LA GAZETTE DE L'A.R.B
Anyvonne Restaurant Bar
 
Polynésie III - "Libres" opinions
N°19 - Juin 2002

Tourdumondistes vus de l'extérieur. 

(par Nicole et Jacques)

On commence a côtoyer nos tourdumondistes avec curiosité. C'est une vie bizarre faite d'oisiveté débordée : par exemple ce matin plus de pain. Ca signifie mettre le moteur sur l'annexe, aller au village, chercher un dépôt de pain, revenir. Compter 20mn. Bilan de cette matinée bien remplie, on a acheté UNE baguette.

Anyvonne coud et Nicole s'y remet aussi. La voilà bientôt gréée de 2 nouvelles robes tahitiennes, indispensables vu la chaleur. Gérard, lui, est fort occupé par les mails qu'il reçoit a travers la BLU par sailmail (tous renseignements sur "sailmail.com", coût 200 $US par an); et par le rendez vous BLU quotidien de 17h:

En fait à travers la BLU, ils recréent un grand village qui s'appelle Pacifique: "Allô Pierrot je te reçois 5/5, comment ça va? à toi " - "M'en parle pas j ai eu 100 litres d'eau dans mon fuel... à toi." etc.... La même chose qu'au Café de la Marine ,le muscadet en moins...

 

Anyvonne est la tolérance même. Du moment que son café lui est remis dans son hamac, juste à la fin du repas, dans SA moque "Moorings", avec une sucrette et demie de la boite rouge et à la température consommable... tout baignera. Qu'un vœu soit émis au conditionnel, par exemple "on allumerait bien le four", si Gérard bondit dans l'instant, dévale l'échelle, se précipite sur l'allumette : no problem, tant il est vrai que ce qui n'est pas exécuté dans la seconde sera oubîlié dans la minute.

Vous aurez compris qu'Anyvonne est la femme la plus facile à vivre. Il suffit que son chevalier servant sache la servir dans l'instant et sans contestation. Je vous le dis tout net dans notre confrérie masculine Gérard passe pour frôler la sainteté.

 

Mais:

Avec Gérard, un nœud se fait comme ci et pas comme ça; le rangement répond à des critères stricts. On ne sait si l'ordre qui règne dans les coffres est le résultat d'une longue cohabitation avec le bateau ou les restes d'une vie de vieux garçon. Il est fort en gueule, ce qui traduit certainement une grande faiblesse de cœur. Ceci dit c'est la bonne composition même et tous deux forment un couple stimulant.

Le spectacle est dans le cockpit et l'ennui n'est pas sur la mer. On les remercie de nous avoir supportés 15 jours, nous qui au grand jamais ne renonçons à aucun de nos défauts.

 

 

Le voyage de rêve des Aicardis 

(par Marie et Christian)

 

 

Après 36 heures de transhumance, nous voilà enfin arrivés au paradis sur terre. Gé Gé et Anyvonne nous accueillent , arborant un bronzage d'enfer qui met en valeur la pâleur de nos teints parisiens. Vite fait nous avons été décorés d'une fleur d'hibiscus rouge à porter, selon la tradition, sur l'oreille histoire de nous rendre un peu plus couleur locale et nous avons gagné le bateau ..

Et c'est là qu'apparaît la vision magique des premiers cocotiers , de l'eau bleu turquoise, bleu outre mer , bleue!! D'un bleu indescriptible.

 

La vie quotidienne.

Depuis longtemps nous avions perdu de vue ce que pouvait être la vie à bord (depuis les Canaries pensez donc!). A vrai dire rien n'est tellement différent de leur séjour parisien:

Gé Gé s'agite toujours autant, en ayant soin de bien piétiner tout le monde au passage...Kiki passe des heures devant l'ordinateur, (dit le "bouzin"). Grâce aux cours de remise à niveau donnés par mon pauvre mari, nous allons, compte tenu de la rapidité de compréhension, rembourser le prix de nos billets d'avion.

"La dé fragmentation de la nouvelle version fralali-lalère commencera sous peu à leur donner des yeux en forme d' écran et le sourire style clavier, avec les touches Ctrl et AltGr comme canines, et la tête à Michel Simon car le tout est totalement planté".

Nous les filles, et surtout Anyvonne, surnommée "ma fille Rachel" pour l'occasion, avons monté un atelier de couture clandestin dans le carré. Nulle comme je suis, je me contente de jouer le rôle du contremaître, vérifiant que la création de jupes paréos avance bien et que la cadence ne faiblit pas.

A raison d'une jupe et demi en deux semaines, l'idée de monter un magasin restera du domaine du rêve. La vie tropicale ne favorise clairement pas la rapidité.

 

 

Pique Nique au motu

Vu de loin et sous le soleil, ce motu là nous paraissait fort sympathique, sauf qu'une fois dessus: il y a le sable qui colle aux doigts et aux assiettes, qui gratte; de plus les joyeux moustiques et nonos prennent nos corps de nymphettes et de dieux pour des pistes d'atterrissage, BZZ-BZZ, on ne s'entend plus manger.

Pour parfaire notre retour à la nature, nous avons été gratifiés de la vision d'un animal assez antipathique: le cent pieds , sorte de mille pattes, mais agressif, dont la piqûre est très douloureuse ...

Compte tenu de l'accueil chaleureux, le "frichti" à peine englouti les pieds dans l'eau , nous retournons à grand vitesse sur le bateau pour y savourer le sacro saint café du midi, bu avec délectation, surtout par Anyvonne vautrée dans son hamac à l'arrière du bateau. (Encore! Décidément ça les a traumatisés. NDLR) Nous autres, tels des cobras digérons à l'ombre du taud.

Mais il existe quand même de gentils motus, offrant de longues plages de sable blanc et fin, couvertes de coquillages rares (ça nous change des berniques bretonnes). Le tour operator nous y emmènera pour quelques jours, et la nature vierge sera pour nous tout seuls.

 

 

Le Fromage blanc à la bête.

Concernant notre cambuse à nous, cela ne sert à rien de tirer des plans sur la comète. Nous achetons ce qu'il y a dans les magasins sans être trop difficiles, au prix auquel c'est proposé. Les légumes et les fruits devront être verts de préférence, afin qu'ils ne pourrissent pas trop vite dans la chaleur et l'humidité ambiantes.

Étant de gros consommateurs de yaourts et de fromage blanc, et compte tenu de leur prix, avoisinant celui du caviar; Anyvonne a expérimenté une recette maison transmise de génération en génération par des copines tourdumondistes.

Il est question, tenez vous bien!!!

Du FROMAGE BLANC A LA BÊÊÊTE:

La recette consiste à trouver dans une gaze, une sorte de pellicule jaunâtre ou beigeasse qui doit être la présure, ou le germe dit "la bête", dont l'origine reste top secret. Une fois cette dernière trouvée (se munir d'une loupe à quintuple foyers), se la partager entre copines, en ayant soin de bien racler le bout de tissu pour ne rien perdre.

Chacune espère avoir au moins récupéré une partie de ce bien si précieux qui est à mettre dans une nouvelle gaze.( A noter qu'il faut bien changer la couche du petit de temps à autre).

On ficelle le tout, au cas où la bestiole aurait la mauvaise idée de prendre le large, et hop! dans le bocal, avec un mélange de lait en poudre et d'eau, le tout bien touillé. La bête trempe pendant 24h ou plus, hors frigo, jusqu'à obtention de deux couches bien distinctes:

- Un liquide trouble en dessous

- Sur le dessus, une masse blanchâtre et spongiforme: le soi-disant fromage blanc.

Ensuite, enlever la bête, la réserver, filtrer le fromage dans une passoire et le mettre dans un récipient plat au frigo, histoire de laisser incuber le tout pendant quelques heures.

Et bon appétit: le goût est légèrement piquant, l'aspect granuleux, c'est bon, c'est frais, ça se mange sans faim (il vaut mieux!)

Cette mixture a deux avantages:

- Elle fait faire des économies aux familles nombreuses

- Elle peut servir de base pour une sauce à salade: avec ajout de mayonnaise (en pot) sel, poivre et citron: le goût piquant disparaît et les grumeaux aussi...