LA GAZETTE DE L'A.R.B
Anyvonne Restaurant Bar
 
Aotearoa II - Journal de bord
N°23 - Avril 2004

Journal de bord

 

C'est quoi la vie qu'on vit quand on vit la tête en bas???

Où il faut quand même tenter d'en finir avec la maintenance de Getaway!

Ya qu'à l'eau qu'on vit la vie qui vaut...

Notre découverte terrestre de la Nouvelle Zélande

 


 

C'est quoi la vie qu'on vit quand on vit la tête en bas???

 

Fin de vacances aux antipodes

Quand nous nous sommes quittés, à la fin du numéro précédent, nous allions prendre l'avion pour quelques vacances en France après avoir travaillé comme des malades pendant deux mois et demi sur Getaway à Whangarei en Nouvelle Zélande.

Depuis, nous avons passé un mois à la Réunion avant de rejoindre la Métropole (comme ils disent là bas) pour deux mois d'été particulièrement "caniculeux"... (15000 morts qu'ils disaient à la radio...) En ce qui nous concerne, nous n'avons pas trop souffert de cette chaleur mais c'est quand même avec un intérêt certain que dès fin août nous envisagions les perspectives plus fraîches d'un retour vers le printemps néo Zélandais.

Début septembre nous avons donc joyeusement pris l'avion pour aller retrouver Getaway qui devait nous attendre, fier de la belle peinture toute neuve qu'il avait dû recevoir pendant notre absence.

C'était la fin des vacances bien sûr, mais comme il ne devait plus rester que la peinture antifouling et quelques bricoles de remise en route, on allait vite se retrouver à l'eau (moins de deux semaines? ), dans notre élément.

 

Que de soucis...

Le 11 septembre, nous foulons à nouveau le sol néo Zélandais. Un couple de jeunes amis français, Maud et Xavier, qui campent par ici depuis près de six mois, nous font l'aubaine de nous attendre avec leur "camper-van" à l'aéroport d'Auckland.

Bien que nous ayons atterri à l'heure, il va leur falloir être patients, car British Airways ayant égaré les bagages d'Anyvonne quelque part à Los Angeles , il nous faudra un certain temps pour nous résoudre à admettre définitivement leur absence, puis à faire la déclaration de perte qui va bien auprès du bureau des réclamations ad hoc... Il faut quand même noter qu'à cette occasion Anyvonne s'est vu offrir, en cadeau de consolation... un petit nécessaire à passer la nuit comprenant, outre un magnifique tee shirt de taille XXXL marqué au sigle de Quantas, une élégante trousse de toilette marquée de la même signature qui excite depuis la convoitise de Gérard.

Ajoutons à ce souci de bagages perdus, le chien renifleur des douaniers qui ne voulait pas décoller son nez du sac de cabine d'Anyvonne où on n'avait pourtant rien caché de répréhensible(encore!! Ce n'était décidément pas son jour!) Rien qui soit du genre graines, miel, fruit ou légume frais; tout au plus a-t-il pu contenir une orange douze heures auparavant!!! Encore heureux qu'il ne restait pas un embryon d' écorce, sinon on était bons pour l' amende forfaitaire de 150 euros qui sanctionne toute non déclaration de marchandise prohibée. Si si! c'est arrivé à un copain qui avait oublié une banane écrasée dans le fond de son sac!!!

Les autorités nous ont finalement relâchés et, portant léger, nous avons pu sortir retrouver Maud et Xavier avec au moins deux heures de retard.

 

Et de désillusions...

En fin d'après midi, l'arrivée à Whangarei est plutôt morose. Non seulement il ne fait pas chaud et que même il pleut des cordes, mais la joie de retrouver Getaway est douchée par le fait que sa coque ressemble toujours à une peau de léopard: Elle n'a pas été peinte pendant notre absence, comme il était convenu avec le chantier!!!

Connaissant les incertitudes météos du printemps local, nous nous demandons maintenant quand cette peinture va pouvoir se faire et quand nous pourrons remettre le bateau à l'eau.

Nous réalisons alors que nous avons devant nous la perspective d'habiter le bateau à terre pour un temps indéterminé... La pluie qui ruisselle cet après midi emporte vite notre peu d'hésitation et nous filons immédiatement à l'agence de location nous

enquérir d'un studio libre dans le motel où nous habitions en mai. La chance est enfin avec nous: il y en a un de libre et nous pouvons l'occuper dans l'heure.

Ouf! Après 36 heures de voyage, on se pose enfin!!!

 

Le lendemain midi, re-ouf: les bagages d'Anyvonne, déjà retrouvés, arrivent à Whangarei. Nous étions très inquiets de les imaginer tourner sans fin sur un tourniquet à bagage d'un aéroport américain un 11 septembre.... Ce jour à risque doit être très propice à l'énervement et on craignait sérieusement que ces bagages "abandonnés" aient pu terroriser les anti-terroristes et être pulvérisés.

 

 

C'est le cycle "métro-boulot-dodo" qui recommence:

On va alors reprendre très vite le même rythme de travail qu'en avril mai:

Le matin vers 8 heures 30, descente au chantier à vélo pour tous les deux (environ trois kms) ... Travail sur le Getaway jusque midi.

Déjeuner au restaurant "le Tango" en compagnie de Xavier et Maud.

De 14h à 18h, retour au chantier et boulot pour les hommes. Pour les femmes, c'est l'heure du papotage et de l'exploration de la ville.

Le soir, le dîner sera fréquemment traité à base de "take away" chinois qu'on achète juste en face du motel.

 

Ensuite c'est soirée cinéma avec films en DivX . Mais non ce ne sont pas des films cochons: Ce sont des CD vidéo, pour l'ordinateur, que Christian nous a préparés avant notre départ. On a pu ainsi échapper à la télé kiwi et faire dans le culturel: Agnès Jaoui, Tavernier, Hitchkock... mais aussi Spiderman, Mars Attack... Quel éclectisme!

 

Tout ceci se répète 7 fois par semaine, avec juste une petite exception les vendredi ou samedi soirs quand nous allons manger un steak au Danger- Danger.

 

Un petit air de Far West en Nouvelle Zélande.

Nous l'avons déjà dit ailleurs, les bars des petites villes en Nouvelle Zélande ne sont pas souvent folichons. Malgré tout, on rencontre assez couramment des établissements qui donnent dans le style Saloon, Frontier, Ruée vers l'or, Cow Boy et tout et tout. Dans ce genre, le Danger-Danger de Whangarei est exemplaire. On nous l'avait conseillé pour la qualité de son forfait steak-frites-bière à quatre euros et depuis notre premier essai en Avril 2003 nous le pratiquons régulièrement...

C'est une salle immense et haute de plafond, entièrement construite de planches de bois brut et décorée d'objets "héritage" (vieux soufflets de forge, selles, instruments aratoires divers, affiches "d'époque"...) Cette déco est d'ailleurs plutôt de bon goût avec peut être une exception assez rigolote:

Si vous oubliez un instant les multiples téléviseurs accrochés au mur, et que vous jetez un oeil autour de vous, vous pouvez être surpris par deux jets de fumée qui sortent des nasaux d' une Hénaurme tête de bison empaillée, accrochée au dessus du bar. 

En la regardant mieux, vous vous apercevez que cette tête remue lentement et balaie la salle du regard... 

 

Si vous la fixez vraiment avec attention c'est le choc: le bison vous fait même de l'œil!... "Mince alors, ils ont dû mettre quelque chose dans ma bière..." 

 

Alors là, vous faites vraiment très attention et au milieu du brouhaha général vous vous apercevez que la bête vous cause!!!!! Elle grommelle de temps en temps quelque chose comme "Welcome to the Danger-Danger".

 

En anglais, "œuf corse"... Funny, isn't it?

Sous le regard débonnaire du bison la salle est meublée d'énormes tables hautes en bois vernis devant lesquelles vous vous installez, perchés sur des tabourets du même métal, après être allé au bar passer et payer votre commande comme il se fait dans tout pays anglo-saxon.

 

Mais ici, les cow-boys jouent au rugby.

Le steak et la bière du Danger auraient suffit à nous y créer des habitudes mais ce qui nous a vraiment attirés ici c'est le sport!

Deux immenses écrans de télévision occupent les murs de la salle et tous les vendredi et samedi soirs retransmettent des rencontres de rugby en direct live. Attablé devant votre repas, vous avez droit en plus du match, à l'ambiance chaude et bon enfant animée par le public local.

Si on ne le savait pas avant, on a pu constater ici que LE sport national, c'est le RUGBY!

Nous avons ainsi assisté à la finale du "super Twelve". C'est une sorte de coupe nationale dont la finale était cette année doublement importante. D'une part c'était une confrontation "île sud contre île nord", mais c'était aussi la dernière occasion pour les joueurs d' accrocher le regard des sélectionneurs avant la publication de la composition de l'équipe nationale - Les fameux All Blacks - qui disputerait le championnat du monde prévu en octobre en Australie.

Ce jour là c'était le délire au Danger. La salle était bondée et on était debout, tassés, hurlants... Naturellement la majorité de la salle était "pro-nord"... Gérard toujours opposant applaudissait le Sud qui était en train de perdre. (Il n'aime pas voir les gens malheureux...) Et tout le monde riait autour.

 

A l'occasion du championnat du monde, on s'est repassé une bonne couche de rugby en octobre.

On était alors dans Bay Of Islands et c'est à l'Opua Cruising Club qu'on s'est excité, les deux week end précédant la finale, sur les "exploits" de l'équipe de France.

Nous avions l'avantage d'être, cette fois, accompagnés de François (d'Altaïr) qui est un fin connaisseur de tous ces sports. Il a pu nous expliquer les décisions d'arbitrage et nous a un peu dégrossis quant aux finesses des règles du jeu, des fautes, des attaques... On s'est aperçus qu'on n'y comprenait pas grand chose en avril, en dehors des essais et des transformations...

On a pu ainsi mieux apprécier, en quart de finale, le style et la qualité du jeu des français, par opposition à la grossièreté de celui des Irlandais... C'était donc bien normal qu'ON gagne ce soir là.

Peut être même qu'on en est devenus un peu chauvins. Il faut dire que vu le nombre de voileux Anglo saxons qui assistaient à la rencontre, l'ambiance dans la salle s'y prêtait. Avec quand même quelques francophiles qui survivaient dans le lot, on s'est laissé prendre au jeu.

Plus tard en demi finale "France-Angleterre" on a pu regretter, comme vous sûrement, le jeu "mesquin" des anglais dont la "gloire nationale" a marqué presque tous les points au pied dans un style footbalistique très déplacé... Pas dégoûtés, les supporters locaux étaient très contents et nous regardaient avec un peu de commisération. Comme toujours, l'important c'est de gagner la Coupe, peu importe l'élégance de la forme que ça prend. François, en amateur puriste était écœuré. Et nous aussi! La vie n'était vraiment pas juste ce soir là...

Pendant tous ces matches, l'ambiance "bistrot survolté" était très marrante et sympathique... Par bonheur le chauvinisme exacerbé des hooligans grand bretons n'a pas été exporté ici.

Conclusion: Contre toute attente, nous sommes devenus amateurs de rugby.

 

Où il faut quand même tenter d'en finir avec la maintenance de Getaway!

 

Pendant l'attente, les travaux continuent...

Je parlais plus haut de boulot pour LES hommes car, par bonheur, Xavier nous rejoint tous les jours dans la matinée pour bosser avec nous. Il assurera ainsi, outre une grosse part du boulot, un important soutien psychologique au capitaine: Il lui permettra de retrouver ses outils égarés, ou ses lunettes... de persévérer malgré les déboires, de se repérer dans tous les morceaux de bois pré-découpés du cockpit, de ne pas les coller à l'envers et de garder le moral envers et contre tout....

L'aide de Xavier a permis d'ouvrir un chantier conséquent de vernis intérieurs. Il y en avait bien besoin et nous avons profité du hangar du chantier pour y traiter à l'abri toutes les pièces détachables (tiroirs, portes...) ce qui était bien pratique.

Gérard s'est mis à refaire, à l'abri aussi, tous les bois du cockpit (sièges et caillebotis.) qui commençaient à casser de partout. Il a pu utiliser avec bonheur les machines outils professionnelles du chantier et il est très fier du résultat.( Note des aides unanimes: il peut bien)

On a aussi changé les batteries, et comme il a fallu en monter des classiques non étanches (on ne trouve pas de batteries DELCO en Nouvelle Zélande...) on a dû leur confectionner un coffre étanche. Encore une planche de contreplaqué sur la scie circulaire du chantier...et allez donc...quand il y a du matériel, il faut savoir en profiter, ce n'est pas demain que cela se représentera.

Toute cette activité nous permet sans trop de désespoir de voir repoussé régulièrement le moment de peindre la coque..." because le vent...because la pluie... because le week end"...

Les protections volages qu'on a du refaire et refaire à cause du vent.Quelquefois le moral baisse quand même: Comme nous voulons faire réaliser cette peinture au pistolet, il nous faut protéger le pont et les œuvres vives des débordements... Optimistes toujours (au moins les deux premières fois), dès qu'un matin calme se présente, on croit que c'est arrivé, que le beau temps c'est pour toujours, et on se précipite pour installer autour de la coque et sur le pont de grandes feuilles de protection en plastique que l'on fixe au papier adhésif (ça prend deux heures).

Mais le bateau, sur son terre plein, n'est pas très abrité et le vent se renforçant vers midi, chaque fois on renonce à peindre .Et on attend... Because of the rain... Because of the wind...or the week end... 

En général nos bâches plastique sont à moitié arrachées dans les deux jours... et Anyvonne s'arrache les cheveux d'énervement, quand au masquage suivant, il faut d'abord décoller le vieil adhésif...

Et ça a duré plus d'un mois comme ça... C'est pas tous les jours dimanche!

 

Enfin, pour certains...

Car les "dames" toutes ces après midi ont pu se gorger de magasins... 

Surtout des "second hand" de vêtements et de bouquins qui font fureur dans ce pays. Les plus intéressants sont ceux qui sont tenus par des associations caritatives ( Croix Rouge, Armée du Salut, associations hospitalières, etc...). Gérés par des volontaires bénévoles, ils reçoivent des dons gratuits de vêtements, de livres, d'objets et meubles en tous genres... et les mettent en vente à un prix défiant toute concurrence. L'originalité est qu'ils n'essaient pas de faire de gros bénéfices: Ils vendent chaque vêtement en moyenne 2 ou 3 euros. Tout le monde est content.

En tous cas, chez nous, les vêtements pour femme et surtout pour enfant commencent à s'amonceler!...

On achètera aussi ainsi un aspirateur- bidon bien utile pendant les travaux, mais on a eu la bêtise de s'y attacher, et maintenant il encombre une cabine.... Comme on ne va pratiquement jamais en marina, son utilisation risque, au mieux, d'être annuelle...

Vivement qu'on reparte sur l'eau.

 

Finalement, la délivrance approche:

Un jour arrive ENFIN où on a vraiment l'espoir de 3 heures consécutives de calme ensoleillé vers midi!!!! On se rue sur les bâches plastique, le chantier sort son pistolet...

Vers 15 heures c'est F.I.N.I. notre bateau rupine tout blanc brillant. Nous pouvons maintenant terminer les belles bandes rouges qui rejoignent les hublots de coque... juste pour faire joli et affiner la silhouette de notre "ferry". Qu'il est beau!!!

Deux couches d'antifouling et le 16 octobre on "jette à ouaille" à  l'eau, après 7 mois de chantier.

C'est peu dire que nous sommes heureux de sentir à nouveau le bateau bouger sous nos pieds

.

Nous pourrons bientôt repartir sur les mers avec :

Un tank à eau qui ne fuit plus (on ne savait d'ailleurs pas qu'il fuyait)

Un tank à gas oil, muni de trois trappes de visite, qu'on pourra donc maintenant nettoyer dans les coins...

Un puits de dérive repeint et son couvercle doté d'un joint tout neuf (qui fuyait aussi... tu m'étonnes que le lest rouillait avec tout ça)

Des hublots refaits qui ne devraient plus fuir

(Vous devez vous dire que Getaway n'était plus un bateau mais une passoire!)

Le plancher du carré est refait, avec des trappes d'accès agrandies à la taille des épaules du capitaine.

Un lest "dérouillé", reconstitué au gravier et recouvert de résine

Des fonds repeints au brai époxy

Des safrans revus et corrigés, avec bagues super étudiées... espérons que ça ne fuira plus non plus par là.

La sortie d'échappement du moteur déplacée, ce qui nous évitera les remontées de gaz malencontreuses dans le cockpit

Une cuisinière neuve.. des tiroirs neufs.. des vernis qui berlusent..

Plus.... Plein de détails qu'on oublie tellement il y en a.....

 

Et Getaway de fredonner:

 

Ah mon dieu qu'c'est embêtant

D'être toujours patraaaaque!

Ah mon dieu qu'c'est embêtant

Je n'suis pas bien portant...

 

Après une dernière semaine de "flottement" surveillé.

Dès la remise à l'eau, nous allons nous installer sur un ponton de la Town Basin Marina pour une semaine de ré-acclimatation, avec tout de même quelques menus bricolages et "dernières" mises au point... Et il nous faudra bien ça, car nos (re)-débuts dans les manœuvres ont été laborieux...

A peine quitté le quai du chantier, nous échouons Getaway sur sa route vers la marina. On savait bien pourtant qu'il y avait un banc de vase... Mais...

Quelques longues minutes de moteur à fond la caisse... En avant... En arrière... A droite toute... Maintenant, à gauche... Ouf, on finit par repartir et on échappe de peu au ridicule d'avoir à demander une remorque: On était quasiment à marée haute!!!

On a aussi un peu perdu les réflexes et le coup d'œil pour viser, évaluer et se glisser entre les "piles" du mouillage. La manière dont on a fini par se présenter par le travers au ponton ne faisait pas très "pro".

 

Getaway a d'ailleurs besoin de re-acclimatation, lui aussi:

Après avoir été mis à l'eau, sa dérive est restée bloquée en position HAUTE! ça ne nous était jamais arrivé auparavant. Vu son poids, dès qu'on lui lâche le "bout", elle aurait plutôt tendance à descendre trop bas que pas assez.

Grrrosse perplexité du capitaine.

On envisage les hypothèses les plus farfelues du genre: la peinture du puits la colle aux parois, le" bout" de relevage est coincé... etc...

On ne trouve RIEN et pendant qu'on réfléchit on la laisse quelques temps la bride sur le cou, palan de relevage démonté.

Alors là, brusquement, mademoiselle se débloque toute seule, à notre insu. Elle se rue position BASSE et maintenant elle y est bloquée!

Mais là, on sait pourquoi. On connaît. On sait même que le remède passe par un échouage léger. Alors on a le temps, ça ne nous empêche pas de naviguer....

En attendant on ne sait toujours pas pourquoi elle était restée bloquée en position haute!!!

 

Ya qu'à l'eau qu'on vit la vie qui vaut...

 

ENFIN! notre première navigation de la saison.

Après cette semaine de marina, nous quittons Whangarei avec plein de "mousses" à bord: Xavier, Maud, son frère et ses parents en vacances dans le pays, sont venus nous rejoindre pour une croisière expérimentale.

Expérimentale pour eux qui n'ont jamais mis les pieds sur un voilier.

Mais expérimentale pour nous aussi car comme Getaway, nous nous sentons tout débutants sur l'eau qui bouge.

Le premier jour, on se contentera de descendre la rivière (15 milles) pour amariner nos petits estomacs et on dormira devant une plage juste à l'embouchure.

Le lendemain, cap au nord vers Tutukaka, pour 20 milles de vraie mer...

Temps superbe. Peu de vent et moteur pour le départ. Quand même le vent se lève, mais dans le nez évidemment! Alors on met à la voile et on louvoie au près serré. Comme la mer reste plate ça procure juste quelques sensations de gîte mais ça reste très agréable: parfait pour une petite croisière pénarde et joyeuse, en famille.

 

Un moment de tension tout de même: lors d'un virement de bord, le génois tarde un peu à passer et se déchire tout le long d'une couture, parallèlement à la bordure. M... et M...de P... de Truc à la C...!!!.( signé: capitaine H.)... Temps mort dans la conversation de nos néophytes: ça donne à notre petite croisière un parfum d'imprévu, donc d'aventure... Va-t-on couler???

Mais boaf, bien qu'inattendu, l'incident nous rappelle que ce génois a fait son temps. Il a dû se vexer de côtoyer une grand voile toute neuve et il nous fait une crise pour qu'on s'occupe de lui... On enroule donc les lambeaux et on met en route au moteur.

La conversation se rétablit à son niveau normal.

 

Vers l'atelier de couture clandestin de Tutukaka

Tutukaka est une petite anse très fermée où on peut trouver un abri de tous les vents. Dommage que ce ne soit pas très profond, ça limite un peu les possibilités de mouillage. 

Pour compenser, au fond de l'anse il y a une marina. Et ma foi, s'y réfugier est bien pratique quand on a un équipage nombreux dont tous les membres expriment des souhaits très divers pour leur futur immédiat.

La marina de Tutukaka est petite et agréable avec le confort habituel. Quelques bistrots et restaurants, dont une pizzeria tenue par un Galois fort sympathique et très fier de ses gâteaux et de son pain. Nous y déjeunerons tous avec plaisir.

 

Après quelques excursions, discussions et soirées bien arrosées, chaleureuses et animées, nos nouveaux amis Roseline, Pierre et Denis repartent avec Maud et Xavier pour continuer leur visite de la Nouvelle Zélande par la route... Bon voyage, et bon retour en Bretagne.

 

Quant à nous, nous replongeons dans nos activités voileuses: en l'occurrence, c'est la réparation du génois. Pour ce faire, on profite de l'autorisation de s'installer dans la salle de réunion du Yacht Club local . Vues la surface du génois ( 54 m2) et la taille de la déchirure (3,50mètres) on a besoin d'espace.

Anyvonne sort sa machine à coudre (presque) neuve et au boulot! Il faut que ce génois nous emmène encore au moins jusque Bay Of Island. Là bas, il y a des voiliers et on pourra peut être envisager l'achat d'une voile neuve.

 

Ah la la!!! Si la garde robe du "second" coûtait aussi cher que celle du Getaway, on en entendrait causer dans le bourg ... Allons pas de mauvais esprit. Et puis, il n'y a pas de "second hand" pour les Génois...

 

Puis nous rentrons à la maison pour y retrouver nos amis:

Après une semaine à Tutukaka, nous terminons notre périple vers Bay of Islands par très beau temps. Peu de vent, les trois quart de la route se font au moteur. Une petite risée de 45 minutes nous permettra juste d'envoyer le génois et de tester sa réparation. C'est tout bon.

On retrouve avec grand plaisir la Baie des Iles, au mouillage d' Urupukapuka.

Nous sommes arrivés ici il y a juste un an et nous y avons passé beaucoup de temps. Maintenant, quand nous y revenons, nous avons un peu l'impression de rentrer à la maison...Avec des habitudes, et des amis (Sue et Ladislas)...

Cette fois encore, nous sommes en pleine période de "transhumance" nautique. Le flot des bateaux "overseas" recommence à se déverser au ponton de quarantaine d'Opua et nous y attendons Altaïr qui doit arriver de Nouvelle Calédonie.

Notre projet est ensuite de descendre, dès que la grenouille météo le voudra bien, le long de la côte Ouest pour aller passer les fêtes dans l'île Sud. Mais c'était sans compter avec les rencontres amicales....

 

Cette année, Opua sera plus "francophone" que l'année dernière, et nous allons tomber dans des pièges .

Comme prévu, Françoise et François, nos copains de toujours depuis cinq ans, arrivent sans encombre sur Altaïr, après une traversée de jeune fille.

Ils l'ont bien méritée, après les ennuis dont ils ont écopés lors du cyclone de l'an dernier à Nouméa .

On est toujours aussi heureux de les revoir et on prévoit de passer une quinzaine de jours en leur compagnie avant qu'ils ne rentrent bosser en France.

Comme leur bateau vient juste d'être remis à l'eau après 9 mois de réparations sur un chantier ... ils ont eu des ennuis en traversant. Evidemment! Cette fois c'est leur moteur fraîchement révisé qui les a lâchés. Un écrou essentiel qui avait été mal resserré... Quoi de plus normal?... Ils voudront résoudre le problème avant de rentrer en France et ça leur laissera peu de temps pour croiser dans la baie des îles avant de reprendre l'avion. La joie!!!

Nous retrouverons aussi à Opua l'équipage de Ouana. Nous avions fait leur connaissance au chantier de Raïatea et avons festoyé ensemble lors de notre passage à Souvarov. Avant de nous quitter pour traverser vers l'Australie, ils nous signalent une petite crique de la Baie des Iles qui regorge de coques et d'huîtres sauvages. On les y rejoint et ça permet à Anyvonne de retrouver les joies de son enfance : la pêche à pied. On va se faire ainsi quelques orgies de fruits de mer.

A peine François et Françoise repartis, nous rencontrons Cathy et Eddy qui arrivent de Patagonie sur F'Murr. Ils sont de Lampaul, juste en face d'Ouessant comme leur bateau ne l'indique pas... En effet, celui ci revendique, comme son capitaine, son origine belge, ainsi que son nom l'indique pour ceux qui connaissent la BD belge et le "Génie des Alpages".

 

C'est un nouveau guet apens qui se prépare ...

Le plaisir que nous prendrons à cette rencontre nous "OBLIGERA" à différer notre navigation vers le Sud!

Grâce à eux on se fera, dans la Baie de Russell, un super réveillon de noël avec deux autres copains de rencontre. Qu'on en juge:

L'idée géniale de "F'Murr" a été qu'après avoir bu un premier coup au yacht club où est fixé le rassemblement à 19h, on prendra un autre apéro sur chacun des quatre bateaux... 

Sans se concerter, tous les bateaux ont préparé des apéros très différents et c'était bien sympa. La mer étant plutôt agitée ce soir là, on vous laisse imaginer l'ambiance dans les annexes après le troisième arrêt apéritif, sur le bateau allemand.

Nous avons pris le dernier sur Quo Vadis, un bateau Italien comme Pierro son capitaine. C'était le plus gros,(le bateau...) donc il avait été désigné pour la grande bouffe... Celle ci a commencé vers 1h30 du matin.....pour se terminer par un Irish coffee à 5h ....GG et Cathy (F'Murr) s'étaient endormis comme des bébés sur les banquettes.

Dur dur la journée du 25 décembre...

Heureusement, toutes les ancres ont tenu bon!!!

 

Tout cela est plutôt de bon augure, pour cette nouvelle année.

Après le réveillon de Noël, F'Murr nous quitte pour la région d'Auckland . Gérard reste l'œil vissé sur les prévisions météo à cinq jours pendant qu'Anyvonne confectionne une excellente confiture de prunes sauvages qui pullulent sur la plage de Russell. Le prunier a été découvert et les confitures testées par Cathy, qui a bien voulu nous donner le tuyau.

Dès le 28 décembre, sur des augures météo favorables, on commence un sérieux rangement du bateau "pouraucasou" on partirait brutalement... Et on partira le 1er janvier au matin, après un réveillon à deux, super calme mais tout de même convenablement doté d'un confit de canard et d'une bouteille de vin Néo Z.

Cinq à sept jours de navigation nous attendent jusqu'à Nelson, dans la Tasman Bay. Mais ceci est une autre histoire... Et on vous la racontera plus tard.

 

 

En attendant, on va tenter de vous montrer un point de vue moins maritime de la Nouvelle Zélande, telle qu'on l'a découverte lors d'une "exploration" terrestre, l'été dernier.

Notre découverte terrestre de la Nouvelle Zélande

 

Le bateau, toujours le bateau...

Depuis six ans que nous sommes partis, les paysages marins ont un peu le monopole de nos souvenirs. Le bateau est un super moyen de transport mais il limite quand même pas mal les visites aux zones côtières et aux îles... La Nouvelle Zélande est évidemment une île mais elle a aussi un peu les caractéristiques d'un continent: C'est à dire que la profondeur du pays y est suffisante pour allumer une curiosité qu'on ne peut pas satisfaire en bateau...

Pour changer un peu des plages et des eaux émeraudes, nous décidons, en cet été néo zélandais, d'abandonner Getaway quelque temps, pour arpenter un peu l'intérieur du pays et voir d'autres horizons. L'idée est de nous organiser un voyage de trois à quatre semaines qui fasse une boucle depuis le sud d'Auckland jusqu'à l'extrémité méridionale de l'île Sud (voir carte).

 

D'abord trouver l'endroit sûr où "abandonner" Getaway.

C'est à Kerikeri que nous décidons de laisser le bateau. Bien abrité de la mer et du vent, au fin fond de la rivière, l'endroit est sûr et pas cher. Colin Reed, un retraité local qui habite une jolie maison au bord de l'eau, s'occupe de la gestion des mouillages privés installés dans le coin. Heureusement que des amis francophones nous ont mis en relation avec lui car on aurait eu du mal à le trouver et une fois en sa présence on a eu beaucoup de difficultés à comprendre le "pur Kiwi" qu'il parle... On réussit tout de même à lui présenter le problème et il nous trouve immédiatement un emplacement libre. Il nous en coûtera 10 dollars NZ (5 Euros) par semaine, avec l'assurance que Colin passera régulièrement surveiller l'état des aussières. Moins cher, tu peux pas...

Notre compréhension mutuelle a tout de même été suffisante pour conclure l'affaire et se voir proposer de stocker notre annexe sur son terrain et entreposer moteur et avirons dans son garage pendant la durée de notre périple. Bref, c'est l'obligeance Kiwi telle que nous la retrouverons un peu partout dans le pays.

 

Ensuite, décider du moyen de transport que nous allons utiliser

Pour notre voyage, après enquête rapide, nous avons décidé d'utiliser "Magic Bus". C'est une organisation de transport très "locale", à mi chemin du voyage organisé et du service de bus normal. Magic Bus emprunte un itinéraire défini qui forme une grande boucle à travers les sites d'intérêt touristique des deux îles et comprend une vingtaine d'étapes d'une journée. Sur l'ensemble de la boucle la desserte est quotidienne. On peut acheter une portion donnée du circuit et prendre un bus à l'une quelconque des étapes. A partir de là, le billet est valable un an pour effectuer le parcours acheté. Sur ce dernier, on peut se faire déposer où on veut, y rester le temps désiré et se faire reprendre quand on est prêt; il suffit de prévenir la veille.

Le long de chaque trajet, le bus s'arrête aux points "touristiquement" intéressants et pendant que ses voyageurs visitent, le chauffeur réserve les hôtels et les attractions pour ceux qui le désirent. Au terme de l'étape, les passagers sont déposés avec leur sac devant les hôtels qu'ils ont choisis . Le lendemain matin le bus reprendra de la même manière les gens qui ont retenu l'étape suivante. Le grand confort...

 

Enfin choisir le type de logement qui nous abritera aux étapes.

Pour se loger, on trouve en Nouvelle Zélande plusieurs réseaux d'hôtellerie "bon marché" destinés aux voyageurs "sacados". On dit "Backpackers" en anglais et c'est aussi le qualificatif utilisé pour désigner le type d'hôtels dont je parle. Un des plus populaires est celui des YHA (prononcer ouaillatché) pour Youth Hostels Association. C'est un réseau correspondant aux Auberges de Jeunesse en France, sauf qu'ici les jeunes le restent jusqu'à 80 ans et que nous avons souvent côtoyé dans ces hôtels des voyageurs bien plus âgés que nous. Des vrais vieux quoi!!!

C'est ce réseau que nous avons choisi d'utiliser. Moyennant l'achat d'une carte de membre qui nous a coûté 10 euros chacun, nous disposerons presque à chaque étape et pour un prix modique (environ 10 à 15 euros par tête et par nuit) d'une chambre double avec sanitaires collectifs .... Je dis presque chaque soir, car deux ou trois fois il n'y avait pas de chambre double disponible et nous avons dû coexister en "dortoir mixte" avec des couples d'Australiens... Enfin on suppose qu'ils étaient Australiens d'après les grommellements informes qu'ils nous ont adressés...

Pas de problème particulier pour nous, sauf quand nos voisins de chambrée nous réveillaient au milieu de la nuit, insupportés par nos ronflements de profonds dormeurs...

Cette expérience nous prouvera, mais en était il besoin? Qu'on n'est plus tout à fait tout jeunes, qu'on préfère le confort intime à deux, et qu'on ronfle.....

 

Et c'est parti...

Après toutes ces décisions et choix difficiles, nous nous retrouvons début janvier en possession de deux billets Magic bus. Ils nous promettent de nous emmener depuis Auckland jusque tout au sud de l'île Sud et de nous ramener à notre point de départ. Nous prévoyons d'y passer quelques 20 à 30 jours.

Pour être à pied d'œuvre, il nous reste maintenant à rejoindre Auckland depuis notre fond de rivière. Le bus qui y mène passe au bourg de Kerikeri vers midi. C'est à sept kilomètres de chez Colin Reed où nous abandonnons un beau matin de janvier vers 9 heures 30 nos réflexes marins en même temps que notre annexe.

Vous prenez la route du "bourg" drôlement tôt " nous direz-vous.

Eh oui: nous avons bien l'espoir d'être pris en stop malgré nos deux Hénaurmes sacs à dos, mais par prudence nous avons prévu la possibilité d'avoir à faire la route à pied. "Trop fort n'a jamais manqué" dit sentencieusement le capitaine, un tantinet anxieux et pessimiste.

En fait, nous sommes très vite pris en stop par un indigène charmant qui nous dépose au cœur de la ville bien avant 10 heures...

Pour tuer le temps en attendant le bus et se nourrir un peu, on s'installe à la terrasse d'un café très "branché rive gauche"...(vous savez de ceux où on se sent tout de suite plus intelligent rien qu'en buvant un café, au milieu de gens qui lisent des livres et des journaux et discutent forcément de choses importantes).

Ce genre d'endroit n'est pas courant dans le pays. Plus fréquents sont les bars qui hésitent entre la buvette à sandwich et le saloon pour pionniers. On ne retrouvera pas souvent de cafés sympas, selon les critères européens, ailleurs que dans les "grandes" villes; celui où nous sommes actuellement est un peu un signe extérieur de richesse de Kerikeri . On se laissera dire plus tard à Russell, que Kérikéri est quand même un peu bourgeois...

Pour l'instant, comme tout le monde, on lit le journal au soleil en mangeant une "Caesar salad". C'est un plat très courant qu'on trouvera dans tous les coins de N.Z. sans bien savoir quelle part César (ni quel César) a pu prendre à son élaboration. Mais celle ci est bonne ,donc rare, donc à noter.

 

Premier contact avec l'hôtellerie "Backpackers"

Nous retrouvons Auckland avec plaisir et grimpons courageusement vers notre premier YHA, tout là haut sur la colline. C'est un hôtel correct si on se contente d'une chambre qui enserre (étroitement) des lits jumeaux, un placard et un petit bureau, et laisse au milieu à peine assez de place pour poser ses chaussures. Petit donc, avec la douche et les WC sur le palier...

En flânant dans les étages on découvre des coins salons, une terrasse BBQ/fumeurs, une buanderie, un salon TV, et une superbe cuisine avec tout le fourniment adéquat pour préparer un petit déjeuner ou même un repas complet, des réfrigérateurs, des casiers pour ranger vos provisions etc...

Un coin bar nous laisse espérer un breakfast "clés en main" avant notre départ demain. Hélas, demain c'est un dimanche... Et le barman a droit ce jour là à des horaires élastiques: il n'y a manifestement aucune perspective ce matin là de se voir servir un "p'tit déj" avant l'arrivée du Magic bus. Par bonheur et grâce à notre prévoyance légendaire, nous avons apporté "graines" ,lait en poudre, toasts, thé et confiture.. On ne mourra pas encore de faim aujourd'hui .

Maintenant, on a compris que chez les backpackers il vaut mieux trimballer son nécessaire à p'tit déj avec soi.

 

Le Magic Bus au jour le jour...

A 8h30, comme prévu, un bus superbement décoré et qui paraît bien confortable vient nous récupérer devant la porte du YHA.. Ce matin à Auckland, nous sommes une dizaine à y monter. Encore un ou deux hôtels pour embarquer d'autres passagers et nous sortons de la ville pour notre première étape.

Nous découvrons nos compagnons de voyage. Ce sont généralement d'assez jeunes gens. La trentaine en moyenne. Il nous arrivera plusieurs fois de voyager avec des gens de notre génération, deux ou trois à la fois, mais ce n'est pas la règle.

Deux bons tiers d'étrangers dont la moitié d'Européens. Beaucoup de filles. Généralement par deux ou en groupe, mais aussi fréquemment seules. Nous avons ainsi côtoyé plusieurs jours une jeune hollandaise, solitaire et sympa, qui apparut comme une aubaine à notre jeune chauffeur. Ca semble être une caractéristique intéressante de ce boulot...

Dès le début de chaque étape le chauffeur expose au micro ce que seront les points forts de la journée et les endroits qu'on visitera . Il collecte ensuite les demandes de réservation de chambres pour ceux qui le souhaitent; à choisir dans une liste d'hôtels qu'il propose, à tous les prix.

Il fait ensuite passer de la doc sur les "attractions et activités" qui seront proposées aux arrêts de l'étape: Quelques musées, des expositions ou curiosités à visiter et beaucoup d'aventures à sensations fortes. Des "pompes à adrénaline", payables en supplément, du genre saut à l'élastique, chute libre, etc...

Il nous communique ses appréciations sur toutes ces possibilités et collecte les demandes d'inscription.

Plus tard lors des arrêts "visite et restauration" de la matinée, pendant que ses passagers sont occupés ailleurs, le chauffeur effectue, téléphone en main, les réservations qu'il a récupérées en route.

 

Géothermie et grottes lumineuses, au programme de nos premières étapes.

Le parcours, au début, nous fait traverser le centre de l'île nord, qui est une zone de très forte activité géothermique et volcanique.

On y trouve quelques témoignages des soubresauts successifs que cette terre volcanique a subis pour sortir du lit de la mer où elle a dormi très longtemps: Des falaises montrent les couches successives de terrain qui se sont formées entre chaque cataclysme: Laves, pierre calcaire, limon, sable. Certaines couches montrent des traces fossiles de coquillages et autres squelettes d'animaux marins, venus à l'air libre il y a quelques millions d'années.

Entre ces cataclysmes, le sol s'est transformé, couvert de forêts, de végétation et a subi le ruissellement de la pluie. Les eaux de rivières souterraines y ont creusé des caves et des grottes magnifiques dont les parois témoignent aussi de ce passé marin.

 

Nous allons visiter celles de Waitomo. L'activité de ruissellement a laissé des traces calcaires monumentales: d'énormes et superbes Stalagmites (montent) et stalactites (tombent) forment comme des orgues de cathédrale. Le lieu est d'ailleurs réputé pour sa qualité acoustique, et des concerts de chant y sont organisés (ne pas oublier sa petite laine, le chauffage n'est pas prévu).

 

Ces grottes sont très célèbres aussi pour leur population importante de "glow-worms". C'est une sorte de vers luisants, ("arachnocampa luminosa") , qu'on trouve paraît il rarement ailleurs et qui sont les larves d'une sorte de mouches. Ils ont des organes luminescents d'un vert doux et sont nichés dans un petit hamac, suspendu à la paroi et équipé de fils collants qui pendent pour attraper des proies: moucherons imprudents et nourrissants. Il y en a tellement par endroits que l'effet d'éclairage est saisissant. Comme un immense planétarium, mais avec encore plus d'étoiles...

 

Nous visitons ces caves à pied mais une petite partie sera parcourue en barque, car une rivière souterraine passe par là. C'est d'ailleurs le point de départ pour une attraction très attendue par certains de nos compagnons de voyage, le "cannyoning spéléo": Affublés de combinaisons de plongée et équipés d'une espèce de chambre à air de camion, ils descendront cette rivière souterraine jusqu'à une résurgence à l'air libre à quelques kilomètres de là. Nous imaginons les sensations: dériver dans l'eau froide, au sein de l'obscurité ABSOLUE...

Nous attendrons sagement leur retour à la terrasse d'un café tout proche.

 

 

 

A Rotorua, aux thermes municipaux, nous barboterons dans l'eau grise d'une dizaine de bassins dont les températures se répartissent entre 30 et 40°C. 

C'est moins majestueux que notre expérience équatorienne à Papallacta car les thermes ici sont citadins, bétonnés et surpeuplés de Japonais, grands amateurs de bains chauds. 

C'est moins "roots" aussi que les bains de Ngawha que nous visiterons dans l'ile Nord.

 

Mais c'est bien agréable quand même.

 

 

A Wai-O-Tapu nous visitons le plus important Parc Géothermique que nous ayons jamais vu. 

Sur quelques dizaines d'hectares, d'innombrables "sources" et résurgences d'eau chaude chargée de minéraux où domine le soufre, répandent à perte de vue des concrétions de toutes les couleurs. Des étangs bouillonnants, des mares de boues, des fumerolles, des cratères de toutes tailles. La promenade parmi ces merveilles est longue de 3 kilomètres. Partout, des couleurs de cinéma colorisé plus fausses que nature. Du rouge carmin au gris sombre en passant par toutes les teintes de jaune et de vert. Hallucinant. Un paysage peint sur le paysage...

 

Il y a aussi des geysers.

Un surtout: le "Lady Knox Geyser", qui éructe son jet brûlant tous les jours à 10 heures 15 précises. 

étonnante cette régularité? "Touristiquement" pratique vraiment!

Et scientifiquement organisée surtout: Le phénomène d'éruption des geysers correspond à l'expulsion d'un bouchon de boue qui se durcit à l'orifice d'une résurgence d'eau chaude. Ce bouchon entraîne sous lui la montée de la pression jusqu'à ce qu'elle soit suffisante pour l'expulser en provoquant un fort jet de vapeur et d'eau chaude. La même chose que les soupapes de sécurité des cocottes minute quoi...

 

Mais ici, la régularité du phénomène, si précieuse pour le tourisme, est artificiellement entretenue: 

A 10 heures un gardien jette dans le trou deux kilos de poudre de savon. Celui ci diminue la viscosité de la surface du bouchon qui s'est formé depuis la veille et permet très vite la libération du jet de vapeur. Les pionniers qui ont découvert au 18ème siècle cette propriété du savon sur les geysers, l'utilisaient pour avoir de l'eau chaude à volonté afin de laver leur linge et réglaient ainsi le débit du "robinet".

 

C'est sûrement ce qu'on appelle "avoir inventé l'eau chaude..."

 

 

L'étape de Wellington: utilitaire, mais aussi culturelle.

Nous découvrirons le YHA de Wellington avec plaisir. Il est agréable et bien situé sur le port, près du Centre ville et du "coin des bistros-restaus". Tout ce qu'on aime, alors tant qu'à être en ville, autant en profiter pleinement.

On restera trois jours ici, le temps de régler le renouvellement de nos passeports, visiter de nouveaux copains "franco-kiwis" et goûter aux nombreux restaus indiens et chinois qui abondent.

On aime bien Wellington. Peut être parce qu'elle a un côté vieille Europe avec des rues non rectilignes, des bâtiments anciens, un plan un peu fouilli. Peut être aussi parce qu'elle revendique la plus forte concentration de bistrots de Nouvelle Zélande. C'est vrai qu'il y en a beaucoup, on se croirait à Paris...

C'est une ville assez petite où la plupart des choses sont à portée de marche à pied. Elle ne dispose que de très peu de place pour se développer, entourée qu'elle est de reliefs impressionnants. Ca lui procure une de ses attractions: Un très joli funiculaire du début du siècle, tout plein de bois verni et amoureusement entretenu.

Située dans une zone de forte activité sismique la terre y bouge assez souvent: la bande de 200 à 300 mètres qui forme le rivage actuel du port, est sortie de l'eau en 1855 lors d'un tremblement de terre.

La sismologie occupe une place importante parmi les nombreux secteurs qui constituent le Te Papa Museum. C'est un musée national très attractif, construit récemment à Wellington. On y trouve tout ce qui intéresse l'histoire, la géographie et la culture de la Nouvelle Zélande. Les thèmes couvrent la formation de ce pays volcanique, sa faune et sa végétation, son processus de peuplement, TOUTES les cultures qui l'habitent (Maorie, Grande bretonne, Asiatique...) et plein d'autres choses culturelles et scientifiques. Partout, comme à la cité des sciences de Paris, des postes informatiques proposent des jeux et de la documentation aux jeunes visiteurs. C'est beau, c'est grand et c'est un succès local. On en profitera goulûment durant 3 demi journées passionnantes.

Tout dans ce musée est attirant et nous nous sommes souvent dit que la France devrait bien prendre exemple pour créer un musée vivant, réellement ouvert aux enfants, et totalement GRATUIT!

 

Dans ce pays, on n'est jamais vraiment loin de la mer:

De Wellington, nous embarquerons à bord d'un gros ferry, qui nous mènera au nord de l'île sud à travers le détroit de Cook.

Cette région maritime a une réputation épouvantable et Wellington est surnommée "The city of Winds". En effet, même quand c'est calme partout ailleurs, dans le détroit de Cook on est souvent au bord de la tempête et il souffle presque toujours des rafales d'enfer à travers les rues de la ville. Les naufrages ont été nombreux dans le détroit. Un des derniers en date fut spectaculaire: le ferry "Wahine" qui assurait en 1968 la desserte de l'île sud. Un jour de coup de vent, moteurs en panne, il a coulé à l'entrée de la baie de Wellington. Les opérations de sauvetage ont été en partie filmées par des amateurs et nous en avons vu le montage au musée maritime: Impressionnant et encore très actuel.

Mais enfin aujourd'hui Neptune ne se prend pas vraiment au sérieux, le vent ne dépasse pas 25 nœuds et notre passage est plaisant. Il nous donne un aperçu sur le Marlborough Sound tout au nord de l'île Sud. C'est un dédale de fjords qui pénètrent dans l'île sur une profondeur de plusieurs dizaines de milles. Le paysage est sauvage, encaissé, rocheux et semble constituer un bassin de croisière attrayant. L'eau nous en vient à la bouche et nous regrettons un peu de ne pas être en train de faire ici une entrée à la voile. Nous formons le vœux d'y revenir avec Getaway, si le temps le permet... 

 

L'île sud: deux univers reliés par un train de montagne.

Cette île est un peu comme l'Amérique du sud, constituée de deux régions dont les communications sont rendues rares et difficiles par une chaîne de hautes montagnes: "The Southern Alps".

A l'Ouest, c'est le" Chili": une bande de terre côtière très étroite sépare les glaciers de la mer. Quelques kilomètres seulement pour aller de l'endroit où on quitte ses skis à celui où on met son maillot de bain.

A l'Est c'est "l'Argentine" où s'étendent plaines et collines qui permettent l'agriculture et l'élevage. La richesse agricole du pays se trouve essentiellement là.

En 1923, pour faciliter l'exploitation minière et forestière de la côte Ouest, un des rares passages Est-Ouest à travers les "Southern Alps" a été équipé d'une ligne de chemin de fer: le "Tranz Alpine". Aujourd'hui, comme l'ensemble du réseau ferré néo zélandais, elle n'est guère plus utilisée que pour le tourisme et un peu de marchandises. (mais n'est ce pas un peu la même chose???)

C'est ce train que nous utiliserons pour atteindre la côte ouest. Après la traversée d'une plaine alluviale, la voie attaque un labyrinthe de gorges et de collines, suit des viaducs qui surplombent de profondes vallées, s'enfonce dans de longs tunnels pour atteindre "Arthur Pass" où est situé le village alpin du même nom.

Déjà connu des Maoris , ce passage a été (re) découvert en 1864, pour les européens, par Arthur Dobson et a permis la ruée vers l'or qui venait d'être découvert sur le versant Ouest des Southern Alps. Cette voie ferrée a été jusqu'assez récemment le seul moyen confortable pour les habitants de la côte Ouest de venir faire un tour à l'Est.

"Arthur Pass" nous permettra de descendre le versant Ouest vers la côte de la mer de Tasmanie.

 

La côte Ouest témoigne des difficultés de l'immigration anglo-saxonne

Notre voyage ferroviaire se déroulera sous un ciel gris et pluvieux...ça occultera pas mal les paysages grandioses et la vue sur les sommets enneigés qu'on nous annonçait.

La chaîne Alpine faisant barrage, les dépressions venant d'Australie se déversent sur les pentes de l'ouest et en font une région très arrosée. Ainsi, nous arriverons à Greymouth sous la pluie et c'est paraît-il bien normal... On essaie donc de faire contre mauvaise fortune, bon cœur... Notre YHA, adossé à une colline, est installé dans le bâtiment qui servait en 1930 de résidence aux frères Maristes. L'intérieur en a gardé le caractère: les boiseries, une cheminée dans un salon douillet , une chapelle convertie en dortoir... Nous y serons accueillis chaleureusement par la directrice: Claire, une française émigrée depuis dix ans et très heureuse de vivre ici.

Notre itinéraire continue vers le sud le long de cette côte dont le rivage, très exposé aux vents d'Ouest est presque complètement dépourvu d'abri. Seules quelques rares rivières peuvent accueillir des bateaux, mais leur embouchure est toujours encombrée d'une barre de bancs de sable qui en rend l'accès très scabreux et dangereux. Pourtant, la région n'a été longtemps vraiment accessible que par la mer et quelques sentiers de haute montagne. Ainsi, le port de Greymouth a longtemps assuré la desserte de l'activité minière de la zone. Il est aujourd'hui doté d'un musée qui retrace le passé minier de la ville et montre une collection de photos rappelant les très nombreux naufrages et noyades qui ont eu lieu sur la barre, à l'entrée de la rivière ...

Les temps furent durs ici au 19ème siècle!

On y venait essentiellement pour trouver du charbon et pendant une période un peu d'or et de jade. Il en reste une ambiance d'établissement pionnier dans de petites cités "has been", qui sont aujourd'hui très endormies.

Actuellement, la région est connue pour son travail du jade et en présente de belles collections dans un musée.

 

Aujourd'hui, le touriste montagnard a remplacé le mineur.

Le mouvement et l'activité qu'on rencontre maintenant dans cette région sont surtout touristiques. La mémoire des pionniers et les sports de montagne en sont les principaux mobiles.

C'est par ici qu'on accède aux glaciers de l'île sud. Deux sont particulièrement importants au nord ouest du mont Cook (3750m): Franz Josef et Fox glaciers. Leur particularité, à cette latitude, est d'être situés tout près de la côte.

Au pied de son glacier, la "station" de Franz Josef ressemble à n'importe quelle petite station de montagne des Alpes européennes. Lors de notre passage, la pluie persistante nous a tenu éloignés des glaciers et gardés au coin du feu...( Les courageux qui feront la marche reviendront déçus et trempés). Nous avons donc pu tester pour vous l'ambiance cosy du YHA local, la cheminée (à gaz, d'accord, mais cheminée quand même!!!), le tea time accompagnant une partie de cartes, et un tour au sauna avant la douche du soir.

Poursuivant vers le sud, le bus déroulera son spectacle de pics neigeux, de cascades, de vallées profondes, de ponts suspendus et de rivières pures et claires pour nous amener à Makarora. Là, nous découvrirons ce qu'est le plus souvent une station de montagne en Nouvelle Zélande.

Imaginez un petit motel très rustique, serré autour d'une "station-service-bar-épicerie- souvenirs", au pied de la montagne au milieu de rien,. C'est Bagdad café. Autant Frantz Josef, avec ses hôtels, faisait station de vacances, autant le motel local fait refuge très "roots": Quelques bungalows grossiers disséminés dans la verdure offrent le confort de l'espace, mais les douches et cuisines communes sont succinctes, rustiques et balayées de courants d'air. Le gardien du lieu, un grand maori sportif, nous accueillera très cordialement et nous préparera un BBQ que nous arroserons de vin rouge ... il faut bien tester le vin local, depuis le temps qu'on nous en parle... Il est d'ailleurs très bon; on confirme.

Il paraît que l'hiver on fait du ski ici, mais aucune installation n'est visible sur les pentes. Il semblerait qu'il y ait quelques tire-fesses que l'on ne voit pas de la route et pour le reste on monte à pied... Ou alors en hélicoptère. C'est aussi très bien porté, par ici...

Avant de quitter cette ambiance de montagne, nous passerons encore par Wainaka et Queenstown. Ce sont deux stations importantes qui ont en commun d'être situées au bord de très beaux lacs d'altitude et de nous donner l'impression, en les parcourant, de marcher dans les rues de Chamonix.

L'été c'est vraiment la Mecque des "aventures de l'extrême" qui sont la marque de la Nouvelle Zélande. Ici, tout le monde Bungy Jumpe, Sky Dive, Cannyone, rafte. C'est hyper sportif, chic et pas trop notre truc...

 

Au Sud Ouest, tout au bout de la cote Ouest, c'est le Fjordland.

Cette région qui forme l'extrémité sud ouest du pays, est constituée de fjords profonds et très encaissés, sur le modèle norvégien. Cette situation géographique rappelle celle des canaux de Patagonie qui prolongent la côte au sud du Chili.

L'accès en est très difficile de toutes les façons: Aucun accès routier n'y pénètre pour permettre l'approche automobile. Par la mer, en partant de la baie de Tasman (au Nord Ouest)qui est l'abri le plus proche et en traversant des zones à la météorologie plutôt musclée, ce sont plus de 700 milles nautiques qu'il faut parcourir. L'accès maritime est donc réservé aux audacieux, dont nous ne sommes pas. Toutes les conditions sont ainsi réunies pour préserver la région d'un excès de visiteurs...

Il y a une seule exception qui est d'ailleurs très exploitée: Le Milford Sound. C'est le fjord qui constitue la limite nord de Fjordland. Une route y mène depuis Queenstown via Te Anau. Longeant des lacs et traversant des plateaux montagneux superbes, cette route justifie en elle même l'excursion . Elle descend jusqu'au bord du fjord le long de falaises impressionnantes d'où jaillissent partout de puissantes chutes d'eau.

Il paraît que plus il pleut, plus c'est beau. Comme il pleut ici plus de 300 jours par an...

Et qu'aujourd'hui il pleut, il pleut, mais qu'est ce qu'il pleut.... Alors que c'est beau, que c'est beau , mais que c'est beau!!!!...

En plus de la pluie qui fait de si belles cascades, nous "bénéficions" aujourd'hui au fond du fjord de 40 nœuds de vent. Quand on embarque dans la grosse vedette touristique qui doit nous emmener faire un tour jusqu'à l'embouchure, certains passagers sont un peu pâlots. C'est bien vrai que le vent s'exprime avec vigueur et on sent les 40 nœuds: les crêtes d'écume déferlantes courent en furie à la surface de l'eau qui clapote furieusement..

Le vent est tel que certaines des cascades qui dévalent des parois, remontent vers le ciel comme des geysers plutôt que de descendre vers la mer comme toutes les honnêtes cascades...

Notre parcours doit nous emmener jusqu'à l'entrée du fjord, dans la mer de Tasmanie. A l'intérieur, malgré le clapot serré, la mer reste plate mais on se demande comment ça va être dehors... On est bien contents d'avoir laissé le Getaway à l'abri!!! Arrivés à l'extérieur, c'est la grosse surprise: le vent y est raisonnable et la mer plutôt tranquille... Les 40 nœuds que l'on subit à l'intérieur ne sont que le résultat de l'effet d'entonnoir (Les scientifiques savants diront l'effet Venturi...) que fait subir au vent ce couloir en zigzag de 22 kms.

Bien évidemment, situé au bout d'une belle route bien entretenue, le parking du Milford Sound est encombré de bus et l'affluence y est garantie, mais on peut aussi venir ici par une voie réservée aux sportifs courageux (comme nos amis Philippe et Sylvie, de Vancouver): le "Milford Track"

Elle est chantée par certains guides comme un des plus beaux parcours de randonnée pédestre du monde!!!! C'est un trajet de trois jours, jalonné de deux refuges-hôtels et très organisé. Sur cet itinéraire balisé, le nombre de marcheurs quotidien est limité, le camping interdit, le logement en refuge obligatoire.

Il faut donc réserver son passage et comme c'est très fréquenté, une anticipation d'au moins six mois est le plus souvent nécessaire pour avoir une chance d'obtenir son "track permit" pour les dates souhaitées. La seule chose qui ne soit pas programmée sur ce parcours c'est le beau temps. Il est rare mais il paraît que c'est possible... En plein été (en décembre), nos amis de Vancouver nous ont dit avoir essentiellement rencontré de la pluie et de la neige...

 

De l'autre coté d'Invercargill qui marque l'extrémité sud de l'île, se trouve les Catlins.

A peine plus accessibles que le Fjordland, les Catlins forment l'extrémité Sud Est du pays. C'est une région très peu peuplée, éloignée des parcours touristiques et qu'on traverse le plus souvent sans rencontrer beaucoup d'autres visiteurs. Une mauvaise route, souvent juste empierrée, permet le trafic automobile.

Cette région nous avait été fortement conseillée par nos amis Yves et Brigitte de Wellington et pour la traverser nous avons du délaisser un temps notre Magic Bus. Nous avons organisé nous même cette étape qui nous fait emprunter deux navettes: le "Spitfire shuttle" (navette fougueuse???) qui est bien un mini-bus mais n'a rien de fougueux et le "Catlins coaster" dont le conducteur, natif de l'endroit, sera un commentateur enthousiaste et intéressant, même si parfois difficile à comprendre.

Nous avons planifié cette balade sur deux jours et nous nous faisons une joie de passer une nuit au fin fond du bout du monde, là où ne passe pratiquement aucun bus, au Hilltop de Papatowai. C'est un hôtel backpackers réputé, offrant du haut de sa colline, comme son nom l'indique, une vue magnifique et le coucher de soleil qui va avec.

En plus nous l'avons jouée à long terme car, en même temps que nous organisions cette promenade, nous avons aussi réservé pour les cinq nuits suivantes les hôtels qui nous accueilleront jusqu'à notre retour à Wellington et même le ferry pour passer le Cook Strait.

En cours de route notre conversation avec le chauffeur du Catlins coaster nous apprend que le bus dans lequel nous sommes et que nous comptons emprunter le lendemain, ne roule pas le dimanche... Et demain, nous serons DIMANCHE, évidemment!!! Et toute notre super organisation se voit compromise tout à coup: Si nous devons rester deux nuits dans notre petit paradis isolé de Papatowai, toutes nos réservations tombent à l'eau. Il va donc nous falloir poursuivre notre route dès aujourd'hui jusqu'à Dunedin .

Notre chauffeur mesure notre désarroi et prend les choses en main. Sur son téléphone portable il réussit à nous trouver une chambre à Dunedin pour le soir même. Ce sera un dortoir, mais enfin on pourra dormir... Sans ronfler???...

En passant nous annulons, le désespoir au cœur, le coucher de soleil hyper romantico que nous avions réservé au Hilltop et nous continuons vers la "grande ville".

Ce n'est peut être pas tous les jours dimanche, mais aujourd'hui on trouve que ça l'est bien assez souvent comme ça!

 

Les Catlins, ce sont surtout des animaux...

C'est une région effectivement captivante. Le long d'une belle côte sableuse, formée de longue plages de sable fin, alternent forêts et pâturages à vaches et à moutons. Tout ce qui bouge dans le paysage est animal. Quasiment aucun humain ne croise notre route.

Les Catlins ont été longtemps un lieu de chasse: Chasse au *moa par les Maoris, il y a bien longtemps. Ensuite chasse à la baleine. Puis vers 1860 "chasse" aux arbres pour alimenter les moulins à papier de Dunedin.

* le MOA était un oiseau, une sorte de grosse autruche, muni de grosses pattes à trois doigts, qui mesurait 4m de haut et ne pouvait pas voler , chassé par les Maoris il y a longtemps, pour ses plumes et sa chair, il est aujourd'hui disparu(cf. le Grand Larousse Usuel)

Maintenant, la région est essentiellement pastorale: on n'avait jamais vu autant de moutons de toute notre longue vie. On est quand même venus pour ça: La N.Z. sans moutons ce serait comme l'Argentine sans gauchos ou l'Australie sans kangourous, ce n'est pas pensable.

Mais il n'y a pas que des moutons ici, il y a aussi des pingouins à yeux jaunes. On peut en voir à "Roaring Bay", pas loin du phare de "Nugget Point", quand ils reviennent de mer en fin d'après midi, pour nourrir leurs petits, restés nichés sur le rivage. Pour être honnêtes, étant donnée la distance d'observation, on n'a pas bien vu leurs yeux jaunes. Mais sur notre photo au téléobjectif, le petit point noir là bas au ras de l'eau: C'est bien un pingouin...

Et il y a aussi des phoques...On les voit paresser de place en place, en colonies importantes sur les rochers qui jalonnent la côte. (nous ne sommes pas loin du 47° Sud. Comme la Patagonie. A ce propos, on peut dire qu'on a atteint ce jour là à "Waipapa point",  le lieu  le plus Sud de notre vie.)

 

Un témoignage exceptionnel du passé lointain

Une des baies que nous longeons s'appelle Curio Bay. A marée basse, on peut voir sur cette plage une des plus grandes forêts fossilisées du monde. Agés de 160 millions d'années, les souches et les troncs pétrifiés, sont allongés bien visibles dans le rocher. Ils sont la preuve de l'appartenance de la NZ à l'ancien super-continent appelé Gondwana. Ce vaste continent a été constitué un jour de ce qui est devenu depuis: l'Afrique, Madagascar, l'Inde, l'Australie, le Sri Lanka, l'Antarctique, la Nouvelle Zélande et l'Amérique du Sud... Les plantes fossiles qui sont présentes ici sont les mêmes que l'on trouve en Amérique du Sud. Le Gondwana s'est fracturé il y a 240 millions d'années.( cf. Grand Larousse Usuel)

 

Sur le reste de notre parcours, restent les "grandes" villes de l'île sud.

Dunedin (111 000 habitants)

Fondée par des colons écossais presbytériens, elle a eu son heure de gloire économique durant la deuxième moitié du XIX ème siècle. En attestent quelques beaux spécimens d'architecture Victorienne, entourés maintenant de villas en bois plus récentes.
Deux "monuments historiques" nous ont particulièrement frappés:

Le premier est un ancien établissement financier très cossu, doté d'une façade du même style que celle de notre Palais Bourbon, grandiose avec colonnades et portes immenses. Il est aujourd'hui entièrement occupé par une boite à strip-tease... Gérard n'a pas eu le droit d'aller voir si le ramage intérieur ressemblait au plumage extérieur; pourtant ça doit valoir le coup d'œil...

Le second est la gare de chemin de fer qui date de 1903... Elle est plus ou moins désaffectée car aujourd'hui il n'y a plus vraiment de trafic passagers; juste une ligne touristique plus ou moins régulière. Là on a été voir à l'intérieur et bien nous en a pris: le hall est une splendeur revêtue de superbes faïences Art Nouveau.

L'étage abritait une exposition de photographies sublimes de paysages de Nouvelle Zélande. On a pu se remplir ainsi les yeux, le cœur et la tête de plaisir culturel.

 

Mais la culture, la culture, il n'y a pas que ça dans la vie... il y a aussi la bière... en particulier la Speight: "la fierté du Sud" que l'on fabrique ici.

La brasserie est un beau bâtiment du centre ville, que l'on peut visiter. On peut aussi y manger au milieu des cuves, dans une grande salle voûtée dont les briques apparentes, les bois vernis et les cuivres briqués constituent un décor superbe. On y a bien mangé et la bière est mousseuse au sortir des cuves.

Christchurch

Encore plus "anglaise" que Wellington, avec places, cathédrale monumentale, bistrots, terrasses, vieilles rues... Ses fondateurs en 1850 avaient l'ambition d'en faire une ville modèle, tenue par la haute bourgeoisie lainière, "british" jusqu'au bout des ongles et non pas encore un autre arrière poste colonial populeux, sale et négligé, comme les autres villes du Nord.

Elle a gardé un reste d'architecture gothique et de villas en bois, mais l'ensemble de la ville s'est quelque peu éloigné du style de ses fondateurs, avec l'arrivée de nouveaux immigrants et de nouvelles industries.

La variété culinaire y a gagné et nous avons pu goûter ici une délicieuse cuisine Coréenne.

 

Pour terminer: deux curiosités locales.

Au nord de Dunedin, nous nous arrêtons le matin à Moeraki le long d'une grande plage. Une petite marche nous mène devant un phénomène étonnant et quasi unique: De grosses boules de roche dispersées sur le sable... De un à deux mètres de diamètre et parfaitement sphériques. Les scientifiques affirment qu'elles n'ont pas été produites par le mouvement de la mer qui les aurait façonnées par érosion, comme les galets.

 

Elles seraient plutôt sorties de terre au cours du recul de la falaise sableuse toute proche, sous laquelle elles étaient restées enterrées après avoir été produites par un phénomène volcanique. On pense qu'il doit y en avoir encore beaucoup d'autres dissimulées sous la falaise. Un seul autre site dans le monde montrerait ce genre de phénomène (en Amérique du sud, je crois). Exceptionnel donc...

 

Si Dieu ne joue pas aux dés, peut être joue-t-il aux boules? Il a bien le droit de se détendre aussi après ses rudes journées de surveillance du monde....

 

Quelque part dans l'île Nord, notre Magic Bus nous a arrêtés dans une réserve d'oiseaux, où nous avons pu voir notre premier et unique KIWI.

Comme c'est un oiseau nocturne devenu assez rare, on ne peut en voir aisément des spécimens que dans des réserves aménagées, équipées de salles d'observation reproduisant les conditions nocturnes: 

Des œufs d'environ 500 grammes y sont incubés...et les animaux produits sont relâchés périodiquement dans la nature.C'est un oiseau sans queue, au plumage brunâtre et au long bec légèrement courbé. Il a perdu ses ailes (il y a bien longtemps) car n'ayant pas de prédateurs il n'avait pas besoin de voler et elles se sont atrophiées .Il dort 20h /24 et se nourrit le reste du temps.

La femelle pond un ou deux gros œufs (Cela peut représenter 20% de son propre poids) puis laisse le mâle couver. C'est ELLE qui garde l'accès au terrier... Elle est plus grosse et plus féroce que le mâle...

Tant qu'on est dans le kiwi:

Le nom, d'origine maori, de l'oiseau est devenu le sobriquet des Néo Zélandais.

C'est aussi le nom qu'ils ont donné à une "groseille de Chine", fruit de l'actinidia, recouvert d'un duvet brun-vert et très riche en vitamines.

 

C'est fini, nous sommes revenus...

De retour à Auckland, notre voyage en Magic Bus est terminé. Après une dernière nuit au YHA nous reprenons le matin, le Bus intercity pour remonter vers Kerikeri où nous retrouverons Getaway en parfait état.

Nos aventures nautiques vont pouvoir reprendre...