LA GAZETTE DE L'A.R.B
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La Guyane Française - Le bagne de Cayenne
N°10 - Novembre 1999
Introduction

Le bagne, enfin ce qu'il en reste, est présent un peu partout en Guyane. On trouve ses établissements à Cayenne, à St Laurent du Maroni, aux Iles du Salut.
Avec un peu d'imagination, une visite des ruines convainc assez rapidement que le paradis n'était pas ici. Même pas le purgatoire.
Et ce n'est pas si vieux. Le bagne n'a été fermé qu'au milieu de ce siècle, vers 1950.
Nous n'avons pas vraiment l'impression que se sont tournées là des pages très glorieuses de notre histoire de France. Déjà à l'époque, Amnesty International n'existait pas, mais pas mal de voix célèbres, dont celle d'Albert Londres, se sont élevées pour tenter de persuader les Français de l'indignité que représentait ce bagne et de l'urgence à arrêter ça.

La transportation:

L'abolition de l'esclavage en 1848 "ruine" les espoirs de développement de la colonie. Les colons perdent ainsi le seul moyen de se procurer, à un prix acceptable,  la main d'oeuvre  qui leur est impérativement nécessaire, c'est à dire... gratuitement.
Providentiellement, au même moment la Guyane est choisie par le second empire pour être une terre de transportation: Ce terme s'applique aux peines de travaux forcés encourues par les prisonniers de droit commun (voleurs, criminels, faux monnayeurs).
Dans le cadre de ce régime, les prisonniers ayant normalement purgé leur peine au bagne étaient astreints à résider en Guyane pour une durée double de celle de leur peine, avant d'être autorisés à rentrer en Métropole. 
Les plantations et les établissement coloniaux, en manque de rentabilité, trouvèrent ainsi auprès de l'administration pénitencière une main d'oeuvre convenable, en remplacement des esclaves d'antan.

La déportation

Le système s'étend assez rapidement aux délinquants politiques et plus généralement à tous les individus dont le gouvernement français ne souhaite pas la présence en métropole. La caractéristique de cette peine est qu'elle n'a pas de limite dans le temps. Elle dure autant de temps que les individus sont indésirables.
Les déportés sont reclus, mais ne sont pas astreints aux travaux forcés.
Quelques déportés célèbres:
Ainsi Delescluse qui rejoint 36 détenus à l'île du diable, tous frappés de déportation après le coup d'état de décembre 1851. L'amnistie de 16/8/1859 leur permettra de rentrer en France.
Alfred Dreyfus débarque à l'île du diable en 1895. Il est condamné à tort pour haute trahison et passera là un peu plus de quatre ans. Ses conditions de détentions furent particulièrement dures: Solitude absolue, pas le droit de circuler, mise aux fers la nuit. Le tout dans une case de 4 mètres sur 4, sous le regard permanent d'un  gardien ayant interdiction de lui parler.
Il ne repartira d'ici que pour la révision de son procès. Il sera mis hors de cause et libéré. Son innocence ne sera reconnue et sa réhabilitation prononcée que bien des années plus tard, après sa mort.