésienne. Au nord, à quelques milles, c’est l’Asie du Sud Est qui nous attend: Singapour, le "célèbre" détroit de Malacca, la Malaisie, la Thaïlande… Tous ces lieux dont nous attendons un dépaysement total. (Quoique côté dépaysement, l’Indonésie ait déjà beaucoup donné …) et dont on nous a dit qu'ils étaient tous engagés avec détermination dans la course à la modernité et au développement économique.


Singapour et ses boutiques

D'abord trouver où mouiller…

Nous sortons d'Indonésie par une audacieuse navigation de deux petites heures, au moteur, à travers les cargos au mouillage, pour rejoindre le bouquet de buildings ultra modernes qui marquent sur l'horizon la position de Singapour.
Dans cet univers essentiellement urbain, nous ne savons pas trop où nous allons pouvoir poser notre ancre. Les récits de nos prédécesseurs et nos guides nautiques ne parlent que de yacht clubs surpeuplés, de marinas extrêmement coûteuses et de coast guards très motivés pour interdire aux bateaux de passage toute forme de mouillage sauvage.
Tentons d'abord le Yacht club de Changi, situé au Nord Est de Singapour, près du village du même nom. Pas trop d'espoir d'y trouver une bouée libre mais peut être qu'on nous laissera quand même un petit coin où poser l' ancre…
C'était sans compter sans l'ouverture de la nouvelle "Raffles marina " dont tous les récits récents vantent le luxe et le confort moderne et qui draine maintenant vers l'ouest les amateurs de pontons.…
En conséquence, il y a maintenant plein de places et de bouées disponibles au Changi Yacht Club. On peut même en choisir une; bienvenue, vu la vitesse du courant dans ce détroit qui sépare Singapour de la Malaisie; avant de partir sereins à la découverte des richesses du rivage: bar, resto, piscine, douches, arrêt de bus, village proche… Que demande le peuple?


Avant une cure d'hygiène urbaine.

La "folie" des Crocs

Les Crocs, mais qu'est ce que c'est?

On les a découvertes dans un grand magasin de Singapour où elles étaient vantées comme des chaussures révolutionnaires et vendues à prix d'or. A ce prix là et moches comme elles étaient, nous avons seulement haussé les épaules devant ces nouvelles améric-âneries, avant de passer à autre chose.
Et puis lorsque l'équipage de Smac est rentré du Laos qu'il avait parcouru Crocs aux pieds, après en avoir acheté à Bangkok, nous avons commencé à douter… Pourtant, qu'ils étaient donc laids, chaussés de leurs Crocs…

Mais que sont ce donc que ces Crocs? Vous demandez vous…
Eh bien ce sont des espèces de sabots (genre botocoat breton) en plastique, gros, larges, épais, moches, on peut même dire monstrueux…
Pour couronner le tout, le fabricant a décidé de ne pas faire dans la discrétion non plus au niveau de la couleur: ils sont donc jaune, rose, bleu, vert… peut être est ce ça qui les sauve finalement, tant qu'à faire moche autant faire kitch et que ça se voie?

Et puis GG a craqué. Il en a acheté une paire aux US l'été dernier et depuis il ne porte que ça, tous les jours. Aux US, en Bretagne et maintenant en Asie… (Non non, il ne dort pas avec…).
Le second a eu plus de mal… Il faut assumer quand même, quand tout le monde regarde vos pieds d'un air carrément ahuri. Mais notre voyage au Laos a fait tomber ses dernières réticences, quand on n'a pris que ces chaussures là dans les bagages… On a crapahuté partout avec… et pas d'odeur, pas d'ampoules,… Même avec des chaussettes…
Bon on n'essaie pas de vous convaincre… On n'a même pas réussi à convaincre l'équipage de Joran. Mais sous les tropiques et dans un milieu humide comme le bateau c'est super.
Maintenant qu'on en trouve aussi en Thaïlande, le capitaine en a même acheté une paire (jaune canari..) de réserve… Pour quand la première sera vraiment usée…
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Singapour est une petite île de 600 km2 située à l'extrémité (sud) de la péninsule malaise.
Dès avant la colonisation, elle faisait partie du royaume de Johor, un des royaumes et sultanats qui forment la fédération malaise créée au moment de l'indépendance. Singapour, à population majoritairement chinoise, a fait sécession peu après le départ des anglais pour se déclarer indépendante de la Malaisie en 1965, sans réaction violente du gouvernement malaisien.
Gouvernée depuis de manière efficace et répressive elle a construit avec persévérance son image d'île "la plus propre du monde". On ne crache pas - on ne chewingumme pas - on ne fume pas - on ne jette rien dans la rue - on ne laisse même pas sa voiture en stationnement le long du trottoir… (Tout cela est protégé par des PV dissuasifs)…
Ce sera donc un "break" aseptique entre Indonésie et Thaïlande aux allures moins "proprettes".
Le plus étonnant, c'est que ce pays et son gouvernement sont à 80% chinois. Partout ailleurs, nous avons pourtant constaté que ces derniers adorent l'amoncellement "bazardeux"; surtout dans leurs magasins, où souvent eux seuls savent se retrouver. Le gouvernement a donc fait très fort en réussissant à les aseptiser ainsi; au moins à l'extérieur, car même à Singapour, les échoppes chinoises sont parfois aussi bordéliques qu'ailleurs.

Mais il n'y a pas que des chinois dans cette ville et les mesures hygiénistes gouvernementales n' ont pas encore vraiment frappé la communauté Hindoue qui a conservé à son quartier -little India" - un aspect désordonné et "vivant", bien de chez eux.

On fera de nombreuses excursions en ville; avec plaisir car cela fait un bout de temps qu'on n'avait pas arpenté une capitale. Et puis c'est vrai aussi que cette ville propre et très verdoyante est agréable à fréquenter. (Une des surprises, c'est de voir l'importance des espaces verts qui séparent des zones urbanisées à l'excès.)
On fait connaissance avec le MRT (Mass-Rapid-Transit) métro assez semblable au RER parisien, en plus propre, dont la billetterie marche avec une carte magnétique rechargeable.
On y accède depuis le mouillage grâce au bus qui s'arrête en haut de la côte, près du yacht club de Changi.
La première fois, on a oublié qu'ici ça roulait à gauche et que donc pour aller à l'ouest vers la ville, il fallait attendre sur le trottoir d'en face…quand on s'en est aperçu c'était trop tard, le bus était déjà passé… Zut… Retour sur nos pas pour prendre le prochain… Mais on y arrivera!

Et de shopping occidental

Dans le centre ville le capitaine trouve" tout qu'est ce qui faut" dans des super buildings spécialisés en électronique et en informatique…
Pour les équipements de bateaux c'est un peu plus difficile. Ce sera même très compliqué de trouver un shipchandler…chinois… qu'on nous a signalé dans une rue paumée… Mais on y arrivera aussi.
Le cap'tain dégottera ainsi la commande de gaz dont le moteur a si tant besoin, une zuuberbe annexe neuve et un zzzzuuuuberbe moteur hors bord de 15CV (vieux rêve du GG qui, depuis 8ans, aimerait planer en annexe sans le concours d'herbes illicites. Maintenant c'est arrivé, il plane à qui mieux mieux. Le bonheur tient quand même à peu de choses…)
Dans des boutiques moins spécialisées on trouvera aussi des fringues, un téléphone portable, Harry Potter en anglais… Et un raton laveur…(non, c'est le second qui s'occupe du linge).

Il y a aussi un zoo réputé au centre de l'île, dans ce qui subsiste de forêt humide.
En deux heures AR, de bus-métro-bus, on va s'y promener, dans un beau jardin tropical qui abrite serpents, singes, tigres, et éléphants qui s'ils ne sont plus vraiment dans leur élément, sont au moins sous leur climat d'origine.
Singapour nous aura donc finalement assez plu. Mais tout a une fin, même et surtout le lèche vitrine…

 


Vers la Malaisie et le détroit de Malacca

Nous entrerons en Malaisie par une petite porte, juste au nord de Singapour, au fond d'un fleuve qui coule à l'est de Johor Bahru, la capitale du royaume de Johor.
Seize milles de moteur depuis le mouillage de Changi, pour arriver à Sébana Cove: une marina hyper planquée du vent et de la mer, au fond de la rivière. C'est encore un complexe à "resort" pas très fréquenté dont le calme pastoral fait suite à la "frénésie" urbaine de Singapour.


Ça ne veut d'ailleurs pas dire que nous en avons fini avec Singapour où nous reviendrons encore, en navette, pour faire les derni ères emplettes.Le capitaine ayant satisfait ainsi ses besoins pressants, nous quitterons cet univers encore singapourien pour repartir vers le nord et aborder réellement le détroit de Malacca.


Kukup sera notre première étape, tout au Sud de la côte Est du détroit. Mais pour arriver là, il faut d'abord contourner par l'Ouest toute l'île de Singapour et se farcir plus de 12 heures de moteur, avec le jus dans le pif, entre les orages aveuglants et les cargos monstrueux dans toutes les directions. Cette navigation est pleine d'émotions et de sensations fortes…Le gars Raffles avait eu du nez en choisissant ce site stratégique car on peut dire que tout ce que les océans Pacifique et Indien portent de gros culs (bateaux de fort tonnage…) se croise ici. On n'en n'avait jamais vu autant: de si gros, si hauts, si larges, si puissants, si remplis à déborder, si rapides, si… Le rail d'Ouessant parait un désert marin à côté d'ici…
On a intérêt à garer son étrave quoi!

Kukup

Cette épreuve de slalom de 12 heures entre les mastodontes explique notre plaisir de nous arrêter en fin de journée, à l'heure du Pub, dans le petit port de pêche de Kukup, caché entre un îlot couvert de mangrove et la côte de la péninsule malaise. Nous avons lu quelque part que le week end ses restos à fruits de mer y attirent les singapouriens par ferries entiers. Alors, forcément on vient voir…
Kukup est un village entièrement bâti sur pilotis dans la mangrove. C'était, il y a longtemps (au début du siècle), un repaire de pirates du détroit. Maintenant c'est un village de pêcheurs et de fermes marines.
Pour débarquer, à marée basse, le capitaine laissera avec inquiétude notre bioutifoul annexe amarrée au ponton branlant d'un restaurant à terrasse que nous traversons dignement pour atterrir dans la rue, pavée de neuf, qui relie en ligne droite le débarcadère du ferry à la sortie du village. Cette rue est bordée de restos tout du long et c'est la seule du village..
Dès qu'on quitte cette avenue vers la gauche on s'aventure dans le VRAI village. En fait ici, hormis la rue "en dur" qu'on vient d'évoquer, absolument tout est bâti sur pilotis, dans la mangrove. Les "rues" sont faites d'allées en planches et bordées de maisonnettes, épiceries chinoises et maisons d'hôtes, souvent construites en bois et en tôle, tout ça perché sur des pieux en bois. A marée haute, c'est beau… A marée basse, on a intérêt à aimer les vasières…

On goûtera aux crabes locaux dans leurs sauces exotiques (black pepper et chilli) et on découvrira là, pour la première fois, une constante de la cuisine Asiatique: tout y est cuit sans sel, et nos crabes ne valent que par leur sauce relevée. Pas de sel pour exhaler le goût des choses. Ça va vite devenir un vrai problème pour nos palais bretons. Surtout pour les fruits de mer…

Enfin on se reposera quand même de nos émotions singapouriennes, et on dormira bien malgré un trafic intense de petits bateaux qui relient, surtout de jour, le village et les dizaines de fermes à poissons qui sont installées dans la mangrove, en face.

Malacca, un détroit de mauvaise réputation…

Alain et Christina nous rejoindront à Kukup sur SMAC, ainsi que Michel et Monique sur MIMOYA (deux autres franco-suisses que nous avons rencontrés à Sebana Cove). C'est dans cet équipage que nous aborderons, cap au NW, le fameux détroit de Malacca, tellement réputé pour ses pirates.

Ce détroit, long de presque 800 Kms, relie la mer de Chine méridionale au golfe du Bengale et est un des passages maritimes les plus fréquentés du globe, car il relie l'Europe et l'Inde d'une part, à l'extrême orient et l'Australie de l'autre.
Il est constitué du bras de mer qui sépare la Malaisie et la Thaïlande de leur voisine indonésienne, l'île de Sumatra. (Ne pas confondre avec Bornéo - au nord de Bali - comme nous le faisions encore il y a peu). Sumatra, presque aussi grande que la France, est musulmane et fort peu développée.
Les gouvernements Thaï et Malaisien ayant beaucoup agi pour assainir le détroit de ses prédateurs, c'est maintenant depuis la côte de Sumatra qu'opéreraient les pirates modernes. Les bruits de pontons racontent que le dernier tsunami en ravageant cette côte, aurait détruit beaucoup de leurs "nids" et que donc le détroit en serait provisoirement plus sûr. D'autres rumeurs affirment aussi que les pirates n'attaqueraient que les cargos et pas les petits minables comme nous.
C'est donc avec une certaine sérénité que nous y pénétrons… Et c'est tant mieux, car nous n'y rencontrerons jamais autre chose de plus inquiétant que les flotteurs des filets posés par les pêcheurs .
Jusqu'à Phuket, ces filets encombreront d'ailleurs toutes nos nuits de veille…


Une navigation sans beaucoup d'émotions

Cette remontée du détroit va se faire par étapes de navigation sans vent, sans grand intérêt, parcourues à 70 % au moteur le long des rails des cargos.

En fait de nuits de veille, nous n'en aurons pas beaucoup, car dans cette première partie du détroit, nous mouillerons tous les soirs, parfois au milieu de rien sinon des flottilles de pêcheurs, sur le grand plateau vasard qui déborde largement la côte malaisienne sous 3 à 4 mètres d'eau.
Pendant ce temps là, les trains de cargos continuent leurs allers et venues, à quelques centaines de mètres à l'ouest, le long des rails que nous avons abandonnés pour dormir.


Malacca, sa ville, son port…

Fondé en 1403, le port de Malacca permettait de contrôler la navigation dans le détroit et en a tiré sa prospérité.
Il a été "aidé" par les Chinois, pris par les Portugais en 1511, puis par les Hollandais en 1641 et enfin les anglais en 1795.
La vieille ville garde encore dans ses petites rues des traces visibles de tous ces "visiteurs": Ancien hôtel de ville hollandais, boutiques d'antiquités et églises (St François Xavier est passé par là). Nous n'y ferons pas escale mais nous y reviendrons en visite plus tard, par la route.

Port Dickson, première marina, au Sud du détroit.

Trois jours de navigation nous amèneront à Port Dickson… Encore une marina associée à un ensemble immobilier. Cet espace de sécurité va tout de même nous permettre d'y abandonner le bateau un mois, le temps d'aller courir le Cambodge et le Viêt-Nam. Mais ça, vous savez déjà, c'était l'objet du dernier numéro de la gazette.


Penang et Butterworth, Une histoire de carrefour…

Poursuivant notre remontée vers le nord, avec force diesel et quelquefois un peu de voiles, nous atteignons enfin Penang.
Penang est une "île" de 300km2, reliée maintenant au continent par un pont gigantesque.
Du côté îlien du pont, c'est Georgetown, la plus vieille implantation britannique en Malaisie, que nous atteignons en passant sous le grand pont, pour arriver à la marina toute neuve, luxueuse et… quasiment déserte…
A partir de 1786, cette ville fut une Mecque intellectuelle qui attirait rêveurs, penseurs et artistes. Sun Yat Tsen y a résidé en 1911. Il reste de cette période quelques bâtisses intéressantes, noyées dans de grands ensembles d'immeubles modernes.


Mais restons terre à terre: De l'autre côté du pont, c'est la ville de Butterworth où est installé un magasin Carrefour. Comme nous devons refaire nos provisions de vivres, avec ses parfums de fromages français et de charcuterie difficiles à trouver en pays musulman, ce Carrefour nous attire comme le sucre fait pour les mouches.
Le ferry est tout près de la marina, des taxis attendent en face… Tout va donc très bien, jusqu'à la sortie du magasin… Là, courses faites, on ne trouve plus ni taxi, ni bus…
Renseignements, appels téléphoniques, attente… Le taxi qui finira par nous ramener au ferry nous assomme d'un prix sans concurrence.
Résultat de la course: 15 euros de voyage pour ne rien trouver d'intéressant. Le supermarché de Georgetown s'avérera largement aussi bien achalandé.


La nuit, tous les cargos sont gris...

Notre dernière étape malaisienne sera l'archipel de Langkawi, situé à une cinquantaine de milles au nord de Penang, près de la frontière nord du pays. C'est donc très tôt le matin que nous quittons la marina de Georgetown avec l'espoir d'avoir encore un peu de jour quand il faudra choisir autour de Langkawi notre mouillage de la nuit prochaine.
En fait, il est 5 heures du matin quand nous quittons le ponton. Il fait nuit noire pour encore une bonne heure mais le long chenal qui permet à un trafic important de cargos de rallier Penang par le Nord est très bien balisé.

Quelques dizaines de minutes après le départ, après avoir déjà croisé de nombreux bateaux, le capitaine qui veille attentivement dans le cockpit est très intrigué par un groupe assez dense de lumières qu'il aperçoit au loin.
Elles pourraient être installées sur un îlot mais il n'y en a aucun porté sur la carte… Mais les îles artificielles existent et toutes nos cartes ne sont pas à jour…
A mesure que le temps passe (un quart d'heure - vingt minutes….), il devient clair que ces lumières et cet îlot – si îlot il y a – sont implantés tout près du chenal car nous nous dirigeons résolument vers eux. Aux jumelles, rien que des lumières, pas d'autre indication qui témoignerait d'une construction, d'une ferme marine,…
Mais qu'il fait donc noir, bon sang… Encore une bonne demi heure avant que ça ne s'éclaircisse…
Quelque temps encore et le capitaine commence à s'apercevoir que ces lumières sont assez hautes sur la mer. C'est même vachement haut pour une ferme marine… Et puis, noire sur noir, il commence aussi à distinguer une masse importante sous les lumières… Une île alors? Vraiment???
Tout à coup, ces réflexions perplexes sont interrompues par une sirène de brume tonitruante, qui mugit à quelques dizaines (centaines???) de mètres devant… Bon dieu, mais c'est un cargo!!! Et la grosse, l'énorme masse noire et informe, c'est son étrave qui nous arrive dessus à fond la caisse, au milieu du chenal…
Panique à bord… Vraiment… Tout plein d'adrénaline…
Mais qu'est ce qu'on fait???? Vers où se dirige ce p… de cargo qu'on n'avait même pas reconnu.
Faut il l'éviter par bâbord ou par tribord???? En tous cas on ne peut pas continuer comme ça!!!
Comme le capitaine se souvient qu'on navigue plutôt du côté ouest du chenal, va pour bâbord toute et moteur à fond la caisse… Quelques secondes plus tard, signalée maintenant très clairement par le bruit de son moteur, l'énorme masse d'acier passe tout près sur notre tribord, surmontée bien haut de ces lumières qui tant et si longtemps nous intriguèrent.
La sirène de brume se tait enfin… ne reste que le bouillonnement infernal des hélices…
C'est fini…
Nous vous racontons cette anecdote car enfin, un capitaine de l'expérience de celui de Getaway ne va quand même pas manquer de reconnaître de nuit un malheureux cargo qui navigue dans un chenal… ni un éléphant dans un couloir… Surtout s'il n'est ni endormi ni distrait…
Cette histoire l'a un peu traumatisé tout de même.
Ah si j'avais consulté le radar… C'est clair que l'écho aurait été hénoooorme et que ça aurait levé le doute immédiatement…
Un accident est bien vite arrivé…

L'archipel de Langkawi

Un paradis de petites croisières.

Nous aurons une dizaine d'heures pour nous remettre de ces émotions avant qu'apparaissent les falaises de Langkawi. Il fait encore jour et nous pourrons choisir l'endroit où poser délicatement notre ancre pour une nuit réparatrice.

Langkawi, qu'on peut atteindre aisément par avion ou en ferry, est une destination de prédilection pour les vacanciers malaisiens.

L'archipel est aussi une zone hors taxes et comme on y trouve, pour la première fois depuis l'Australie, des ressources significatives pour l'entretien des bateaux, il est devenu une étape très fréquentée des navigateurs au long cours qui passent par le détroit.
Contrairement à la France, peu de locaux pratiquent la navigation de plaisance, et ces 104 îles situées à quelques milles de la côte regorgent de mouillages tranquilles où passer des nuits paisibles en la seule compagnie des pêcheurs locaux. Nous userons largement de ces mouillages sauvages mais nous passerons aussi beaucoup de temps à Telaga .


Telaga marina, une escale calme et sympa.

Sur le plan marin, Telaga marina est un bassin bien clos, lui-même situé à l'abri de deux îlots artificiels qui ménagent une vaste zone abritée où on peut mouiller pas loin de la marina proprement dite.
Sur le plan touristique, c'est un port d'opérette dont deux quais qui se font face, expriment deux obédiences opposées - comme les Montaigus et les Capulets…
A l'est, le côté Halal abrite station service, bâtiments administratifs, bar et restaurant sans alcool, femmes avec fichu pour servir et femmes complètement voilées pour clientes (c'est un lieu de vacances apprécié des riches touristes musulmans du Moyen Orient).
A l'ouest, le côté occidentalisé est beaucoup plus éclectique, libéral et marchand: restos espagnol, italien, cubain, russe et même malais, alignent leurs éventaires alcoolisés au pied de petits bâtiments neufs, peints de couleurs pastels rose, mauve, jaune, bleu, dont les étages sont adornés de bougainvillées dégoulinants sur des petits balcons ouvragés… (façon hispano- grec).


Le soir tout ça est éclairé de l'intérieur, comme une scène de théâtre car visiblement ces étages sont vides… Précisons quand même que si on fait le tour des bâtiments, on peut constater qu'ils sont complets et pas seulement des façades comme à Hollywood.

On accoste au pied de ces restos via un ponton où viennent s'amarrer cul à quai trois ou quatre grosses unités à voile ou à moteur qui évoquent Cannes, St Trop ou Porto Cervo…

Nous irons plusieurs fois reposer nos palais des piments malais dans ces restos occidentalisés.

Getaway fréquentera peu la marina de Telaga, mais restera longtemps au mouillage derrière les îlots artificiels qui en défendent l'entrée.
Côté terre le paysage est grandiose, sur fond de hautes montagnes qui paradoxalement n'empêchent pas l'aération. On dit même qu'à Telaga il fait moins chaud qu'ailleurs.

Mais surtout, à Télaga, on rencontre des copains et on boit des coups…

Histoire de nain

En hommage à Amélie Poulain que nous avons re-regardé à Telaga…

Nous avons loué périodiquement à la marina un nain de jardin, que nous avons surnommé ouifii,
Il est écologique, silencieux et même économique, sauf en électricité.
Il occupe bien les capitaines, en tous cas le notre.
Il a aussi d'excellentes qualités désherbantes: ma fille l'appelle le
" Nain Terre Nette"…

Nous avons rencontré là Michel et Bea (franco italien), Serge et Cathy (canadiens), Eric et Nicole (suisses) et Alain et Zakia (franco algérien).
Imaginez les soirées apéro-dinatoires, les discutions politiques, les rigolades, les mises en boite… Ambiance assurée sans aucun effort linguistique, ça repose!
Les premiers nous vanteront le Lot ou ils se préparent à se retirer un jour, les second nous raconteront leurs histoires de routiers, car la moitié de l'année ils remplissent leur caisse de bord en sillonnant en couple, les USA d'est en ouest, au volant de leur énorme truck; et ils aiment ça! Les troisièmes nous donneront plein de tuyaux sur les bonnes affaires du coin: Eric nous rapportera ainsi de Singapour, ou il ira l'acheter en ferry et en bus, une BLU à un prix imbattable. Les derniers nous donneront envie, s'il en était besoin… de partir pour Madagascar où ils ont leur second bateau… et Alain nous émerveillera par ses connaissances politico économico-géographico-historiques…il écoute les infos en boucle TOUTE la journée….on n'avait encore jamais vu ça...


Oui, mais on ne boit pas des coups toute la journée, quand même???

Noooon, pas tout le temps… La journée, le capitaine se passionne aussi pour Internet et le site web de Getaway, à travers la connexion ouifii qu'on s'est ouverte à la marina. Il passe donc toutes ses journées à s'user les poignets sur les bords de la table à carte où est fixé l'ordinateur.

A la marina, comme la station service vend aussi de l'épicerie de première urgence, on est les rois du stade. On peut même rester ici sans jamais se déplacer si on n'a pas besoin de manilles ni de poulies, car tous les vendredis, un chinois vient sur place vers 10h30 avec sa petite camionnette remplie de produits frais de toutes sortes, genre légumes, viande fromage, fruits, pain…
Il est réputé être plus cher qu'ailleurs, mais compte tenu du prix du véhicule qu'il faut louer pour aller au supermarché et du temps perdu sur la route, on a souvent opté pour cette solution de fainéants.

La Thaïlande

Après Langkawi, c'est tout de suite la Thaïlande.
Si pour un bateau croisant dans la région, la Thaïlande c'est surtout Phuket, le centre du pays se trouve tout de même beaucoup plus au Nord où il s'étend jusqu'au Laos et au Cambodge.

De Telaga à Phuket et vice versa

Pour des raisons de visas thaïlandais, on fera plusieurs fois l'aller retour entre Telaga et Phuket, avec arrêt au mouillage tous les soirs (on n'est pas des bêtes quand même).
Quand on remonte de Télaga, on commence par s'arrêter à Koh Rawi au bout de 32 milles, puis à Koh Rok, 43 milles plus loin. Si on est fatigué de Koh Rok on peut préférer Koh Ngai, Koh Muk ou Koh Kradan à une douzaine de milles à l'Est; 18 milles plus loin Koh Lanta et 27 encore, Koh Phi Phi où on n'est plus qu'à 20 de Phuket. Vous devez avoir déduit de cette multitude de "Koh" que ce terme signifie île… Et vous avez gagné.
Si vous additionnez le tout, la route de Telaga à Phuket est longue d'environ 140 milles. A notre train, c'est une navigation de 3 ou 4 jours…

Koh Rok est formé d'un couple d'îlots qui a servi de décor (au vrai sens du terme) à la série télé "french survivor".
Les deux îlots sont tout petits et on se demande comment les acteurs de ces "drames de la survie" ont pu résister (à l'écrasement?) sans se marcher sur les pieds ni faire dix fois le tour par le même chemin...
D'accord, on est mauvaise langue et on ferait mieux de regarder la série. On y songera dans une autre vie (deviendrait on bouddhiste?)

En attendant, ici ils ont pris la grosse tête, se sont baptisé parc national et font payer la nuit de mouillage - sauf si vous arrivez tard et promettez de repartir tôt le lendemain.


Transformer le lieu de tournage d'un film célèbre en un site où emmener les touristes se balader est une pratique assez courante par ici.
Nous connaissons au moins deux autres endroits ainsi mis en évidence et exploités:
-Kho Phing Kan, dans Phang Nhga bay, décor de "James Bond contre Dr No"
- Kho Phraya Nak (tout près de Kho Phi Phi) où fut tourné le film "The beach" avec Leonardo di Caprio .


Phuket

Encore une "fausse île"reliée au continent par un pont: 800 km2 (48 x 21 km).
On la retrouve portée sur les cartes du SE asiatique dès le 2ème siècle; elle devait être déjà bien connue des marins orientaux.
Les explorateurs et marchands occidentaux l'ont "découverte" au 16ème siècle sous le nom de Junk Ceylon et lui ont fait une réputation pour ses ports naturels, ses gisements d'étain et ses pirates.

Au 18ème siècle, le capitaine Francis Light hésitera entre Phuket et Penang pour y établir une colonie. En choisissant Penang il épargna à Phuket le destin d'une colonie britannique.
En 1785, l'île fût envahie par les Birmans, mais la résistance, menée par deux sœurs, eut raison d'eux. (Une statue à leur gloire est érigée sur l'île et c'est même la seule occasion de monument de toute leur histoire…)
La ville elle même n'est pas inoubliable, mais utile pour le bricolage, les dentistes pas chers, les hôpitaux renommés…
On profitera de tout ça.

Ao Chalong vu de la mer.

Le Tsunami du Père Noël

Vous vous souvenez sûrement du Tsunami qui a ravagé les rivages de l'océan Indien le jour de Noël 2004.

En février 2006, la côte ouest de Phuket, d'où sont parvenues à l'époque tant d'images terribles et spectaculaires, ne laissait plus rien soupçonner du désastre: tout avait été reconstruit. Comme témoins, nous n'avons rencontré que des gens qui étaient installés sur la côte, y ont perdu tous leurs biens ainsi que des membres de leur famille et sont venus s'installer maintenant à l'intérieur des terres.

En décembre 2005, le premier anniversaire de la catastrophe a été l'occasion d'ériger des monuments à la mémoire des victimes. Partout dans les villages de bord de mer, des pancartes montrant une vague colossale indiquent maintenant les endroits de rassemblement sûrs, en cas de récidive.

D'autres pays ont été moins chanceux: La côte ouest de Sumatra a été encore plus ravagée et n'aurait paraît il toujours pas vu arriver le moindre sou pour la reconstruction (il s'est perdu en route (à Java?) mais sûrement pas pour tout le monde)…
Le plus triste est sans doute la vie des femmes rescapées. Au moment du drame les hommes étaient tous (en palabres???) quelque part à l'intérieur des terres tandis que femmes et enfants étaient dans les maisons au bord de l'eau. La catastrophe a touché ainsi une forte majorité de femmes…
Le problème actuel, dramatique selon les journaux, c'est que les survivantes sont rares et feraient maintenant l'objet d'une convoitise énorme qui multiplierait les enlèvements, viols, etc.…

On arrive traditionnellement à Phuket par Ao Chalong car c'est l'endroit le plus pratique pour accomplir les formalités d'entrée en Thaïlande.
L'endroit se présente comme une grande baie très fermée, au sud est de l'île, à une douzaine de kms de la "grande" ville de Phuket Town.

L'arrivée n'est pas très enthousiasmante: Des dizaines (des centaines???) de bateaux mouillés tout partout. Une longue jetée pour pelles a feu (c'est le surnom malveillant que nous donnons à ces espèces de fusées flottantes prévues pour donner des frissons dignes du décollage d'un jet, à des touristes en mal de sensations fortes) sert tous les matins à l'embarquement et tous les soirs au débarquement du troupeau qui transhume pour la journée entre Phuket et Kho Phi Phi. Pour nous, cela se traduit par bruit d'enfer et vagues inopportunes, alors on n'aime pas trop.
Mais…c'est un mouillage excellent par vent de sud ouest… et même convenable par mousson de nord est.

L'enthousiasme baisse encore d'un cran quand on tente de débarquer en annexe. A marée basse de vives eaux, un banc de vase découvre ou affleure très largement entre le mouillage et la très convoitée plage de sable où vous invite le yacht club (pas loin d'un phare factice).
Il vaut alors mieux s'inquiéter précisément des horaires de marée… S'ils se prêtent mal à vos projets, il est préférable d'éviter le coin car on s'y enfonce dans la vase "molle" jusqu'aux mollets à tenter de traîner l'annexe jusqu'au sable (on le sait, on a failli y perdre nos Crocs en le testant deux fois pour vous).
Dans ces cas extrêmes, on débarque à la jetée des pelles à feu. Il faut alors prévoir deux longs bouts pour amarrer l'annexe tête et cul aux pilotis qui supportent la jetée - et penser à le faire au niveau d'un escalier évidemment.
La gymnastique est assez complexe et il faut bien dire que plutôt que d'affronter la situation, nous choisirons quelquefois de rester sagement buller sur le bateau…

Entrer en Thaïlande et y rester.

Pour traiter le flux "important" des yachties qui fréquentent la Thaïlande, l'administration thaï a ouvert à Ao Chalong un "one stop formalities office". Très joli, très pratique

Trois conseils:
- Se méfier des heures d'ouverture. Ni trop tôt ni trop tard, ni les week end ou jours fériés. L'idéal est par exemple un mercredi non férié vers 10h du matin; vous serez alors sorti avant midi.
- Pour gagner du temps, arriver avec 4 copies de chacun de vos passeports et du livret du bateau.
Si vous ne l'avez pas prévu, il vous faudra repartir dans Ao Chalong à la recherche d'une photocopieuse qui fonctionne.
- Ne déclarer que le skipper pour équipage… Les autre passagers du bateau seront déclarés comme passagers; justement... Et la femme, habituellement membre d'équipage devient ici une passagère, quelle promotion!


Vous serez sans doute appelés à revenir plusieurs fois ici. Le visa qu'on vous y délivre n'est valable qu'un mois, au bout duquel il faudra sortir du pays avant d'y revenir et d'en demander un nouveau.
A moins que vous ne préfériez faire le "visa run" qui est proposé à Phuket par des agences spécialisées:
On vous emmène en mini bus jusqu'au Myanmar (c'est le nom moderne de la Birmanie), vous fait traverser le fleuve frontalier, et vous ramène à votre point de départ, après que vous ayez passé chaque poste frontière dans les deux sens et obtenu à chaque fois les tampons adéquats.
Ç a prend une grosse journée (de très tôt le matin à assez tard le soir), ça coûte quelques dizaines d'euros, c'est fatiguant et sans grand intérêt.
Pour notre part, nous ne l'avons pas fait et avons préféré faire des aller retour à Telaga, en Malaisie.
La ballade est certes plus longue, mais tellement plus agréable…

C'est plus facile si on est retraité.

Un truc que nous avons découvert trop tard pour nous, tout à la fin de notre séjour:
Dans une ambassade de Thaïlande en occident on peut obtenir un visa de retraité. Bien sûr, il faut être vieux (plus de soixante ans, je crois) et disposer de revenus suffisants (nous avons entendu dire qu'il faudrait même déposer une somme importante dans une banque Thaï, mais nous avons aussi entendu le contraire...), mais ce visa est valable un an et ça évite bien des tracas. Serait ce une mesure de protection des ZZT?

Gare aux marins qui veulent prendre l'avion…

Le problème des formalités se corse si vous voulez quitter le territoire thaï en y laissant votre bateau: Par crainte que vous ne le lui abandonniez, l'administration vous oblige à déposer une caution pour chaque membre d'équipage qui quitte le pays sans être "remplacé"… Comme la caution se monte quand même à près de 300 euros par personne vous comprenez pourquoi je suggérais de réduire l'équipage au minimum lors de la déclaration d'entrée du bateau. Les skippers sont donc souvent solitaires quand ils déclarent leur arrivée ici.
Le jour même de votre retour dans le pays, vous pourrez être remboursé de votre dépôt sans difficulté, mais ces formalités constituent tout de même un rituel assez casse pied:
D'abord retirer au tire-sous le plus proche la somme nécessaire.
Trouver ensuite le bureau spécialisé, dans l'établissement central de l'immigration de Phuket Town - Dans cet immeuble, il est préférable de savoir où se trouve ce bureau spécialisé ou alors être vraiment convaincu de ce que vous cherchez. La première fois que nous y sommes venus, personne - de l'hôtesse d'accueil au plus haut gradé qui s'est intéressé à notre cas - ne comprenait ce que nous venions faire là. Il faut dire que personne ne parlait vraiment anglais. Au bout de pas mal de palabres nous nous sommes tout de même retrouvés dans le bureau ad hoc. C'est celui qui s'occupe des formalités des PAQUEBOTS DE CROISIERE!!! -
On y remplit des papiers et on dépose contre reçu la caution requise, en monnaie locale. On vous remet alors un papier qui servira au point de contrôle de l'aéroport. Sans celui-ci, tout porteur d'un passeport mentionnant (mention manuscrite) qu'il fait partie de l'équipage d'un bateau n'a aucune chance d'atteindre son avion…
Au retour même procédure; enrichie d'un passage par une banque de Phuket Town pour récupérer son argent.
Pas de difficulté majeure; mais quand même pas mal d'argent mobilisé et d'énergie dépensée.


Une petite croisière autour de Phuket?

La baie de Phuket est un bassin de navigation agréable même si un peu peuplé. On peut y louer un bateau et il y a sûrement pire comme endroit pour faire une croisière d'une ou deux semaines. Le truc c'est quand même d'éviter la saison des pluies (de juillet à novembre) car si vous pouvez avoir beau temps, vous pouvez aussi passer 8 jours sous une pluie battante. Enfin, il fait quand même toujours chaud…ça console.

Les "spots" de croisière les plus populaires de la baie de Phuket sont Koh PhiPhi, Phang Nga bay et Krabi.


Koh PhiPhi

Si vous êtes déjà venus ici il y a plus de dix ans, préparez vous à avoir un choc: Le petit village enfoui sous les cocotiers avec sa ruelle unique bordée de petits restos locaux: c'est f.i.n.i, oubliez. Il s'est transformé en une rue hyper peuplée, bourrée d'agences vendant délices sous marins, promenades en mer, souvenirs made in china, de gros restos et boites de nuit.
L'originalité ici réside dans la clientèle jeune et essentiellement blanche, façon nordique. On y voit peu de vieux retraités occidentaux et donc très peu de jeunes filles Thaï.

Les abords de l'île sont toujours aussi beaux, quoique trrrrrèèèès fréquentés pendant la journée par les bateaux de promenades.
Le mouillage au sud-est, côté port d'accès pour les ferries et autres speed boats est déconseillé, sauf si on veut absolument descendre à terre le soir.
Au nord ouest, les journées sont aussi assez encombrées et mouvementées, mais dès la fin de l'après midi on y retrouve le calme, jusqu'au lendemain onze heures…
L'ennui de ce dernier mouillage c'est qu'un très large plateau corallien déborde la côte au nord du village et en interdit l'accès à marée basse.
Si vous voulez débarquer, il vous faudra donc choisir l'agitation du Sud est.

Phang Nga bay

Cette zone située au nord de la baie de Phuket s'est fait connaître en 1962, quand une de ses plages a vu Ursula Andress sortir des flots quasi nue, dans le premier film de James Bond…
(C'était J.B. contre Dr No avec Sean Connery).
Le rocher champignonesque où se déroule la dernière scène du film est passé à la postérité et est encore aujourd'hui très beaucoup visité...

Nous sommes allés tourner autour en annexe, sans mouiller, car il est mieux gardé que Fort Knox (l'entrée est payante..) et non abrité des vents de nord qui soufflaient ce jour là.

Phang Nga bay est un très bel endroit avec plein d'ilots calcaires fantastiques. Cela rappelle très fort la baie d'Halong, au Viet Nam, même si c'est plus petit. Nous y étions par temps gris et pluvieux, ce qui ajoutait encore à la fantasmagorie.
Aucun îlot n'y est habité et il n'y a ni hôtels, ni bar. Le soir on y est donc très tranquille.

Krabi

Immense plage de sable blanc, bordée de falaises calcaires du plus bel effet, la baie de Krabi est superbe et est un bon abri en mousson de Nord Est.
Le long de "cette plage où le sable est si fin", quelques restos de fruits de mer permettent de subsister agréablement. Pas ou peu d'hôtels de bord de mer. C'est un tourisme assez discret, ce n'est pas la foule et c'est plutôt sympathique.

La côte ouest de Phuket

Elle offre aussi quelques mouillages superbes en mousson de Nord Est.
Toutefois, comme c'est là que s'est développé l'essentiel de l'activité touristique, plagière et hôtelière de l'île, cette côte est quand même pas mal encombrée d'hôtels et de stations balnéaires.
Ce n'est donc pas l'idéal pour un bateau de croisière.
Nous ne mentionnerons que la baie de Nai harn, à l'extrémité sud ouest de Phuket : Si la grande plage de la partie sud de la baie est ostensiblement colonisée par l'hôtel Méridien, la partie nord en abrite une autre, petite, discrète, juste occupée par un resto-club de plongée installé dans petit bâtiment en bois.
Devant, on trouve un mouillage raisonnablement calme dans une eau très claire. C'est une alternative agréable au séjour à Ao Chalong quand la mousson le permet…
Nous y sommes venus plusieurs fois, en mai juin, appros faites à Ao Chalong pour quelques jours.

 

Mais c'est pas tout ça… On n'est pas là QUE pour s'amuser…

Tout le monde vous le dira on profite souvent du passage à Phuket pour faire faire sur son bateau des travaux qu'on laisse traîner depuis longtemps.
On nous a parlé avec des trrrémollos dans la voix de ponts et meubles divers, magnifiquement réalisés en tek local … De peintures de coque qu'on croirait des miroirs… De pièces en inox parfaitement polies et si brillantes… Tout ça pour le prix d'une vulgaire casserole en alu ou d'un meuble IKEA de par chez nous…
Nous n'y couperons pas, nous ferons aussi des travaux sur Getaway. Du complètement nécessaire au parfaitement cosmétique et superflu. Enfin quand même, plutôt des premiers que des seconds…


Trois mois de "pénitencier" à Boat Lagoon marina, demandez le programme.

Nous vivrons trois mois ici, avec getaway au sec

Au départ, le programme de travail était assez simple:
- Revoir et remplacer une partie du lest en grenaille qui rouillait, prenait du volume et commençait à soulever le plancher!
- Installer les six grands panneaux solaires que nous venions d'acheter
- Remplacer le moteur qui totalisait plus de 8500 heures de bons et loyaux services mais commençait à montrer quelques faiblesses
- Proc éder au carénage habituel.

Confrontés aux expériences de nos voisins qui étaient venus pour deux mois et étaient encore là après plus de huit mois de travaux, nous décidons qu'on ne nous y prendra pas et que notre programme restera très encadré. Trois mois maximum… (Ricanements entendus desdits voisins… qui savent, eux!!!)

La question la plus délicate est celle du lest. Elle nous préoccupe de longue date et nous fait même carrément peur. S'il fallait tout remplacer, c'est environ 2 tonnes de grenaille à extraire d'abord au marteau piqueur puis à vider, après avoir démonté tous les planchers et ce qu'il y a dessus…
En vrai, le risque n'est pas si grand parce que nous avons déjà "vérifié" une bonne moitié du lest en Nouvelle Zélande. Le problème se manifeste maintenant sous les planchers que l'on ne s'était pas encore résolus à casser là bas. Alors ici, c'est décidé, on casse…
Finalement, l'opération se limitera au remplacement d'un seul caisson de grenaille (sur les douze que comptent les fonds de Getaway), par son équivalent de plomb (160 kilos tout de même).
Si on a évité les grandes manœuvres au marteau piqueur, on a quand même du plancher à refaire…

Le moteur s'est fait attendre deux mois de plus que prévu mais même si en retard, il a été mis en place sans grand problème en moins de 2 jours.

Ne restent donc que les panneaux solaires.
Pour les installer, il faut leur construire un support qui modifie sensiblement le portique de Getaway.
Gérard a quelques idées là dessus et pour les réaliser il a découvert un atelier de chaudronnerie très convenable où il lui faudra quand même passer beaucoup de temps à expliquer ce qu'il désire à la patronne de l'atelier qui parle au moins quatre mots d'anglais, mais qui est la seule ici à savoir autre chose que le thaï…
Croquis, gestes,… Gérard fera le trajet de cet atelier (une quinzaine de kms) tous les deux jours pendant plus d'un mois.
Tout ça demande beaucoup d'énergie, mais attire aussi pas mal de sympathie. Ça devient presque un plaisir d'aller apporter de nouvelles précisions à l'atelier.

Et c'est là que ça commence à dériver…
(Ceux qui sont au sec depuis huit mois commencent à rire ouvertement de notre optimisme des trois mois)

-Tant qu'à faire intervenir des soudeurs, on va aussi faire réparer le balcon avant qui est tout tordu depuis Sao Nicolau, au Cap Vert.

-Puisqu'on le démonte, on va aussi remplacer ses fixations boulonnées, qui rouillent, par des embases inox soudées au pont.

-Dans la foulée, on va faire réaliser des balcons de mat qui éviteront à GG de tomber à l'eau à l'occasion des prochaines prises de ris. Embases inox soudées au pont, là aussi.

-Et puis, pour traiter "définitivement" certains nids de rouille tenaces, on va souder tout ce qui était boulonné sur le pont: Portique, balcon arrière… Quand on sait que pour souder sur le pont sans que tout brûle à l'intérieur, il faut démonter, tout le vaigrage et la mousse d'isolation correspondants… A ce moment là, l'intérieur de Getaway ressemble à ce qu'il était en Nouvelle Zélande quand ça nous avait tellement impressionnés: Un tas de bois couvert de poussière…

-Entre temps, GG s'apercevra que le guindeau est complètement déglingué. On le démonte donc et on fait refaire les pièces usées, en inox et en bronze… pour moins cher que le coût de transport de pièces de rechange depuis l'Europe…

Côté métal, les ambitions enflent donc pas mal!

Côté bois, comme on a dû casser les planchers de l'avant, il faut maintenant faire intervenir un menuisier pour les refaire.
Comme les inquiétudes sur le fondamental ont beaucoup diminué, on va pouvoir se consacrer à du plus superflu et tant qu'à avoir un menuisier à bord on va étendre son programme (Chez Rose, les copains rient de plus en plus fort):

- Refaire quelques hublots de coque qui ne sont plus bien beaux et sous lesquels rouille l'acier.
- Puisqu'il faut pour cela démonter les vaigrages collés sur la coque, on va en profiter pour les refaire, en contreplaqué démontable.
- On va aussi refaire le plan de travail de la cuisine en formica du plus bel effet, et se faire construire une petite commode fort commode dans la cabine avant…
- Et encore beaucoup de petites choses que j'oublie sûrement.

En tout, un jeune menuisier solitaire a coexisté sur le bateau avec le capitaine pendant plus de deux mois…

Voila donc par quel chemin nous nous sommes éloignés de notre programme initial.
Malgré cela, confrontés en permanence aux exemples "désastreux" de nos voisins et à leurs sourires, nous étions fermement décidés à nous en tenir nos délais initiaux.
Le pari sera tenu et après avoir fait faire tout ce qui précède et plus (peinture du pont et de la coque…) nous remettrons Getaway à l'eau moins de 90 jours après l'en avoir sorti.

Les chantiers d'extrême orient sont ils la "terre promise" pour la maintenance des bateaux?

Donnons tout de suite le résultat des courses: Il ne faut pas s'attendre à des miracles!
Les deux choses seulement sont incontestables ici:
- le faible coût de l'huile de coude locale qu'on utilise abondamment,
- le goût prononcé des thaïs pour le poli bien brillant et le travail du teck.

Les Produits disponibles

La qualité des produits locaux: peintures, vernis, quincaillerie, inox, contreplaqués,… n'est pas extraordinaire et je crains que ces belles réalisations ne brillent pas bien longtemps.
On peut bien sûr trouver quelques produits occidentaux (peintures par exemple) mais ils sont alors comparativement très chers et on se résout rarement à les choisir.

Les compétences

Le chantier de Boat Lagoon, à Phuket est sans doute le seul de la région à disposer des compétences nécessaires.
Même Singapour et Langkawi ne nous ont pas paru disposer de structures de maintenance aussi complètes pour les bateaux de plaisance.
La plupart des corps de métier nécessaires sont représentés ici, mais à des degrés divers de compétence et d'efficacité.

Il y a les grosses pointures qui peuvent se payer le "pas de porte" sur le chantier et sont généralement de bons professionnels. Ils sont évidemment les plus chers (ça peut même paraître très cher…) mais si vous voulez laisser votre bateau entre leurs mains, et partir en Europe, vous pouvez espérer n'avoir pas trop de mauvaises surprises:
- Le chantier "Precision Schipwright" de Scott, multi compétent, bien équipé et très cher est fréquenté par les 'super yachts'.
- La menuiserie de Naï, une maîtresse menuisière thaï dont les travaux et les conditions d'interventions sont généralement sans reproche.
- La peinture de Samrane dont la rigueur d'exécution et l'énergie dépensée à la préparation mériteraient de meilleurs produits que ceux de fabrication locale.
- Pour tout ce qui touche à la fibre et à la résine c'est Fabrizzio, un Italien installé par ici depuis pas mal d'années, dont la comp étence et la rigueur emportent la confiance.

Si vos finances sont plus basses, ou le travail plus banal (creuser le lest rouillé par exemple) vous pourrez faire appel à des équipes moins prestigieuses, mais il faudra alors être présent pour définir et vérifier le boulot.

Ça a été notre option et GG a fait de la maîtrise d'œuvre pendant trois mois, de 7h à 17h.
Nous avons fait appel à Noon pour la menuiserie, à l'atelier de Luck pour la métallerie et aux équipes d'occasionnels de Tia pour tout le reste, genre travail sale, grattage, nettoyage, peinture etc. Ce dernier est hyper sympa, ni fainéant ni peureux, mais il est à surveiller de très près car ses connaissances ont des trous et il ne le sait pas toujours.

Il faut d'ailleurs faire très attention à ce problème de compétence, sous deux aspects:
- Les thaïs pensent toujours savoir tout ce qui est nécessaire pour le travail que vous leur demandez. C'est souvent vrai mais pas toujours, et alors… il est assez délicat de les convaincre d'une autre manière de faire.
- Si vous décidez de faire des remarques ou de donner des instructions à votre travailleur thaï, attention à ne pas lui faire "perdre la face". Ici ce n'est pas qu'une image ou qu'une politesse: toute réflexion qui pourrait paraître mettre en cause leur capacité doit être faite en tête à tête, sans témoin, sans crier et en souriant. Un "blanc" qui s'énerve et crie se ridiculise, perd tout crédibilité et est méprisé.
Et comme vous prévient Fabrizzio, ça peut même finir avec un couteau dans le ventre… mais avec le sourire…
On n'a jamais vu, mais il parait que…

Les consultants

Le problème est donc de savoir si on est prêt à surveiller soi même ses travaux.
Si on ne le souhaite pas, on peut choisir de s'adresser à un maître d'œuvre local. Il y en a tout plein sur la zone… Ce sont généralement des anglo-saxons qui se sont couronnés "experts consultants" et vendent des "solutions"…
Là aussi il faut être très prudent car leur compétence auto proclamée n'est pas nécessairement au rendez vous et les "solutions" qu'ils aiment vendre seront parfois (souvent?) livrées sous forme de problèmes supplémentaires…
On paie parfois un prix très européen pour des travaux qui seront exécutés sans beaucoup de contrôle, par des équipes très thaïlandaises (engagées à un tarif très local évidemment) qui n'utiliseront pas nécessairement non plus les produits convenus…

Daniel, de Joran, en a fait les frais et a eu bien du mal à faire terminer de façon "acceptable" la réfection de sa peinture de pont qu'il avait commandée à un de ces "consultants", avant de rentrer en Suisse. Les travaux entrepris pendant son absence ont été réalisés par Tia, sous le "contrôle" dudit maître d'œuvre qui n'a pas dû mettre les pieds souvent sur le bateau pendant le chantier…
Dans ces conditions, il faut sans doute que le contrat comprenne les noms des intervenants et après enquête, refuser les choix douteux.

Sont ils, au moins, le paradis des navigateurs qui y travaillent, pour l'occasion???

Si on reste vivre sur place pendant les travaux, il faut s'organiser: La vie au sec est difficile sinon impossible.
La marina elle même n'est pas super agréable à vivre au quotidien, car elle est organisée sur l'hypothèse que personne ne vit à bord des bateaux et elle ne fournit pas les facilités habituelles, genre toilettes près du chantier ou des pontons. Il faut utiliser les sanitaires qui équipent la piscine d'un hôtel proche. Assez proche… mais tout de même très éloigné, quand on est à pied et que ça devient urgent…
En fait, cette marina est surtout l'argument d'une grosse réalisation immobilière et la solution qu'elle propose aux usagers du chantier passe par la location d'appartements ou de chambres de toutes tailles dans les villas et immeubles alentour. On y est à proximité du chantier, mais c'est quand même assez coûteux.

Petite plongée dans l'art de vivre thaïlandais.

Pour notre part, nous avons eu la chance (merci Gilles) d'être mis sur le coup de la sous location d'une jolie villa, dans un village situé à portée de bicyclette - troisième age - du chantier: moins de deux kilomètres tout plats… Le chef va donc au travail, habituellement avec la voiture qu'on a louée, pendant que le second reste à la maison vaquer à ses occupations de dame, avant de le rejoindre en vélo à l'heure de la cantine, chez Rose.
Une maison en bois qui se dresse au milieu d'un petit jardin plein de bananiers, papayers,... Elle est construite sur pilotis et la vie s'y organise à l'étage où des ouvertures dans les quatre murs, aidées de ventilateurs électriques allumés en permanence, font baisser la température intérieure. Et ça c'est bien; car le problème n°1 de la région c'est la chaleur associée au manque de ventilation…
Cette maison que l'on peut qualifier de bourgeoise avec sa grande terrasse, son plancher vernis, ses vastes chambres et son jardin, réserve tout de même une surprise de taille: il n'y a pas de cuisine!
Seul un réfrigérateur équipe une pièce et signale ainsi qu'elle peut être utilisée à la confection des repas… pas d'évier, pas même d'arrivée d'eau et pas de gazinière… Une porte donne sur une terrasse à l'arrière où, ô miracle, on découvre un robinet installé à 50 cm du sol. Il coule directement sur la terrasse qui elle même se déverse, sans intermédiaire, dans le jardin. La cuvette que vous pouvez mettre dessous servira d'évier.
Par terre, à côté du frigo, on trouve le reste de la batterie de cuisine: un cuit-riz et un wok électriques. C'est tout… Nous y ajouterons une bouilloire électrique achetée dans un discount proche et vive le camping.
C'est clair que la coutume ici n'est pas à la cuisine familiale: il y a plein de femmes cuisinières dans le village ou dans les rues, dont c'est l'occupation et la ressource principales. Alors pourquoi s'enquiquiner à cuisiner à la maison?
Notre problème d'européen c'est que nous saturons parfois des plats trop pimentés et du riz et que nous aspirons alors à dîner le soir de mets plus "de chez nous" … Avec un peu d'ingéniosité, certains soirs de nostalgie européenne on parviendra quand même à réchauffer des pizza au wok électrique… et même à faire des pâtes au thon grâce à la bouilloire électrique…
On n'avait pas de gaz mais on avait des idées.

La vie du village

Depuis notre terrasse nous avons une vue intéressante sur la rue et la vie qui s'y déroule.

Le village où nous habitons est musulman et il s'y trouve même une école coranique qui forme les futurs mollahs de la région.
Une enclave de l'islam militant dans l'univers bouddhiste thaïlandais:
Le sud de la Thaïlande, près de la frontière malaise, est actuellement le théâtre d'une violente lutte armée menée par les musulmans qui prétendent s'affranchir de la tutelle de l'état bouddhiste. On entend parler couramment de fusillades et de bombes qui sautent pas loin d'ici. A Phuket toutefois la coexistence se passe plus pacifiquement.

Nos nuits sont donc bercées par le chant des coqs, les coassements des crapauds buffles et les chants du Muezzin qui, bien qu'un peu matinaux, sont assez beaux parce que délivrés en "direct live" et non en "play-back" comme souvent ailleurs.

Notre terrasse est située à un carrefour stratégique, entre l'école coranique et une épicerie-buvette à télévision et sucreries.
Nous voyons donc régulièrement passer les autorités religieuses de l'école, très dignes dans leur djellaba toute blanche. Les jeunes pensionnaires de l'école portent la même tenue mais s'arrêtent, eux, plus fréquemment à l'épicerie pour un coca, quelques bonbons et surtout les feuilletons et dessins animés débiles diffusés en continu par la télé locale, comme partout dans le monde.

Les femmes et les jeunes filles sont plus ou moins "couvertes", sans doute en accord avec la rigueur religieuse de leur seigneur et maître: jean avec foulard pour les unes, voile intégral à fenêtre grillagée et manteau noir jusqu'aux doigts de pieds, recouverts eux mêmes de bas noirs pour d'autres. Toutes promènent leurs enfants jusqu'à l'épicerie et s'en retournent nonchalamment.
Il nous semble que les hommes et les femmes ne font jamais quoi que ce soit ensemble… En tous cas, pas en public…

En fin de journée, vers dix sept heures, la rue se remplit et les mobylettes grondent et zigzaguent au milieu des petits enfants insouciants qui jouent là, après l'école.
Ici comme partout dans la région règne la motocyclette: couramment montée par trois adultes, on peut y voir parfois une famille complète. Nous avons vu passer ainsi un couple avec un petit de trois ans debout devant le papa, un bébé de quelques mois dans les bras de la maman à l'arrière du siège…
Le papa conduisait de la main droite parce que la gauche était occupée par le téléphone portable (I-n-e-v-i-t-a-b-l-e) et personne ne portait de casque…
Pourquoi faire? Si on ne peut même plus téléphoner en paix ou va-t-on?

"Y aura-t-il de la neige à Noël???"

Voila les grandes lignes de ce que nous avons dû payer pour avoir trop montré de bonheur à naviguer. Il faut bien que les choses se méritent!!!

Mais c'est fini, nous sommes début décembre et maintenant que le bateau est à l'eau, il ne nous reste plus à faire qu'un dernier aller retour à Langkawi pour renouveler notre visa thaï et rôder notre moteur tout neuf.

Nous ne pouvons donc plus éviter de chercher une réponse à la question classique de cette période de l'année:" Y aura-t-il de la neige à Noël???";
qu'on peut traduire cette fois par: "Comment organiser le mois qui nous sépare de notre départ "définitif" pour l'oc éan Indien???"

Nous décidons de consacrer la semaine de Noël à aller chercher cette réponse au nord du Laos, avant de revenir nous plonger dans la préparation et l'avitaillement du bateau, en vue de la traversée que nous comptons entreprendre vers la mi janvier.

Mais ça, se sera le sujet de notre prochain numéro...