LA GAZETTE DE L'A.R.B
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Polynésie IV - Vu à Wallis
N°20 - Octobre 2002

Le Gouvernement coutumier de Wallis

 

Le gouvernement de Wallis (qui est à la fois un royaume et un territoire français - ou le contraire) est dominé par un système de chefferie traditionnel qui coexiste et/ou collabore plus ou moins bien avec les autorités françaises (Préfet, Douaniers et Gendarmes).

 

A la tête de ce système, l'actuel Roi de Wallis ( Lavelua) descend de son ancêtre Takumasiva, qui fut intronisé vers 1560.

 

On peut dire qu'en général ce système traditionnel dénie toute espèce d'autorité au système français. 

Les différents civils sont réglés par la chefferie et les gendarmes se charge des problèmes avec les expatriés.

Concernant la conduite routière, le code de la route local est une version très abrégée du code métropolitain. Les conducteurs peuvent être "très jeunes", le permis est facultatif, la nuit les feux de route sont très souvent absents ou bien peuvent être remplacés par des guirlandes façon arbre de noël...

Autre danger: les cochons qui courent partout... Si vous en écrasez un, il vaut mieux ne pas être vu (ce qui est quasi impossible mais bon), car cela coûte cher le kilo de viande, sans même y goûter.(On nous a parlé d'amendes de 900 euros pour un petit cochon de rien du tout).

En cas de vol, seul un chef local a une chance de mener à bien son enquête, vu que les wallisiens sont régis et se comportent selon la Loi coutumière. 

 

Les "gros" problèmes réglés au niveau de la chefferie Royale sont souvent sanctionnés par des travaux d'utilité collective ou par des amendes de type organisation de banquet , offrande d'un cochon ou "bouteille carrée".

 

En ce qui concerne les navigateurs nomades, quand ils arrivent devant un village où ils comptent mouiller, on attend d'eux qu'ils aillent se présenter à son chef et qu'ils lui fassent un présent. Quelques cigarettes ou un peu de tabac conviennent quelquefois, une bouteille de whisky de plus en plus fréquemment.

 

 

 

 

Quelques réflexions autour de l'histoire coloniale de Wallis et Futuna:

 

Constat navrant quand on ouvre un dictionnaire encyclopédique pour glaner des renseignements sur l'histoire des Territoires d'Outre Mer, celle ci commence toujours à la date de leur découverte par les Européens. A croire qu'ils n'existaient pas avant.

Pire: l'enseignement officiel dans les CES des territoires français se fait toujours selon le même programme d'histoire que celui de Métropole (à cause des examens??). Ainsi, la caricature est toujours actuelle où on leur parle de leurs ancêtres les gaulois, en passant sous silence leurs ancêtres véritables.

Au XVIIIème siècle, Samuel Wallis visitait et baptisait l'île. 

Durant la première moitié du XIXème siècle, l'île verra passer pêcheurs de baleines, aventuriers et marchands...

Puis débarquent des missionnaires Maristes: Pierre Bataillon sur Wallis et Pierre Chanel sur Futuna. 

En 1841 P. Chanel est tué (action plus politique qu'anti-religieuse) et il devient grâce à ça le premier Saint du Pacifique.

P.Bataillon voulant créer ici un bastion du catholicisme,  au milieu d'îles dominées par les réformistes Anglais, va interdire la navigation hors du lagon et même la construction de pirogues pour éviter toute communication entre ses ouailles et les "hérétiques". 

Wallis et Futuna deviennent ainsi des îles "monastères" quasi théocratiques.

Les relations à l'origine très fortes avec les Tonga cesseront à partir de ce moment. Ceci explique que les Wallisiens qui étaient de fiers marins, n'ont plus aucune tradition ni savoir maritimes. Ils pêchent peu, se méfient de la mer et ne s'aventurent pas beaucoup hors du lagon. Le contraste est saisissant avec les habitants de Polynésie française.

 

En 1888 le protectorat de la France s'officialise et en 1959 W et F. deviennent Territoires d'Outre Mer .

Le Kava ou Kawakawa

Le Piper Methysticum (famille des Piperales) est un petit arbre originaire de Nouvelle Guinée, qui en plus de ses qualités anti - blennorragiques , possède des racines aromatiques qui sont utilisées séchées puis broyées dans de l'eau pour faire le KAVA.

Ce dernier est une boisson euphorisante, hypnotique , comme ils disent dans les livres. (Il faut certainement en boire une très grande quantité pour être "hypnotisé".)

Il en est fait grand usage dans toute les îles Mélanésiennes.

Il existe plusieurs façons de le consommer qui sont toutes collectives et exclusivement masculines.

- La consommation quotidienne rassemble régulièrement les hommes, au village, au marché... et supporte leurs discussions et palabres.

- Celle qui accompagne parfois le cérémonial de la présentation coutumière des étrangers au chef local. L'offrande traditionnelle est alors souvent elle même constituée d'un paquet de racines de Kava. (Aux Fiji, cette présentation s'appelle le "Sevusevu").

- Enfin, c'est un support de communication hiérarchique au sein de la chefferie, lors d'une cérémonie très formelle qui se produit à l'occasion des fêtes traditionnelles. A Wallis, nous assisterons à celle du district royal qui est la plus importante et se déroule le 15 août.

 

 

L'échelle des valeurs, en Polynésie

Au cours des cérémonies traditionnelles Wallisiennes, nous avons pu assister à un spectacle surprenant et instructif sur la valeur attachée à l'argent par les polynésiens:

Durant les représentations de chants et de danses, les spectateurs se faufilent entre les acteurs et glissent des billets dans leur corsage ou dans leurs cheveux. Quelquefois, dans une boite posée devant le groupe. Rachid nous expliquera que c'est finalement une obligation entre villages, les premiers qui ont reçu, vont redonner au village suivant etc... Certains dons restent personnels et peuvent être très importants.

Pour cette distribution, les donneurs se promènent entre les rangs, munis de grosse liasses de billets d'environ 30 Euros, qu'ils distribuent allègrement comme ils le feraient d'une collection d'images... Une fortune...

Quand on sait l'importance énorme que les polynésiens attachent à la possession d'une terre, même inutile, on est surpris par ce détachement face à l'argent.

 

Crédits Photographiques:

Marc sur Yari

Francoise et Francois sur Altair

Pierre de Wallis